04.

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Lorsque je suis entré dans la salle d'étude et que mon regard s'est posé comme la veille sur cette magnifique chevelure, je n'ai pas réfléchis une seconde et j'ai foncé jusqu'à elle, d'un pas déterminé.

Malheureusement, la détermination s'est vite envolée lorsque je me suis retrouvé face à elle. Je crois qu'on peut dire qu'elle m'a intimidé.

J'ai jugé bon de lui demander si je pouvais m'asseoir, mais elle ne m'a jamais répondu puisque cet abruti de Thomas ne lui a pas laissé le temps et qu'il s'est installé, suivi de près par Violette.

J'ai fini par m'asseoir à mon tour, j'ai sorti un livre dont je ne connais même pas le nom et je me suis mis à le lire. Je pense n'avoir pas lu plus de cinq pages. La vérité, c'est que je n'étais pas concentré sur les mots écrit. Mon cerveau ne voulait rien entendre, à part la voix de la fille en face de moi.

Je l'ai scruté durant de longues secondes, puis je me suis rendu compte que ça ne se faisait pas de regarder quelqu'un de la sorte. J'aurai juste aimé quelle lève les yeux vers moi, pour que je vois enfin la couleur de ses yeux.

Rapidement, mon regard s'est posé sur la feuille face à elle. Elle était en train de dessiner un visage, seulement avec son imagination puisque l'homme qu'elle dessinait n'était pas dans la pièce.

Ses coups de crayon étaient tellement parfaits, la voir si bien dessiner et entendre le bruit du crayon contre la feuille représentait clairement une douceur indescriptible.

J'aurai pu passer la journée assis face à elle, sans un bruit de plus que ceux provoqués par la confection de son dessin.

À premier vu, elle avait l'air intouchable, comme enveloppée dans du papier bulle. Elle était dans une sphère, une bulle impénétrable. Elle avait cette aura intimidante qui se dégageait d'elle, ou peut-être que j'étais le seul à penser tout ça.

Malheureusement, ce moment que j'appréciais de plus en plus à prit fin beaucoup plus vite que prévu, il faut remercier Thomas pour ça.
Il m'a interpellé et m'a fait sortir de ma contemplation.

Je crois que le bruit a dérangé boucle d'or puisqu'elle s'est levée rapidement, jetant par la même occasion le sac de Thomas qui écrasait ses affaires depuis notre arrivée. Puis elle a rangé ses affaires avec une rapidité époustouflante, la tête baissée, sans un mot ni même un regard, alors que Thomas et moi lui avions adressé la parole.

Bizarrement, il n'y avait plus rien qui flottait autour d'elle. Plus rien d'intimidant, plus aucune bulle qui la coupait de la réalité. C'est comme-si justement, elle était brutalement revenue à la dure réalité, qu'elle ne voulait pas être ici et qu'elle était intimidé, voir même terrorisé par des présences qu'elle ne connaissait pas. Elle est parti très vite après ça, me laissant perplexe, un pincement au cœur face à la scène qui venait de se passer sous mes yeux.

J'aurais aimé la rattraper et lui demander si c'était notre présence qui l'avait dérangeait, mais je ne fis rien, la réponse était évidente.

Le reste de la matiné passa très lentement. Après avoir récolté un 7 sur 20 en français, il était enfin l'heure de rentrer chez moi.

Comme à mon habitude, je fis le peu de chemin que j'avais à faire avec Violette.

- Tu comptes me dire ce que tu as ?
- C'est-à-dire ?
- T'es dans tes pensées, tu ne dis pas un mot, je te connais Achille, y a quelque chose qui occupe tes pensées, ou peut-être quelqu'un.

Elle passe devant moi pour m'arrêter et fait danser ses sourcils, un sourire narquois scotché sur son visage.
C'est vrai, Violette me connaît bien, à vrai dire, c'est ma meilleure amie depuis toujours. Enfin, plutôt depuis ce jour de deuxième année de maternelle, lorsqu'un garçon lui a volé son goûté et qu'elle s'est mise à pleurer dans la cours de récréation, j'aimais bien jouer mon super-héros à cette époque, c'est toujours le cas d'ailleurs, alors j'ai récupéré son goûté et j'ai réprimandé l'autre enfant.

Elle m'a remercié, puis on est devenu meilleur ami. C'est fou comme la vie est simple lorsqu'on est enfant. Par je ne sais quel miracle, Violette et moi, on s'est toujours retrouvé dans la même classe, on était inséparable, je crois même que nos parents en avait marre à une époque.
Le temps est passé, mais notre relation ne s'est pas dégradé, on est toujours aussi proche, mais ça dérange Thomas, son copain depuis plusieurs fois, alors on essaye de faire un peu attention lorsqu'il est là, pour éviter qu'il ne soit jaloux.

Pour ma part, je trouve ça vraiment bête, mais surtout déplacé. Quand il a connu Violette, elle était proche de moi, il l'a aimé comme elle était, puis maintenant qu'ils sont ensemble, il est jaloux ? Il n'y a rien qui a changé pourtant. Je l'ai toujours vu comme ma meilleure amie, ma sœur. Il n'y a jamais rien eu d'ambiguë entre nous, et ce Thomas m'énerve. Mais Violette ne veut pas de conflit entre lui et moi alors je ne dis rien et je continue d'être gentil avec lui, même s'il est toujours dans mes pattes. Je l'avoue, parfois, je lui dis des choses méchantes sur un ton ironique, mais je le pense vraiment. Est ce que je suis un hypocrite ? Oui, mais seulement avec Thomas.

- Tu vois, t'es encore dans tes pensées.
- J'avoue oui, désolé, je ne m'en rends pas compte.

Elle marmonne quelque chose d'incompréhensible, sûrement un reproche sur le fait que je ne l'écoute pas parler.

- Du coup, tu penses à quoi ?
- Rien de spécial. je mens
- Tu penses à qui alors ?
- C'est un interrogatoire ?
- Exactement monsieur.

Elle me sourit en hochant la tête l'air sûre d'elle et elle me fait sourire à mon tour.

- Bon continue à faire ton mystérieux t'as raison je te fais la gueule.
- Quel dommage, moi qui comptais inviter ma meilleure amie à manger les fabuleuses pizzas du mercredi midi, faites avec amour par mon père. Je vais devoir inviter quelqu'un d'autre... Mhh pourquoi pas Ilona, la belle brune que tu adores et qui ne passe absolument pas ses journées à te critiquer.
- Je laisse ma place qu'à une seule personne, et c'est la blonde que tu dévorais du regard ce matin.

Je m'étouffe avec ma propre salive, ne m'attendant pas à ce qu'elle ait remarqué. Elle sourit fière d'elle et ouvre la porte de mon immeuble, je lui emboîte le pas dans les escaliers en essayant de me calmer.

- Je la dévorais pas du regard, tais toi un peu.
- Oh, mais quel menteur, t'aurai adoré être son crayon HB pour qu'elle te tienne en main de la même manière.

Je m'étouffe une seconde fois, mais de rire. Pendant qu'elle ouvre la porte de mon appartement

- T'es une malade.
- Je dis juste la vérité, elle t'a tapé dans l'œil mais tu fais l'innocent avec moi là.

Évidemment, chez moi les oreilles traînent toujours, mon père ne se fait pas tarder pour débarquer, et tout en saluant Violette, il prend la parole.

- Qui est ce qui t'a tapé dans l'œil ?
- Absolument personne, c'est Violette qui se fait des films...
- C'est une jolie blonde avec des cheveux plus longs que moi.
- Comment elle s'appelle ? Il me questionne.
- Bah j'en sais rien, je l'ai vu deux fois dans ma vie et elle ne m'a pas adressé la parole. Elle ne m'a même pas regardé d'ailleurs.
- T'as vraiment pas hérité des gènes de dragueur de ton père mon pauvre garçon..
- Bon papa ça devient un peu gênant là.

Il rigole et retourne dans sa cuisine, Violette et moi commençons à mettre la table puis Iris ma petite sœur, et ma mère arrivent et nous pouvons enfin passé à table.

Pour certaines familles, le repas typique, c'est le poulet pomme de terre du dimanche midi. Chez nous, ce sont les pizzas maisons du mercredi midi. Toujours avec Violette à la table, qui est comme je l'ai déjà dit une sœur pour moi, même aux yeux de mes parents elle fait partie de la famille, et c'est quelque chose qui me rend plus qu'heureux.

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