BODYGUARD [T1]

- XXXI -

BODYGUARD - TOME 1
Trente-et-unième partie : « Horrible invité surprise »

— Qu'est ce qui se passe ici ?!

Je sursaute ,et vois que Warren fait de même.

— Eli ?!

— Pourquoi est-ce qu'il fait aussi froid ici , bon sang !

Est-ce que c'est vraiment tout ce qui compte pour lui ? Attends ... est-ce que ça signifie qu'il ne nous a pas vu ?
Si il ne nous a pas vu ... c'est un vrai soulagement.Je n'ai pas envie de lui donner raison de se plaindre , et s'il découvre que je l'ai fait cocu...

— Le chauffage est cassé , monsieur.

— Et bien , pourquoi est-ce que vous ne le réparez pas ?

— Le réparateur le plus proche est à au moins vingt kilomètres d'ici , et ils ne pourront nous envoyer personne avant demain.

Eli lève les yeux au ciel et jette sa mallette sur la table de la cuisine.Il daigne de montrer qu'il a remarqué ma présence par un signe de tête dans ma direction.Warren et moi nous échangeons un coup d'œil , il est évident qu'aucun d'entre nous ne sait ce qu'Eli fout ici.

— Est-ce que vous avez des informations sur l'identité de ceux qui la menacent , monsieur ?

Eli secoue la tête.

— La police ne sert à rien.

— Alors ... je suis toujours en danger ?

— Et bien , peut-être moins qu'avant , vu qu'on a réussi à te déclarer morte.

— Tiens , c'est vrai , parlons-en ! Pourquoi est-ce que tu m'as fait passé pour morte ?

— Parce que personne ne traque les morts , sotte .N'étais-ce pas évident ?

— Donc c'était ton idée.

— Bien sûr que oui.Les flics ont aussi voulu falsifier ta mort.Ça leur a prit quelques jours mais ils ont trouvé une jeune sdf sans identité, sans amis , sans famille , puis se sont servis d'elle pour faire une mise en scène de ta mort.Ils ont passé ta bague à son doigt , l'ont mise dans notre rue et ont mis le feu à son corps.

Je frémis et recule , me cognant contre Warren.J'avais presque oublié sa présence , jusqu'à ce que ses mains se posent sur mes épaules et stabilisent ma position.

— Mais ... mais c'est...

— Ne prend pas un air si effaré.De toute évidence , ça a marché , non ? Cela fait cinq jours que je n'ai plus reçu la moindre menace.

Je ne peux m'empêcher de sentir un regain d'espoir en moi à ces mots.

— Est-ce que ça veut dire que je vais pouvoir rentrer ?

— Pas avant la fin des élections.

— Quoi ?! Pourquoi tant de temps ? Tu veux sérieusement continuer à faire croire aux gens que je suis morte pendant encore deux semaines ?

— Oui.

— Tu ne pourrais pas au moins dire à Hannah et à ma famille que je vais bien ?

— Hors de question.Tu m'expliques pourquoi je ferais ça ?

— Non mais tu es sérieux ?! Ils croient que je suis morte ! Ils doivent être bouleversés ! Ils ...

— Ça suffit ! Ne me sors pas ces conneries , Jade.Ta famille ne veut plus rien avoir à faire avec toi , au cas où tu l'aurais oublié ! Ils te détestent , et tu les détestes.Ils se fichent que tu sois morte ou vive , tu n'es plus rien pour eux.

— Comment oses-tu !

— Tu sais que c'est la vérité , je suis le seul ici pour qui tu comptes.

— Mais bien sûr !

— Je suis même venu ici parce que j'étais inquiet pour toi , parce que je voulais t'expliquer les raisons de mes gestes.J'avais tellement peur que tu décides de t'enfuir et de ruiner ta couverture que j'ai pris le risque d'être suivi.Même si bien sûr , j'ai fais passer l'endroit au peigne fin à mes hommes pour m'assurer que rien de ce style ne t'arrive.

Je me moque.

— Warren n'a pas cessé de quadriller le coin et n'a rien trouvé de louche.

— Sauf que si on veut faire les choses correctement, il faut les faire soi-même.On n'est jamais trop prudent.

Il vient quand même pas d'insulter les talents de bodyguard de Warren ?

— Dans tous les cas , je veux que tu changes d'endroit dans deux jours.

— Quoi ?

— Warren et moi en avons discuté , et je crois que c'est le mieux à faire.

Je me retourne pour faire face à Warren.

— Quand est-ce que vous avez décidé de ça ?

— Votre mari et moi en avons parlé avant de venir ici.Nous pensions que c'était plus prudent de ne jamais s'arrêter.Rester au même endroit trop longtemps serait dangereux.

— Exactement , intervient Eli.Parce qu'on commence à se sentir à l'aise et on s'égare.C'est là qu'on se fait pincer.

Il faut encore que je parte ? Est-ce qu'on est vraiment obligés de partir ? Plus j'y pense , plus je réalise que j'aime vraiment cet endroit.Une part de moi n'a pas vraiment envie de le quitter.

— Deux jours , tu as dit ?

— Deux jours.Assurez-vous d'avoir fait vos bagages et d'être prêts à partir.

— On sera prêts , répond Warren.

— Bien.Je vous recontacte.

— Eli ? Tu pars déjà ?

— Je prévoyais de rester ici , mais je ne m'attendais pas à ce que le chauffage soit cassé.

Il fronce le nez de dégoût.

— Verrouillez les portes après mon départ.

La voix de Warren , quand il répond , est tendue.

— Bien sûr , monsieur.

On regarde Eli se diriger vers la porte et l'ouvrir en grand.Quel soulagement.