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Une semaine était passée depuis mon arrivée dans ce lycée.

Je n'étais pas venu en cours jeudi et vendredi, j'avais simulé une grosse migraine et mon père m'avait laissé à la maison. Il se doutait sûrement que c'était de la comédie, mais il n'avait rien dit, comme d'habitude.

Le lundi suivant, j'avais séché une nouvelle fois, mais c'était pour la bonne cause. Mon père enregistrait un son et il m'avait lui-même proposer de l'accompagner au studio.

Oui, vous ne rêvez pas, à 40 ans le grand PLK n'a toujours pas raccroché le rap. Évidemment, il n'est plus autant présent dans la musique qu'avant, mais il sort des sons de temps et temps, et risque sûrement de bientôt sortir son dernier projet. Il se fait vieux, maintenant, il travaille de plus en plus dans l'ombre et aide les nouveaux artistes à se lancer en les faisant signer dans sa maison de disque.

C'est un peu déconcertant d'écouter ses musiques parfois, il y a un fossé énorme entre ses paroles qui frôlent parfois la misogynie, et le genre de père super attentionné et compréhensif qu'il est avec moi. Je suis un peu une privilégiée quand on y pense, je suis la seule le connaître sous cette facette.

Si ma mère était là, elle dirait sûrement qu'un studio de rap n'est pas un endroit pour une fille, enfin, je suppose que c'est ce qu'elle dirait, c'est sûrement ce que je dirai aussi si je n'avais pas littéralement grandi dans ces studios. Et dire que mes premiers pas ont été fait dans une cabine d'enregistrement, on aurait dû se douter à ce moment qu'il y avait quelque chose qui avait foiré chez moi.

Enfin bon, revenons-en au fait. Aujourd'hui, mardi donc, il a été décidé que j'irai au lycée à pied.
Je commence à 9h30 et mon père doit passer la journée au studio, il voulait me déposer, mais ça l'aurait mis en retard alors j'ai insisté pour y aller à pied.

Il a pris soin de veiller à ce que je sois debout avant de quitter l'appartement, me répétant une centaine de fois que si quoi que ce soit arrivait, je n'avais qu'à l'appeler et il arrêterait tout ce qu'il fait immédiatement, précisant bien que son téléphone serait en sonnerie toute la journée.

J'étais de bonne humeur ce matin, chose assez rare. J'avais beaucoup de temps pour me préparer alors je me suis surprise à prendre soin de moi et de mes cheveux. Une fois bien propre et bien bouclée, je les ai laissé détaché.
J'ai ensuite délaissé les joggings de mon père pour un jean et une chemise un peu large et je me suis arrêtée là.

J'ai fourré mes affaires de sport dans mon sac puis j'ai pris une photo de moi que j'ai rapidement envoyé à mon père. C'est un peu mon fan numéro 1, complètement même.
Il n'a pas tardé à me répondre que j'étais la plus jolie fille du monde, il fait vraiment tout pour gonfler mon ego et ça marche.

C'est donc de très bonne humeur que j'ai quitté l'appartement, un large sourire aux lèvres.
Généralement, lorsque je commence une journée de cette manière, elle se finit mal, et je ne savais pas encore à cet instant que cette journée ne serait pas une exception.

Je suis arrivée au lycée entre deux heures de cours et je n'avais pas vraiment envie de rejoindre la salle d'étude, mon dernier passage ne m'a pas laissé de bon souvenir.

Alors je me suis assise dehors sur une table, l'air était frais, mais c'était agréable. J'ai sorti mon carnet et mes écouteurs et j'ai commencé un nouveau portrait. C'est ce que j'adore le plus, dessiner des gens que j'ai croisé, que je vois au lycée, des amis de mon père, des célébrités, des gens qui m'intriguent. Peu importe, des visages qui restent bloqué dans ma tête, et qui ne partent que lorsque je les fais vivre sur un papier.

J'étais très concentré lorsque une masse s'est assise sur la table. J'ai sursauté, ne m'attendant pas une telle entrée. C'était Charlie, un garçon de ma classe. Le point positif était que son visage m'était familier, le négatif, c'est qu'il m'a fait peur et que je ne sais pas ce qu'il me veut.
Il me fait signe d'enlever mes écouteurs et je m'exécute sans broncher.

tout recommencerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant