Chapitre 2 - Thomas

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》》》Indestructible - Not Your Dope《《《

I've had it, that feelingLike I can't go onLike I can't keep breathing

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I've had it, that feeling
Like I can't go on
Like I can't keep breathing

Yeah, I've heard their doubts
Think I won't amount, to anything
But I prove 'em wrong, yeah
Let 'em hear my thunder roar
This what they've been waiting for

*

Mes yeux glissent sur les mots, les phrases, les paragraphes formés par cette encre cursive qui jauge ces pages jaunies par le temps. Je rentre dans l'histoire, deviens ce personnage étranger à lui-même et au monde qui l'entoure, m'immisce entre les non-dits du roman pour comprendre sa psychologie. J'analyse tout en m'évadant, une approche littéraire qui m'est propre et qui m'a toujours permis de dévoiler l'implicite derrière les syntagmes des auteurs.

J'ai déjà lu L'Étranger d'Albert Camus au lycée, plus précisément en Première pour le bac de Français. En filière L, nous sommes passés par tous les grands chef d'œuvres de la Littérature française et il n'y a aucun doute que ce roman-là en fait partie. A travers ce Meursault qui incarne à lui-même le symbole de l'Absurde, son indifférence face à la société me transperce. Il subit, n'est qu'une marionnette de sa vie, qu'une conséquence. Jusqu'au moment où il s'éveille et devient acteur.

Je me vois à travers lui, bien que j'avoue avoir eu du mal à le cerner durant l'incipit. Je ne comprends pas ceux qui encaissent les aléas de la vie sans broncher. Ils se laissent transporter par le courant ; c'est sûr que c'est bien plus simple que de nager à contre-courant. Mais c'est si ennuyant, si fade, si lâche. La vie n'a de sens que si on la défie. Il faut s'écarter du chemin, construire sa propre réalité, hors des regards, hors des normes. Survivre, ce n'est pas vivre. Et je sais de quoi je parle, moi qui ne cesse d'endurer un destin que je n'ai pas choisi, inscrit à l'encre de Chine sur mon épiderme.

Ce que j'aime bien aussi dans ce livre, c'est le clin d'œil à la guerre d'Algérie. Moi qui me passionne à la fois pour la littérature et l'Histoire, ce genre de combo est mon péché mignon. C'est d'ailleurs pour cela que je me suis inscrit dans une double licence en Lettres et Histoire, au grand malheur de ma chère mère qui voulait que je suive ses pas dans le Droit. Elle devrait s'estimer heureuse que je sois resté à Marseille pour mes études afin d'être proche d'elle. Et dire qu'elle a osé péter un câble parce que j'ai accepté un stage à Strasbourg de trois petits mois pour me spécialiser dans la Littérature historique. J'ai dix-neuf ans, pas dix. Je peux me débrouiller tout seul.

En parlant de stage, je suis censé commencer aujourd'hui. Je suis arrivé il y a à peine trois jours dans cette grande ville en Alsace, mais j'ai tout de même eu le temps de déballer mes cartons. Pour seulement trois mois, ma mère m'a trouvé un appartement à deux pièces près du centre qui est assez grand pour que je ne me sente pas à l'étroit. Je n'ai pas pris toutes mes affaires – seulement celles d'hiver puisque je repars en fin février – et je ne me suis pas non plus encombré de babioles. Malgré tout, mon appart est déjà sens dessus-dessous. J'ai toujours été de nature bordélique, que voulez-vous.

Au-delà des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant