Chapitre 1 - Ambre

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》》》Kill Somebody - Yungblud《《《

Today you made me feel irrelevantTwisted my intelligenceMade it seem there's no brain in my headI'm like a skeleton, can't shut my eyes

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Today you made me feel irrelevant
Twisted my intelligence
Made it seem there's no brain in my head
I'm like a skeleton, can't shut my eyes

Right now I feel like I'm an alien
I'm so fucking dangerous
Cover up the evidence with medicine
I can't find the life

*

J'écris un mot, puis deux. Je m'arrête et fixe le papier terni. Mon stylo rature le dernier mot, l'encre s'incurve pour en créer un autre. Je me concentre sur le bruit de l'écriture – seul son dans le silence de ma petite chambre d'étudiante – afin que mes élucubrations s'ordonnent et prennent un sens dans ma tête. Je finis par mordiller le bout de mon stylo avant de barrer un mot et de plisser le front.

Ça ne va pas.

Fébrile, je lâche le bic et arrache la page pour la rouler en boule dans mes mains. Avec rage, je la projette au loin et elle rebondit sur le mur, finissant son violent voyage au sol, épave de ma désolation.

J'ai encore tenté d'inscrire mes pensées sur du papier afin de m'alléger de ce poids constant sur mes épaules mais cet échec n'a fait qu'exacerber leur éréthisme. Ça bourdonne dans ma tête, comme si un parasite essayait d'en sortir, frappant contre les barreaux que j'ai érigés autour de mon âme. Ce parasite, ce sont mes souvenirs. Ils coulent dans mes veines et me brûlent, tel du poison. Ils s'insinuent jusqu'aux tréfonds de mon cœur pour s'infiltrer à travers mes défenses si fragiles.

C'est épuisant de se battre contre eux, jour et nuit. Surtout entourée de silence. Certains contre-attaquent en parlant, pour s'occuper l'esprit. Malheureusement, moi, je ne peux pas.

Je referme mon carnet à la couverture sombre et sors de mon lit pour le fourrer dans mon Eastpak au tissu clair décoré de plumes. Un coup d'œil à mon téléphone suffit à me rappeler que mon premier cours de la journée ne va pas tarder à débuter. Ce n'est pas plus mal. Puisque je ne peux pas parler pour faire taire les cris de mon passé, les autres peuvent le faire à ma place. Et quoi de mieux que d'écouter les profs déblatérer sur les romans de la Littérature française ?

Je range mon portable dans la poche arrière de mon jean gris foncé, j'enfile mes Dr Martens noires et mon manteau à la capuche fourrée, et quitte ma chambre, la lanière de mon sac pendant à mon épaule. Je n'ai même pas pris la peine de réarranger mes cheveux, je ne préfère pas croiser mon reflet dans le miroir au risque de déprimer encore plus.

Dès que je mets un pied hors de la résidence universitaire, le froid de l'hiver m'assaillit, faisant illusoirement brûler mes joues sous l'effet du contraste avec la chaleur de ma peau. Un vent soulève furtivement mes mèches rebelles, teintées de leur habituelle couleur rousse, et mes yeux orageux se lèvent pour fixer le ciel coloré du même pigment. L'atmosphère accapare une odeur particulière, celle qui annonce l'arrivée prochaine de la pluie.

Au-delà des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant