BODYGUARD [T1]

- XXVI -

BODYGUARD - TOME 1
Vingt-sixième partie : « Comme au vieux temps »

Quinze minutes après , alors que je prend mon thé , Warren revient en fureur dans la pièce et jette son téléphone sur la table.

— J'ai appelé sur son téléphone, le fixe , au bureau , et même sa secrétaire.Personne ne répond !

— Ça n'a rien de surprenant.Je me demande si Eli a rassuré Hannah et ma famille en leur expliquant que ce n'était pas vrai.Étrangement , j'en doute.Ils doivent être complètement bouleversés , et je ne peux même pas les contacter.Même si je le pouvais , je crains que mon père ne fasse une attaque en entendant le son de ma voix.

Warren prend ma main dans la sienne.

— Je ne compte pas te laisser poireauter ici à élaborer des suppositions toute la journée.Je voudrais t'emmener quelque part.

— Où ?

— Tu verras.

— Warren , je n'ai vraiment pas envie d'aller voir d'autres personnes pour le moment.Je préférais rester dans...

— Fais moi confiance.Il n'y aura personne.

Je le dévisage d'un œil sceptique , puis décide de le laisser mener la danse.

— Va mettre des vêtements chauds , ensuite on sort.

Il m'adresse un petit sourire , puis se tourne pour sortir.Suivant ses conseils , je vais dans la chambre.J'ouvre le placard et choisis de mettre un long manteau nounours en fourrure bleu et une robe pull noire.Une tenue à la fois tendance et confortable , ça va me garder au chaud et à l'aise , c'est sûr.

Une douce et fraîche brise m'ébouriffe , faisant danser quelques mèches de mes cheveux.Je ferme les yeux et inspire profondément.Que c'est beau ici...Warren me sourit.

— Un peu d'air frais m'a toujours aidé à me vider la tête. Est-ce que tu te sens mieux ?

— Étonnamment, oui.C'était précisément ce dont j'avais besoin.

— Heureux d'avoir pu t'aider.

— Comment as-tu découvert cet endroit ?

Il s'esclaffe d'un petit rire et je lui adresse un coup d'œil intéressé.

— Par un hasard plutôt amusant.C'est une histoire assez rigolote.J'étais en train de jouer dans le jardin du chalet , quand tout à coup , j'ai entendu ma mère m'appeler en criant.Et ce n'était pas un appel tendre du genre « Warren ! Rentre à la maison , mon coeur ! » , si tu vois ce que je veux dire, mais plutôt un « qu'est-ce que tu as encore fabriqué ! »

— Quel âge avais-tu ?

— Oh , je devais avoir sept ou huit ans.Du coup , dès que j'ai entendu mon nom , j'ai deviné qu'elle avait enfin trouvé les morceaux de la tasse que j'avais cassé et entassé dans le placard de la cuisine.

J'éclate de rire , et il m'adresse un grand sourire.

— Mais pourquoi dans le placard ?

— Il fallait bien masquer les preuves ! C'était l'une des tasses préférées de ma mère.

— Vilain garçon tu es. Et ensuite ? Tu es parti en courant ?

— Et pas qu'un peu.

— Oh , allez.Elle ne peut pas faire aussi peur que ça.

— Jade , quand tu la voyais te jeter un coup d'œil de travers , peu importe ce que tu avais fait ou non , tu savais qu'il était temps de courir aussi vite que possible.Sa déception était plus cuisante que des tirs de balles.

Il se remet à rire.

— Bref , j'ai fini par dévier ma routine habituelle , et je suis tombé sur cet endroit.C'est devenu comme un sanctuaire pour moi.Quand j'avais besoin de fuir ou de prendre un peu de temps pour moi , c'est là que je viens.

Warren a partagé avec moi son petit coin de paradis...

— En tout cas , merci de m'avoir emmenée ici.Ça compte beaucoup pour moi que tu aies décidé de me montrer ton petit coin de paradis.

— Pas de soucis , je suis heureux que quelqu'un d'autre ait pu en profiter.

— Ça m'a beaucoup aidée , à un point que je ne soupçonnais même pas.

Ou peut-être que c'est juste toi et ta présence qui m'avez aidée.Warren décroche un charmant sourire.

— Est-ce que ta mère t'a déjà retrouvé ici ?

— Non , mais ce n'est pas non plus comme si elle m'avait vraiment cherché partout.Si je restais dehors assez longtemps , elle finissait par se calmer.

— Ton père n'est jamais venu à la rescousse ?

— Il n'y a jamais eu que ma mère et moi.Je ne sais même pas qui est mon père , elle ne me l'a jamais dit.

— Oh...

— Ce n'est pas aussi triste que ça en a l'air , tu sais.J'ai grandi sans lui , donc ce n'est pas comme si j'avais ressenti un manque.Ma mère n'est plus là maintenant , mais elle m'a toujours suffit.

En voyant mon regard interrogatif , il m'adresse un sourire triste.

— Elle est morte il y a trois ans.

— Je suis désolée de l'apprendre ...

— Ce n'est pas grave.Ça fait un moment , maintenant.

J'entrelace mes doigts avec les siens , et soupire.Il me presse à son tour la main , et je repose ma tête sur son épaule.On reste comme ça pendant plusieurs heures , à discuter et à nous remémorer des moments heureux du passé.