Chapitre 36 - Ambre (2/2)

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>>> PARTIE 2 <<<

— Ambre...

La voix d'Alex peine à arriver à mes oreilles alors que je sens sa main me secouer doucement l'épaule. En grognant, j'ouvre un œil et baille.

— Quoi ? je marmonne, tirée de mon sommeil.

Mon ami n'a pas besoin de me répondre. Des bruits de pas et de discussion me parviennent de l'autre bout du couloir et je me redresse comme un ressort, entièrement réveillée. Toute la bande fixe les deux nouveaux venus que j'identifie assez rapidement : le médecin de tout à l'heure et probablement la mère de Thomas. Elle lui ressemble énormément : même cheveux épais et ébènes, yeux sombres, visage fin, nez aquilin. Néanmoins, elle diffère par son air sérieux et tiré par la fatigue. C'est comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules. Elle est d'ailleurs habillée d'un tailleur bleu marine qui ajoute à son côté femme d'affaire et je ne serai pas surprise d'apprendre qu'elle travaille dans le domaine de la Justice ou dans la politique. Pas étonnant qu'elle soit si sévère à propos du traitement de son fils.

Au fur et à mesure qu'ils se rapprochent de nous, leur conversation se fait plus distincte mais tout ce que raconte la femme-médecin, c'est la même chose que ce qu'elle m'a dit : Thomas a été mis dans un coma artificiel le temps qu'elle arrive pour prendre une décision. Néanmoins, une partie diffère :

— Êtes-vous au courant que votre fils est venu me consulter ? demande le médecin.

— Pas le moins du monde, répond la mère de Thomas, perchée sur ses talons aiguilles et ses cheveux – qui devaient être parfaitement peignés avant en un chignon serré – légèrement en pétard à cause de son voyage. Il m'a simplement demandé le numéro de son médecin personnel de Marseille.

— Oui, c'est mon collègue. Il m'a appelée pour me parler de son cas et m'a demandé de l'ausculter d'urgence. Ce qui vient d'arriver à votre fils était prévu.

— Prévu ? Vous voulez dire que...

Le médecin acquiesce gravement et je ne peux pas en entendre plus car cette dernière ouvre la porte battant de l'autre côté du couloir et les deux femmes disparaissent à l'intérieur. Elles n'ont même pas prêté attention à notre présence, comme si un groupe de jeunes adultes attendant au milieu d'un couloir et les dévisageant avec de grands yeux était normal.

— C'était elle ? souffle Roxanne.

— Sûrement, répond Eliott. Il est quatre heures du matin passé, si elle a pris un transport rapide, c'est largement suffisant pour traverser la France.

Leurs voix m'atteignent à peine, mon regard rivé sur la porte battante, comme si j'espérais idiotement que le médecin revienne et m'invite à les suivre pour tout m'expliquer. Cette conversation... elle n'avait aucun sens. Comment ça, ce qui est arrivé à Thomas était prévu ?! C'était prévu qu'il se mette à cracher du sang et à perdre ses forces pour finir par s'évanouir avant d'être amené d'urgence à l'hôpital ? Ça, c'était prévu ?!

Thomas le sait ? Savait-il que ça allait arriver ? S'il est allé voir cette femme, elle a dû lui dire quelque chose sur son cas. Qu'a-t-il appris ? Pourquoi ne m'en a-t-il pas parlé ? Pourquoi avoir encore fait semblant que tout allait bien après tout ce que nous avions traversé ?

Une peur terrifiante m'envahit et je me mets à trembler. J'ai un mauvais pressentiment. Tout ça... ce n'est vraiment pas normal. Il est arrivé ou va arriver quelque chose de grave à Thomas, qui concerne à coup sûr sa maladie. L'histoire de son père me revient en mémoire et accentue ma frayeur. Va-t-il mourir ?

Au-delà des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant