Chapitre 36 - James

582 36 2
                                    

Sa sacoche pesant lourd sur son épaule, Hermione ressortit de la bibliothèque quelques instants avant sa fermeture, son devoir de Runes achevé. Elle y avait passé la journée enfermée à travailler. La confession de Sirius de la veille avait été repoussée au fond de sa mémoire. Le jeune femme avait été beaucoup trop paniquée pour réagir rationnellement, et avait tenté d'oublier cet instant de toutes ses forces, se plongeant dans l'étude.

Le même problème se posait encore et toujours. Il l'avait faite céder pour le bal de Noël, puis pour commencer une véritable relation, mais ce qu'il avait avoué hier était toute autre chose.

La stabilité de leur relation n'avait pas pour autant rassuré Hermione quant à leur futur ensemble. La lionne occultait tout simplement ce qui pourrait arriver après Poudlard. Sirius l'avait convaincue de profiter du temps dont elle disposait, de vivre sans penser aux conséquences futures, et elle avait suivi ce modo en acceptant ses avances. Mais les trois mots qu'il avait lâchés hier donnaient une toute nouvelle dimension à ce qu'il se passait entre eux.

Hermione considérait que Sirius, une fois leur mission achevée, se détournerait d'elle. Les six mois qu'elle avait passés dans cette époque ne lui donnaient pas pour autant le sentiment d'être chez elle. Poudlard serait toujours Poudlard, soit. Mais elle n'avait aucune existence légale. Elle était bloquée, ne pouvant pas retourner en 1998, et dans l'incapacité de continuer sa vie après l'obtention de ses ASPICS. Et fabriquer de faux papiers au Ministère était inenvisageable. Ainsi, comment pourrait-elle se voir avec Sirius sur le long terme ?

Les révélations qu'elle avait faites la veille étaient bénignes. Entretenir et faire grandir sa relation avec lui impliqueraient de se confier bien davantage. S'il était patient pour le moment, sa curiosité ne se tairait pas éternellement. Trop de parts d'ombre demeuraient encore à son propos.

Hermione emprunta le chemin vers la salle commune des Gryffondor et monta distraitement les marches, alors que les escaliers bougeaient comme à leur habitude. Cependant, ils avaient apparemment décidé de n'en faire qu'à leur tête et la jeune femme se retrouva en face d'une certaine porte en bois imposante, au 3ème étage.

Posant une main tremblante sur la poignée, elle la tourna et poussa dans un léger grincement, puis s'avança dans une salle obscure. Un pas de plus et un flambeau s'alluma brusquement à sa droite. Elle laissa tomber son sac à terre dans un bruit lourd avant de se diriger vers la flamme. Un deuxième s'incendia, puis un troisième, et un quatrième. Lequel illumina un mur là où la jeune femme attendait une porte. Elle se laissa tomber à genoux, une unique larme roulant sur sa joue. Levant sa main droite, elle caressa du bout des doigts la surface froide, avant de venir appuyer son front contre la pierre grise.

Elle avait espéré revoir cette porte qui avait tout changé lors de sa première année. Celle derrière laquelle se trouvait un montre à trois têtes, une plante mortelle, des clefs, un jeu d'échecs, des potions et un miroir. Celle derrière laquelle se trouveraient Harry et Ron, leurs aventures ensemble et son ancienne vie. Mais devant elle se trouvait un mur, ce mur qui l'empêchait d'avancer, de retourner chez elle.

Plusieurs fois Hermione s'était retrouvée dans cet état léthargique lorsque mise face à cette fatalité. Ses souvenirs l'assaillaient et la paralysaient, déchirant son cœur. Mais elle ne supportait pas ces moments de vulnérabilité, sans pour autant parvenir à les surmonter dans l'instant.

Prise d'une soudaine rage, elle se releva, dressa son poing et frappa violemment le mur, laissant irradier la douleur de l'impact. Un glapissement de douleur lui échappa et elle serra les dents, tremblante, laissant une autre larme couler.

- Mais tu es folle ?

La voix qui l'interrompit dans sa catharsis improvisée lui était familière mais son esprit était trop embrumé pour la reconnaître proprement. Elle sentit des mains l'entourer avec attention, l'écartant du mur maudit avant de la plonger dans une étreinte réconfortante.

Aut vincere, aut moriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant