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- Achille je te jure que si tu vas pas lui parler, c'est moi qui vais le faire.

- C'est pas tes histoires, laisse moi gérer, c'est ma copine pas la tienne.

- Le truc, tu vois, c'est que c'est même pas ta copine.

Je souffle bruyamment et lui lance un regard noir avant de me concentrer sur mon exercice d'espagnol.

- Je sais déjà comment ça va se passer, elle va faire comme si tout allait bien et que y avait pas de problème alors qu'elle sera en train de me regarder en silence avec ses yeux rougis. Comme si j'étais un abruti et que je n'avais pas compris le problème.

- Si tu sais quel est le problème, mais que tu fais rien pour qu'elle aille mieux, évidemment que t'es un abruti.

J'arrête brutalement mon crayon dans sa lancé et la mine vient s'écraser contre la feuille de papier.

- Je suis un abruti alors, ça te va ?

- Au moins tu t'en rends compte, c'est déjà bien.

- C'est bon, t'as fini ?

- Non, je n'ai pas fini, t'es insupportable à être là dans ton coin et faire le mec distant.

- Tu cherches à ce qu'on s'embrouille ?

- Non je cherche à ce que tu lèves tes fesses de cette chaise et que t'aille régler le problème qu'il y a entre Thalia et toi.

- Je peux pas régler le problème Violette.

- C'est sûr que rester là à faire des exercices qu'on a déjà corrigés ça va pas t'aider.

- C'est toi le problème.

Le ton que j'emploie est beaucoup plus dur que ce que j'imaginais et je vois Violette se pincer les lèvres face à moi. Je souffle et passe mes mains dans mes cheveux en fixant le plafond.

- Elle t'a dit quelque chose par rapport à moi ?

- Mercredi, elle était dans mes bras puis elle m'a lâché d'un coup en me disant que je sentais ton parfum, puis elle était ailleurs toute la soirée. Et je vois bien que ça l'enchante pas que tu dormes chez moi. Mais elle m'a rien dit explicitement. Elle est pas venue me voir en me disant "écoute Achille, je n'apprécie pas que tu sois si proche de Violette". Puis de toute manière même si elle me disait ça, je saurai pas quoi dire ou faire.

Violette se laisse tomber dans le canapé-lit et fixe le plafond à son tour.

- Pourquoi tu m'en as pas parlé ?

- Parce que t'es ma meilleure amie depuis toujours et que t'as autre chose à penser en ce moment, je suis la pour toi, c'est normal et si Thalia a un problème avec ça je vais rien changer.

- Dit pas de connerie Achille.

- J'ai plus envie de parler de ça, puis peut-être que je me fais des films de toute manière et que je sur-interprète. Je verrais ça demain au lycée.

Je frotte mon visage et me reconcentre sur mes devoirs, laissant Violette dans ses pensées.

Une heure plus tard, ma mère nous appelle pour manger et nous passons à table dans le calme le plus total.

Le sujet de discussion tourne autour d'Iris qui prend un malin plaisir à être le centre de l'attention, pour le plaisir de tout le monde.

Je décroche quelques sourires, jusqu'à ce que mon père intègre Violette à la discussion en lui parlant de son anniversaire. Il a sûrement dû sentir que l'ambiance de ce côté de la table était au point mort.

- Alors Violette, comment tu te sens à deux jours de tes 18 ans ?

- Je suis pressée, je vais voir des amis que j'ai pas vu depuis longtemps. Puis mon frère sera là aussi.

Mon père sourit et elle force un sourire à son tour.
Le silence retombe durant quelques secondes, mais Violette reprend la parole.

- Je voulais vous remercier de m'avoir hébergé quelques jours, ça compte beaucoup ce que vous faites pour moi et je vous en serai éternellement reconnaissante. Je vais sûrement rentrer demain, je vais pas rester indéfiniment ici.

Ma mère lui offre un sourire attendrie pendant que je fais les gros yeux, d'où sort cette décision ?

- C'est normal Violette, tu sais que cette porte te sera toujours ouverte.

- Oui, je le sais, merci sincèrement.

- Ça va mieux avec tes parents ? demande mon père

Violette se contente de hausser les épaules en souriant doucement, l'air de dire qu'elle fera avec.

Je ne décroche pas un mot de plus et termine mon repas avant de quitter la table et de rejoindre ma chambre. Je me jette sur mon lit et récupère mon téléphone qui traîne ici depuis trop longtemps. Je le déverrouille et tombe sur une notification qui m'indique que Thalia a posté de nouvelles photos. Je ne me fais pas prier et jette directement un œil à son compte instagram qui vient d'être mis à jour. J'aime tout, du paysage pluvieux jusqu'aux façades de bâtiment parisien, en passant par une jolie photo d'elle qui s'immisce entre les deux. J'hésite quelques instants, le téléphone au-dessus de mon visage et me décide finalement à commenter deux de ces photos.

"Envie de passer la soirée à écouter la pluie tomber avec toi :/"

"T'es incroyablement jolie."


Évidemment, son visage a récolté beaucoup plus d'attention que ses autres photos postées au même moment, mais j'essaie de faire abstraction à cela.

Je suis encore en train d'admirer son compte instagram avec un sourire aux lèvres lorsque Violette fait son apparition dans la pièce. Je perds mon sourire et fait tomber mon téléphone sur mon torse tandis que Violette s'assoit au bord du lit.

- Tu rentres chez toi à cause de ce que je t'ai dit ?

- Non, je rentre chez moi parce qu'il faut que je rentre un jour où l'autre, je vais pas rester ici indéfiniment.

- T'aurais pu me prévenir avant.

- Ça aurait servit à quoi au juste ?

Je hausse les épaules, ça n'aurait servi à rien. J'aurai juste aimé être mis au courant avant mes parents.

- Je vais m'ennuyer sans toi.

- Vois le bon côté des choses, tu vas pouvoir réinviter Thalia ici.

Elle me fait un clin d'œil qui veut dire beaucoup et je souris bêtement.

tout recommencerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant