BODYGUARD [T1]

- XXXIX -

BODYGUARD - TOME 1
Trente-neuvième partie : « Prend courage »

Il y a quelque chose à être ainsi sur la moto de Warren, qui me fait me sentir plus libre que jamais.Entre la rudesse du vent contre ma peau , le corps de Warren contre lequel je me plaque... et mes bras autour de lui , je me sens incroyablement en paix.Il est toujours tellement à l'aise avec sa moto.

Il dégage une telle assurance et un tel calme qu'on voit qu'il sait parfaitement ce qu'il fait.Jamais je ne l'aurais prit pour un motard , mais dès qu'il est sur sa bécane , on voit qu'il est totalement dans son élément.

Alors que nous roulons en toute vitesse en direction de chez mes parents , je réalise que tout ça , c'est exactement ce dont j'avais besoin pour me préparer à affronter la tempête.

Je contemple la maison où j'ai passé mon enfance , puis je me fige.

— Je n'y arriverai pas.

— Jade...

— Non ! Tu ne comprends pas ? Ils me détestent.Ils m'ont dit de ne jamais revenir.Quelle idée stupide j'ai eue.

Je me dirige vers le casque que j'ai laissé sur le siège de la moto mais les bras de Warren se drapent autour de ma taille.Il m'attire contre sa poitrine et , impuissante , je ne peux résister.

— Qu'est-ce qui se passe ? Tu avais l'air bien , pourtant , quand on est partis.Qu'est-ce qui s'est passé entre vous , Jade ?

Il repose son menton sur ma tête , et après un instant , je m'appuie contre lui.

— Je ne t'avais jamais vue aussi nerveuse.Si j'avais su que ça te bouleversait autant , je nous aurais trouvé un autre abri.

— On s'est plutôt ... violemment disputés.Le truc c'est que ... je ne leur ai pas adressé là paroles depuis cinq ans.Cinq ans ! Pas un appel , pas une carte de vœux pour Noël , absolument rien.Ils ne veulent plus rien avoir à faire avec moi.

— Je doute que ce soit vrai.Il faudrait vraiment être con pour ne plus vouloir de toi dans sa vie.

Je lève les yeux au ciel et j'éclate de rire.

— Et voilà ce ravissant sourire de retour.

— Arrête.

— De te faire sourire ? Jamais.

On s'adresse mutuellement un grand sourire , mais bientôt le mien s'efface.

— Je crois juste que je ne vais pas y arriver.J'ai fait une terrible erreur , je ne crois pas qu'ils me pardonneront un jour.

— Jamais je ne te jugerais , dis moi ce qu'il s'est passé, Jade , s'il te plaît.

— Je sais que tu as de bonnes intentions , mais je n'ai vraiment aucune envie de revisiter le passé.C'est trop douloureux , je ... je suis désolée.

— Il ne faut pas.Je n'aurais pas dû te demander de me raconter.

— Si , bien sûr que tu peux.J'ai juste besoin d'un peu de temps.

— Je comprends.

Il jette un œil en direction de la maison de mes parents.

— Tu devrais aller sonner.

— Mais...

— Je serai derrière toi du début jusqu'à la fin.Ça va aller , Jade.

J'inspire profondément et je le suis vers la maison.Tous mes doutes m'envahissent à nouveau , et je me retrouve les mains couvertes de sueur malgré la morsure ambiante du froid.

Et s'ils ne répondent pas ? Et s'ils me demandent de partir ? Et s'ils appellent la police ?

— Ne te mets pas un martel en tête , Jade.

Quand nous atteignons la porte, je me rends compte que mes mains tremblent de façon perceptible.Warren les attrape et me retourne vers lui.

— Peu importe ce qui se passe aujourd'hui, ça ne changera rien.Tu as réussi à vivre sans eux pendant cinq ans , tu sauras parfaitement le refaire.Et t'envoyer paître comme ça ... aucun parents ne devrait tourner le dos à son enfant , peu importe les circonstances.

— Mais ...

— Non.

Il m'interrompt d'un geste de la main.

— Ce sont eux qui devraient te demander pardon.

— Quoi ? Pourquoi le feraient-ils alors que tout était de ma faute ?

— Parce que l'amour parental devrait être inconditionnel.Même si tu finissais en prison , ils devraient toujours t'aimer parce que ça , c'est le rôle d'un parent , Jade.Ils n'apprécient peut-être pas tes choix , mais ils n'ont aucun droit de te juger et de te bannir de leur vie.

— Tu as raison.Ils n'auraient pas dû faire ça.

— Tu vois ? Ma mère s'est toujours assurée que je le comprenne bien , que même si elle n'était pas toujours d'accord avec mes choix , elle serait toujours là pour moi.Alors , garde la foi.Si tu as toujours aussi bien tourné , c'est qu'ils ont tout de même fait du bon travail.

Je lui adresse un sourire de gratitude.

— OK..

— Ok ?

— Ton discours de motivation m'a touchée , d'accord ? Je vais le faire.

Il me serre la main.

— Je suis là.

— Je sais.

Je me tourne de nouveau vers la porte , puis inspire profondément pour me calmer.Tendant la main , je presse sur la sonnette et entends son écho puissant retentir dans toute la maison.Quelques instants plus tard , je perçois des bruits de pas en train de descendre les escaliers , puis s'arrêter devant la porte.

Je pince les lèvres et scrute avec crainte Mélania Harington entrouvant la porte , puis pousser un cri de surprise.