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Thalia était stressée. C'est souvent dans cet état que l'on se trouve avant d'intégrer un nouvel établissement scolaire. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle changeait d'école en pleine année scolaire.

C'était toujours le même schéma qui se produisait. Elle ne se faisait pas d'ami, parce que ça ne l'intéressait pas, parce qu'elle n'essayait pas de s'intégrer.

Elle n'en parlait jamais à son père les premières semaines, mais il connaissait sa fille sur le bout des doigts et savait quand quelque chose n'allait pas. Alors elle lui racontait ses malheurs et il s'énervait. Pas sur elle, ça ne lui arrivait que très rarement. Il traitait sa fille comme la chose la plus fragile et importante du monde, il n'osait jamais hausser le ton sur elle. Au contact de sa fille, sa nature colérique s'évaporait.

Alors il la changeait d'école, sans un mot de plus. Parce qu'il savait qu'elle n'était pas heureuse. Il connaissait très bien les jeunes de son âge, ceux qui avaient l'habitude de malmener les plus fragiles. Il les connaissait parce qu'il faisait partit de ce genre de personne à cet âge. Maintenant, il s'en voulait. Il n'avait jamais réellement pris en considération la tristesse que cela pouvait impliquer. Pour les élèves, et pour les parents.

Alors, lorsqu'il voyait ce scénario se produire, encore et encore à l'égard de sa fille, il perdait vite patience et la déplaçait dans un nouvel établissement. S'il écoutait sa voix intérieure, il tomberait sur les élèves qui font vivre un enfer à sa fille, sur chacun d'entre eux. Mais ce n'est pas ce qu'elle veut. Il voyait son enfant se renfermer sur elle-même chaque fois un peu plus, et il était impuissant.

Thalia était coincée dans un cercle vicieux. Elle était renfermée sur elle-même et envoyait bouler toutes les personnes bien intentionnées qui voulaient l'aider à s'intégrer.

Lorsqu'on adopte ce genre de comportement de défense, on ne donne plus envie à personne de s'approcher. Alors on devient cette fille hautaine et bizarre, sujette à de nombreuses moqueries.

Elle demandait simplement qu'on la laisse tranquille, elle ne voulait pas qu'on lui donne de l'attention, mais malheureusement, c'était trop demander à des jeunes de cet âge.

Elle ne voyait pas le temps passer, et déjà, elle se retrouvait à prendre son petit-déjeuner un matin de novembre. Son père face à elle, faisant tourner les clefs de sa Mercedes dans sa main gauche.

- T'as bientôt fini ma chérie ? Faudrait qu'on parte dans dix minutes max pour que tu sois pas en retard.

"Ma chérie". Elle trouvait ce surnom niais au possible, mais quand il sortait de la bouche de son père, c'était une toute autre histoire. Il était comme intemporel, du plus loin qu'elle se souvienne, il l'avait toujours appelé de cette manière. Elle avait 16 ans maintenant et il n'était pas décidé à s'arrêter, pour son plus grand bonheur. Comme chaque fois, elle lui souriait.

- Papa, j'ai pas envie d'y aller, je veux venir voir Antoine avec toi.
- C'est ton premier jour, tu vas pas sécher ton premier jour de cours quand même ?
- Pourquoi pas ? De toute façon, on sait déjà comment ça va finir.
- S'il te plaît, commence pas, fais un effort pour moi. Et si cette fois ça marche pas, on réfléchira à une autre solution.

Thalia fut contrainte de hocher la tête.
Elle termina son petit-déjeuner le plus rapidement possible, sous le regard doux de son père. Puis elle se brossa les dents rapidement et enfila ses vieilles baskets. Ils quittèrent l'appartement parisien dans la minute.

Plus ils se rapprochaient du nouveau lycée, plus le ventre de Thalia se tordait dans tous les sens. Elle ne voulait pas faire face encore une fois à des milliers d'élèves.

Thalia voulait arrêter les études, à quoi bon continuer, elle ne se voyait nul part après le lycée.

Elle aimait les cours, elle était passionnée d'histoire et de littérature. Elle avait toujours été une excellente élève, c'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle trouvait toujours un nouvel établissement prêt à l'accueillir. Elle était une bonne élève, discrète en temps normal, tout le contraire de son père qui ne comprenait toujours pas comment il avait fait pour élever et éduquer une petite fille si intelligente.

- On est arrivé, Thalia.

Cette phrase vint s'abattre sur le moral de la jeune fille. Elle regarda son père, paniquée, qui se mordait déjà la lèvre en signe d'inquiétude.

- Je veux pas y aller. Tout le monde regarde déjà la voiture, à la minute où je vais sortir ils vont tous me dévisager, j'ai pas envie.

Elle était au bord des larmes, et il le sentait, encore une fois, il se sentait impuissant, et ce sentiment commençait à l'énerver.

- Tu veux que je t'accompagne ?
- Quoi ? Non, c'est encore pire.

Sa respiration devenait de plus en plus irrégulière, elle s'accélérait. Mathieu posa ses mains sur les épaules de sa fille et la tourna face à lui.

- Regarde-moi dans les yeux Thalia. Respire avec moi, doucement.. Ça va bien se passer, je te promets. Et si ça va pas, ou si tu te sens pas bien, tu m'appelles ou tu m'envoies un message, je viens te chercher le plus vite possible, je te jure.

Essayant de se calmer et de reprendre le contrôle sur son corps, Thalia hocha la tête en guise de réponse. Son père vint écraser ses lèvres sur le haut de son front et l'a pris dans ses bras durant de longue minute, jusqu'à ce qu'elle se détache de lui et lui offre un léger sourire. Elle était prête, il le voyait.

- Je t'aime ma chérie, à ce soir.
- Je t'aime aussi.

Elle prit une grande inspiration et sortit de la voiture, elle attrapa son sac à dos et le jeta sur son épaule, avant de sourire à son père et de claquer la porte de la voiture.
Il la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle entre dans l'enceinte de l'établissement et se perde dans la foule d'adolescents.
Mathieu espéra au plus profond de lui que cette fois soit la bonne, puis il quitta le lycée, ses pensées toujours tournées vers sa fille.

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Ouhou bonjouuur!!
Je vous présente ma nouvelle histoire, j'espère qu'elle vous plaira autant (voir plus) que la précédente.
Personnellement je l'aime beaucoup

tout recommencerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant