Chapitre 9 - Thomas

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》》》Happy When I'm Sad - Jonas Brothers《《《

I put on a smile, don't need a face-liftWhy can I when everybody fakes it?Well, they think I'm happyLike they know exactly how I feelYou ain't real, but they still fake

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I put on a smile, don't need a face-lift
Why can I when everybody fakes it?
Well, they think I'm happy
Like they know exactly how I feel
You ain't real, but they still fake

They think I'm happy
They think I'm happy when I'm sad

*

La brise de ce début de soirée soulève mes mèches ébènes et me fait frisonner. Le menton ancré dans le creux de ma paume, je fixe l'horizon d'un air absent. Un visage entouré d'une chevelure rousse hante mon esprit depuis une heure et je n'arrive pas à m'en débarrasser. 

— Ça y est, je les ai trouvés ! retentit la voix de Gabin derrière moi et je me retourne pour le voir arriver avec plusieurs bouteilles d'alcool dans les bras, ses mèches bleues ayant virées au violet sous la rougeoyante lumière de la rue. 

De la bibliothèque, nous nous sommes rendus à l'immeuble de l'asiatique qui a son appartement au tout dernier étage. Quelques mois auparavant, il a repéré une trappe qui mène au toit et c'est apparemment devenu un sorte de QG pour la bande. Ils m'ont donc invité à venir passer la soirée avec eux, un peu comme un rite d'initiation pour mon entrée dans leur groupe. 

Gabin vient s'asseoir entre moi et Roxanne tout en déposant les bouteilles qui tintent presque gaiement comme pour annoncer le commencement d'une bonne soirée. Il se charge ensuite de les distribuer et m'en tend une que je refuse d'un signe de tête habituel. 

— Tu ne bois pas ?

Je secoue la tête de nouveau avec moins de conviction et il hausse les épaules avant de sortir un paquet de cigarette.

— Comme tu veux. Et ça ?

— Non plus, dis-je avec une moue désolée. 

— Eh ben, on a l'ange Gabriel avec nous, les gars, fait Eliott à ma droite avec un ton moqueur, sans pour autant être dans le jugement. Mais c'est bien, tu vivras plus longtemps que nous !

Cette phrase me fait l'effet d'un uppercut et je ne trouve rien à dire. Sans remarquer mon désarroi, Gabin s'allume une cigarette et Roxanne et Eliott trinquent avant de goûter à leur bière. Un filet d'amertume s'écoule en moi, tel de la lave brûlant tout sur son passage. Mon regard dévie alors vers la droite pour me détacher de cette scène qui me rappelle que je suis condamné à être délaissé involontairement. Je serre les dents, frustré. J'ai quitté Marseille pour échapper à ce genre de situation quotidienne mais j'ai occulté le fait que j'allais inéluctablement revivre la même chose ici. Ce n'est pas parce qu'il n'y a plus cette étiquette sur mon front – parce que j'ai décidé de l'enlever – que ça fait disparaître ce qu'il y a derrière. Mon démon à moi gît à l'intérieur, invisible mais terriblement présent. Il est comme une ombre sauf qu'au lieu que ce soit elle qui se plie à ma volonté, c'est l'inverse. J'en suis prisonnier.

Au-delà des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant