Le mois de septembre s'était terminé et Hermione n'avait guère avancé dans sa chasse aux horcruxes. Elle avait toutes les informations en main pour aller chercher la bague dans la maison des Gaunt et prévoyait d'y aller le week-end suivant. Elle avait assez traîné. Les professeurs les avaient assommés de travail, leur donnant un nombre incalculable de devoirs en prévision des Aspics, et elle n'avait pu avoir un moment à elle ces deux dernières semaines. Nous étions dimanche soir, et elle était installée dans son baldaquin, les jambes repliées, adossée contre son oreiller. Un peu plus tôt dans la soirée, les Maraudeurs avaient fait une grande annonce dans la salle commune, alors que tout le monde se prélassait après une journée de révisions éreintantes.
- Oyez, oyez, chers camarades, avait commencé James, votre groupe de Gryffondors préférés, les Maraudeurs, organise une soirée pour Halloween dans notre chère salle commune, ouverte à tous les étudiants ! Les élèves jusqu'en quatrième année auront un couvre-feu à 22h, ou notre chère Minnie nous tombera dessus. En revanche, pour ceux à partir de la cinquième année, pas de limites ! Inutile de préciser que les vipères qui poseront ne serait-ce qu'un pied dans cette salle se verront éjectées en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « Quidditch ». Les déguisements sont exigés, et vous devez faire preuve d'originalité.
Il était descendu de la table dont il avait fait sa tribune sous les applaudissements enthousiastes de son audience, s'inclinant avec exagération. Il n'avait pu cependant échapper aux remontrances de Lily, qui l'avait menacé de faire interdire la soirée si une seule goutte d'alcool se baladait dans les verres. Il avait esquivé habilement ses questions et rejoint Hermione, restée en retrait jusqu'alors.
- Ecoute, avait-il dit en regardant sérieusement la jeune femme dans les yeux. Je sais que tu évites en général les attroupements, je l'ai remarqué depuis que tu es arrivée ici, et je ne veux absolument pas te forcer à quoi que ce soit. Mais ça nous ferait plaisir à tous si tu venais à la soirée d'Halloween.
La jeune femme avait été sincèrement surprise par ses propos. Elle ne pensait pas que James ou qui que ce soit avait prêté attention à ce détail, mais il était vrai qu'elle évitait généralement de se retrouver dans des assemblées, à cause d'un sentiment d'insécurité depuis le début de leur fuite avec Harry et Ron. Elle était sans cesse sur le qui-vive, et supportait les repas dans la grande salle avec difficulté, préférant s'éclipser en douce dans les cuisines ; son arrivée à Poudlard avait été rude pour les souvenirs qui l'avaient assaillie, mais également pour la présence d'un trop grand nombre de gens autour d'elle. Après tout, la dernière fois qu'elle s'était tenue au milieu d'une foule était à la bataille de Poudlard, et Merlin savait que ce n'était pas un souvenir plaisant. Elle avait développé un semblant d'agoraphobie, et tenait toujours sa baguette à portée de main, en prévention. Elle était ainsi réellement touchée par l'inquiétude de James. Mais elle ne pouvait pas rester indéfiniment à l'écart, n'est-ce pas ? Elle avait donc lancé un sourire rassurant au poursuiveur ; elle ferait un effort. Son sourire à lui avait été éblouissant, ravi qu'il était d'avoir pu la convaincre.
Elle leva la tête, admirant la nuit noire qui était tombée sur Poudlard, avant de réaliser la rondeur parfaite de l'astre nocturne. La pleine lune. Elle espérait de tout cœur que Remus souffrirait le moins possible durant cette énième nuit. Mais malgré les évènements futurs, elle savait que ce soir ses amis seraient tous avec lui pour l'aider à traverser cette nuit éprouvante.
Dans la cabane hurlante, Remus souffrait le martyre. Déjà, lorsqu'il avait emprunté le passage, l'influence de la lune se faisait déjà sentir et sa tête semblait vouloir exploser. Il s'était rué dans la pièce du haut, avant de s'écrouler sur le parquet de la chambre, le corps endolori, brûlant. Ses genoux avaient brusquement cogné le sol, lui laissant déjà des genoux écorchés. Sa transformation avait alors débuté. Tout d'abord, ses yeux avaient pris une teinte plus sombre, ses pupilles se rétrécissant. Puis tout n'avait été que douleur. Son corps se convulsait dans tous les sens, en une vaine tentative d'échapper au processus monstrueux de la transformation. Ses os se brisaient, s'allongeaient pour correspondre à l'anatomie du loup, envoyant des décharges de souffrance au pauvre Remus qui pour se contenir se griffait la peau, se mutilait. Il endurait tant bien que mal cette épreuve pour ne pas alarmer plus que nécessaire ses amis restés au rez-de-chaussée, sur ses instructions, pour qu'ils n'assistent jamais à cette mutation inhumaine. Ils le rejoindraient plus tard sous leur forme d'animagi, lorsque le loup aurait entièrement pris le dessus. Un craquement sinistre se fit entendre lorsque la métamorphose atteignit sa colonne vertébrale, achevant l'esprit de Remus, qui après sa lutte vaine finit par laisser le contrôle au loup. Un hurlement s'échappa de sa gorge, comme en un soulagement pour le loup d'avoir pu refaire surface. Reniflant l'air, il courut vers la sortie de la cabane, afin de s'élancer dans la forêt. Mais avant qu'il ne puisse commencer à chasser, un cerf, un chien noir et un rat surgirent devant lui, sautillant autour du loup, qui fut d'abord complètement déboussolé. Il tenta d'attaquer le chien, mais fut vite maintenu à distance par le cerf. Après une lutte brève, comprenant qu'ils ne lui voulaient pas de mal, le loup s'apaisa et se mit à courir avec ses étranges compagnons. Leur jeu dura jusqu'au petit matin, lorsqu'un Remus éreinté reprit sa forme humaine avant de s'écrouler de douleur et de fatigue sur l'herbe ornée de perles de rosée. Il fut néanmoins rassuré lorsque, dans un éclair de lucidité, il vit trois formes familières s'avancer vers lui. Il put enfin fermer les yeux.
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Aut vincere, aut mori
FanfictionLorsque la Résistance est défaite à la Bataille de Poudlard, Hermione n'a plus qu'une seule option : remonter à l'Epoque des Maraudeurs, et espérer détruire le Seigneur des Ténèbres avant qu'il ne soit trop tard... Arrivera-t-elle à ses fins, tout...