BODYGUARD [T1]

- XXXIII -

BODYGUARD - TOME 1
Trente-troisième partie : « Enfin »

Warren se tourne pour éteindre la gazinière, puis tend la main vers la mienne.Je prend la bouteille de whisky sur le comptoir et le suis jusqu'au salon.Il m'attire sur le canapé et drape une couverture autour de mes épaules.Il me prend ensuite la bouteille des mains et me choque en avalant une longue gorgée au goulot.

— Warren Garcia , vous buvez ?

— Qu'est-ce que tu racontes ? Tu viens de me voir boire un verre dans la cuisine , non ?

— C'est une chose de boire au verre , une autre de boire directement au goulot.

— J'avais besoin.

Il lève la bouteille à ses lèvres de nouveau.J'écarquille les yeux comme il prend trois nouvelles gorgées d'affilée , marquées par les mouvements de sa pomme d'Adam.

— Tu devrais peut-être ralentir.

Warren me surprend en ricanant , puis il s'essuie la bouche du dos de sa main.Quelque chose dans se geste est incroyablement sexy , et je sens la chaleur monter en moi.

— Tu devrais peut-être accélérer.

— Ce n'est pas une course , andouille.

— Non , c'est sûr.Mais laisse moi te dire quelque chose : je sens à peine le froid maintenant.

Voyant qu'il me défie du regard , je me lèche les lèvres et tends la main vers la bouteille.Avec un sourire narquois , Warren me la tend.Je plisse le nez quand le goût âcre me frappe le palais de nouveau , puis je repose la bouteille sur la table.

— Comment fais-tu pour boire ça aussi vite ? C'est infâme.

Son sourire s'élargit , taquin.

— J'imagine que je tolère mieux l'alcool que toi.

— Je ne contredirai pas là dessus.Je commence déjà à me sentir un peu pompette.

— Déjà ? Tu as à peine bu.

— Je sais pas ce qu'est ce truc , mais c'est hyper fort.

Il s'installe dans le canapé et, suivant son exemple , je me blottis contre lui.Il basse les yeux vers moi et hausse un sourcil.

— Tu es chaud.

— Tu essayes de me voler ma chaleur corporelle ou quoi ?

— Te la voler ?

Je m'esclaffe.

— C'est la première fois qu'on m'accuse d'une chose pareille.Si tu veux reprendre ton bien , viens le chercher ?

Son sourire s'efface soudainement ,et son expression redevient grave.Je m'écarte de lui.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien.

— Ne me mens pas.Il y a une seconde , tu riais.Qu'est-ce qui a changé ?

— Ce n'est rien , je te le jure.

Il baisse le regard et se met à jouer avec un fil lâche qui sort de la couverture drapée autour de moi.Quand il relève enfin le nez , je vois dans ses yeux de la culpabilité , qu'il tente de masquer.

— Warren , pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ?

— Est-ce que je t'ai déjà dit que j'adore quand tu prononces mon nom ? Tes lèvres ont quelque chose d'incroyablement attirant dans leur façon de former chacune de ses syllabes.

Je manque de m'étouffer.J'ai entendu ce que j'ai entendu ?

Il s'apprête à prendre une autre gorgée à la bouteille , mais je tends la main pour l'arrêter.Me redressant , je me tourne pour lui faire face sur le canapé.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Oublie.

— Non , c'est hors de question.Tu ne peux pas me dire des choses pareilles et t'attendre à ce que je laisse tomber.

Ses yeux se plongent dans les miens.Sa main vient prendre mes joues en coupe , et je suis trop choquée pour bouger.

— J'essaye , vraiment , mais je ne peux plus lutter.

Sa voix n'est guère plus qu'un murmure , et je me retrouve à moi aussi baisser le ton de ma voix.

— Lutter contre quoi ?

— Tu ne m'as vraiment pas facilité la tâche.As-tu la moindre idée d'à quel point ça a été dur de séparer travail et sentiments ?

Sa main libre se lève pour recoiffer une mèche folle derrière mon oreille , et je sens mon coeur battre d'autant plus la chamade.

— Je ne peux plus continuer.Je n'en ai plus envie.

— Warren , qu'est-ce que ...

Ses chaudes lèvres au goût de whisky se plaquent soudainement sur les miennes , me faisant taire avec succès.Avant même que je ne puisse réaliser ce qui se passe , il s'écarte et sourit.

— Qu'est-ce ? Qu'est-ce qui vient de se passer ?

— Pour une femme intelligente , beaucoup de choses t'échappent.

Je boude , et il sourit.