>>> PARTIE 2 <<<
Une violente culpabilité m'empoigne le cœur. Je vis. Mon cœur bat. Et je me sens terriblement mal pour ça.
Je devrais être morte.
Voilà pourquoi je suis devenue un zombie. Parce que c'est tout ce que je mérite, car c'est l'état dans lequel je devrais être. Tous ces sentiments, c'est dangereux et interdit. C'est en éprouvant des sensations que je m'expose aux risques d'avoir encore plus mal car cela me déconcentre. Je dois être seule si je veux me protéger du passé.
Enfin, c'est ce que je croyais. Car dans les bras de Thomas, la peur et la souffrance ont été les dernières choses que j'ai ressenties. Tout ça n'était plus qu'un lointain souvenir, inexistant.
Jusqu'à ce qu'il s'écarte et que le vide se fasse à nouveau en moi. A chaque seconde qui s'écoule sans lui, le trou noir m'absorbe un peu plus à nouveau et je retrouve mon état apathique d'avant. Au fur et à mesure que je prends conscience de tout ça, mes barrières se forgent à nouveau et la cage se referme sur moi, fermée à double tour. Mes sentiments s'évaporent un à un pour ne laisser qu'un néant sombre et froid, si familier. La chaleur qui s'était propagée dans mon corps disparaît, les battements de mon cœur redeviennent inaudibles, les picotements dans ma poitrine ne sont plus que des chimères oubliées.
Je redeviens cette coquille vide, dénuée de sens. Pour me protéger. Car ce qu'il vient de se passer ne devrait plus jamais se reproduire. J'ai à nouveau baissé ma garde, j'ai laissé Thomas s'infiltrer à travers mes défenses. Je ne compte pas arrêter ce duo mais je compte au moins rétablir une distance entre nous. Je suis là pour le travail, pas pour ce genre de futilité. Comment ai-je me perdre à ce point ?
Je ne devrais pas être en vie alors je refuse de ressentir quoique ce soit qui puisse me faire sentir vivante.
Deux minutes plus tard, Thomas ressort de la chambre. Lui-aussi a l'air tourmenté, mais pas autant que moi. Il semble plus perturbé par ce qu'il vient de se passer que effrayé. Je n'ai pas l'impression qu'il le regrette, simplement qu'il tente de comprendre.
N'étant pas encore tout à fait prête pour lui faire face, je profite d'un court instant où il porte son regard vers moi en traversant le salon pour pointer la porte derrière lui.
— Oh euh, oui vas-y, fait-il. La salle-de-bain est juste à gauche.
Je m'empresse alors de m'y rendre en faisant attention à ne pas le frôler en le croisant. J'ouvre la porte menant à sa chambre et m'engouffre à l'intérieur en refermant derrière moi. Je cherche l'interrupteur et allume la lampe au plafond pour éclairer la pièce. Je découvre alors sa chambre.
Plutôt petite mais de quoi contenir un lit à une place, un bureau, une penderie incrustée dans le mur et une petite bibliothèque, la chambre est pas mal en bordel aussi. Une trentaine de livres ont été déposés à la va-vite sur la bibliothèque à moitié vide, le bureau croule sous des feuilles et des livres de la fac, le lit est défait et le sol est quelque peu parsemé de vêtements en tout genre. La déco est autant banale que dans le salon : il n'y a qu'un poster des Beatles au-dessus du lit et un cadre photo sur le bord de la table de chevet. Je refoule ma curiosité d'aller y jeter un œil et me dirige vers la porte à gauche.
La salle-de-bain n'est pas mieux rangée, envahie de plusieurs produits pour homme. Je me positionne devant la glace et regarde vite fait mon reflet. Je n'aime pas me dévisager et voir le fantôme que je suis devenue. Ma peau est pâle, faisant ressortir mes tâches de rousseur. Mes cheveux sont dépeignés, ramenés rapidement en un chignon désordonné. Le roux de ma chevelure semble lui-aussi éteint. En trois mois, j'ai aussi perdu quelques kilos en perdant l'appétit. Je mange juste de quoi m'entretenir.
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Au-delà des mots
רומנטיקהEn une fraction de seconde, elle avait tout perdu. Sa voix. Sa raison de vivre. Alors qu'Ambre était promise à un extraordinaire avenir, il a fallu d'un seul mauvais choix pour que son rêve, sa famille et même sa vie soient détruits. La jeune adole...