tout recommencer

20.

- Tu vas faire la gueule encore longtemps ? C'est chiant on passe du temps ensemble et t'as même pas l'air heureuse.

Charlie me fait sortir de mes pensées. Je mord ma lèvre supérieur et triture mes doigts, ne sachant pas trop quoi lui répondre.

Nous arrivons devant chez moi dans un silence de mort, j'ouvre la porte de l'immeuble et Charlie m'emboite le pas, je l'arrête immédiatement.

- Tu devrais attendre en bas, je vais pas être longue.
- Pourquoi ? Tu veux pas que tes darons me voient ?
- Mon père va poser dix milles questions et il va pas vouloir te lâcher. Je reviens dans cinq minutes je te promet.

Il hoche la tête et je l'embrasse rapidement avant de sauter les marches 3 par 3. J'arrive assez vite chez moi et mon père est assis sur le canapé.

- Ça va ma chérie, t'as passé une bonne journée ?

Je force un sourire et répond par l'affirmatif, ne voulant pas l'inquiéter.
Je rejoins ma chambre aussi vite et récupère mes affaires avant de quitter la pièce, sous le regard de mon père.

- Pourquoi t'as pas fait monter Achille ?
- Hum il est pas venu avec moi il a dû récupérer un truc chez un ami qui habite la rue à côté.

Je détourne le regard, un peu honteuse de mentir pour la énième fois de la journée. J'ai dis à mon père que je dormais chez Achille parce qu'il n'aurait pas accepté que j'aille chez un garçon qu'il ne connaît pas, ce que je peux tout à fait comprendre. Que celui qui n'a jamais mentis à ses parents me jette la première pierre.

- Bon j'y vais papa.
- Tu rentres pas trop tard demain comme ça on peut passer du temps ensemble.
- Oui promis !
- Et pas de bêtise, je l'aime bien Achille mais qu'il reste loin de toi.

Je hoche la tête, gênée et il me fait signe d'approcher. Mon père me prend dans ses bras et embrasse mon front avant de me laisser partir en me souhaitant de passer du bon temps.

Je quitte l'appartement rapidement et retrouve Charlie assis à même le sol, les yeux rivé sur son téléphone.
Il se relève sans un mot et je lui emboîte le pas, ne sachant pas comment se rendre chez lui.

Le stress commence à envahir tout mon corps, je regrette déjà cette soirée alors qu'elle n'a pas encore débuté. J'ai un mauvais pressentiment, quand j'ai dormis chez Achille j'ai passé une nuit horrible alors j'ai beau réfléchir, je ne comprend pas pourquoi est ce que je m'aventure a quitter ma chambre pour une nuit de plus. Puis Charlie, ce n'est pas Achille, les deux garçons n'ont rien à voir l'un avec l'autre lorsqu'il s'agit de faire face à mon comportement. Charlie n'est pas aussi compréhensif et c'est pour cette raison que je redoute un peu ma soirée avec lui.

J'ai une boule au ventre depuis qu'on a quitté le lycée, et à cette sensation vient s'ajouter un mal être vis-à-vis d'Achille. Je l'aime beaucoup, mais je n'apprécie pas qu'il s'en prenne à moi ou à Charlie, ma relation ne le regarde pas. Mais je savais pertinemment qu'il allait réagir de la sorte alors je ne lui en veux pas, je suis juste un peu triste.

On arrive assez vite chez Charlie et je regrette de plus en plus ma venue.
Il me fait entrer dans son appartement et plus particulièrement directement dans sa chambre.

Il se jette sur le lit et enlève ses chaussures avec ses pieds. Il lance son sac à l'autre bout de la chambre et attrape directement son téléphone qui traînait dans sa poche.
Assez vite je me sens mal à l'aise et je n'ose pas vraiment bouger, je reste figée à l'entrée de sa chambre mais ça n'a pas l'air de l'inquiéter plus que ça.

Mon téléphone vibre dans ma poche, m'indiquant que je viens de recevoir une notification, ce qui lui fait lever la tête dans ma direction et froncer les sourcils.

- C'est qui ?

J'attrape rapidement l'appareil pour voir le nom d'Achille s'afficher, je ne prend pas la peine de lire ce qu'il peut avoir à me dire, n'ayant pas réellement la tête à tenir une discussion de la sorte.

- Achille.
- Il veut quoi ?
- Je sais pas, s'excuser sûrement.

Je vois Charlie sourire de toutes ses dents et cette situation m'énerve.

- Pourquoi il s'excuse ? Il s'est passé quelque chose ?
- Oui, il apprécie pas qu'on sorte ensemble.
- Tient donc, ça m'étonne fortement ça. Il rit

Je ne relève pas son comportement enfantin et souffle.

- Bon on parle plus d'Achille, c'est juste toi et moi ce soir. Viens là.

Il m'ouvre ses bras et m'invite à déposer mes affaires sur le sol pour pouvoir venir me nicher contre son cou.
Il embrasse mon front et se met à jouer avec mes cheveux dans un silence apaisant.

- Ma mère nous a laissé de l'argent pour manger ce soir, tu veux qu'on commande quoi ?

- Ils sont pas là tes parents ?

- Non ils sont partit voir mes grands parents sur Lille, c'est que nous deux ce soir. Tu veux manger quoi du coup ?

- Oh d'accord, bah peu importe, tu préfère manger quoi toi ?

- Je préfère te manger toi, mais on peut très bien combiner avec un autre repas.

Il me fait un clin d'œil et je lui répond par un sourire crispé. Je ne m'attendait pas vraiment à une réponse de ce genre, ou peut-être que je m'y attendais en réalité, et que mon mauvais pressentiment faisait référence à cela.

Après ça, la soirée fut étrange à mon sens. Il y avait quelque chose qui flottait au dessus de nous, quelque chose de gênant, de dérangeant. Je voulais fuir et rentrer chez moi mais je n'avais rien fait et j'étais restée près de Charlie.

Il avait commandé de la nourriture asiatique finalement, des sushis pour lui et des nems pour moi. En général, j'aime beaucoup les nems, mais ceux-là avaient un goût dérangeant, ou peut-être que c'est cette situation qui me dérangeait.

Une fois le repas terminé, Charlie avait prit soins de déplier une partie du canapé pour qu'il se transforme en lit. Selon lui, c'était pour être plus a l'aise, je savais très bien que c'était surtout la meilleure excuse qu'il avait trouvé pour se rapprocher de moi et nous faire passer en position allongée par la même occasion, mais je n'avais rien dis.

Charlie cherchait mon contact par tous les moyens, sa main sur ma cuisse, sa tête sur mon épaule, ses baisers sur mon bras.

Son toucher me crispait, mais il ne me dérangeait pas pour autant. D'un côté, c'était agréable, mais de l'autre, j'avais cette boule au ventre qui ne voulait pas me quitter.

- Il t'intéresse le film ?

Il me demande, les yeux dans les yeux et je me contente de hocher la tête négativement, tout en soutenant son regard. Je ne sais même pas de quoi parle ce film, je n'ai rien écouté, bien trop occupée à me perdre dans mes pensées.

- Tant mieux, il m'intéresse pas non plus.

Il n'en faut pas plus pour que Charlie se mette à m'embrasser, d'une façon différente de d'habitude, comme si il était animé de quelque chose de nouveau, sûrement l'excitation. Et c'est un tout autre homme qui s'offre à moi, bien moins doux.

Sans que j'ai le temps de réagir, son corps se retrouve au dessus du mien et ses lèvres viennent s'abattre sur la peau de mon cou qu'il se met à mordiller.

Il est très entreprenant et je suis énormément gênée. C'est la première fois que je me retrouve dans ce genre de situation et je ne n'imaginait pas que cela se déroulerai ainsi. Mais je crois qu'il est trop tard pour faire marche arrière alors je ne dis rien.