Neela [Terminée]

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Il lève ses yeux au ciel, et m'observe à nouveau de son regard perçant. Il le fait courir sur chaque partie de mon visage : mes yeux, mon nez, mes lèvres, mes joues ... Pour ma part, j'ai de plus en plus de mal à le regarder plus de cinq secondes d'affilée. La couleur de ses yeux me rappelle trop la cruauté de nos ennemis, et le malheur des rouges. Les iris de l'adolescent me font trop penser à ceux que mon père et Sapna ont dût voir avant de se faire tuer. Je dois me mordre les joues pour rester concentrer.

- Je n'ai pas essayée de te tuer, et je t'ai donné mon identité. Maintenant, j'estime que j'ai le droit de savoir la raison pour laquelle tu te trouves dans la région Rouge. Dans ma région.

Il passe une main dans ses cheveux frisés, et c'est à ce moment-là que je remarque le bracelet sur son poignet. Il est tissé, et trois lettres y sont inscrites. Keo. C'est sans doute son prénom.

- T'es vraiment obstinée comme fille, hein ? dit-il en ramenant sa main contre mon épaule. Bon, OK ... La classe de mon pote Wen va bientôt venir à Orléans pour une mission, mais ses profs ont pas encore décidés du lieu de l'attentat. Alors il a tenu à venir ici pour visiter un peu la ville, histoire d'être prêt le jour J. Mais, stressé comme il est, il m'a supplié de venir avec lui pour sa mission de reconnaissance improvisée. C'est tout.

Sa révélation me laisse pantoise. Je ne m'attendais pas à ce qu'il se montre aussi franc avec moi. Mais surtout, ses paroles résonnent en écho dans mon esprit comme s'ils se trouvaient dans un tunnel.

La classe de mon pote Wen va bientôt venir à Orléans pour une mission, mais ses profs ont pas encore décidés du lieu de l'attentat.

- Vous allez ... Vous allez attaquer Orléans ?! m'indigné-je en chuchotant.

Si mon pistolet était chargé, je lui aurais probablement tiré dessus. Probablement.

- Ouais, et alors ? dit-il sur la défensive. Sois pas choquée comme ça, vous êtes attaqués pratiquement tous les jours.

Il a raison. Orléans se situe près de la frontière entre la France Rouge et la France Bleue, et en plus de ça, c'est une ville gorgée de militaires. Ce qui fait que nous sommes largement exposés aux attaques ennemies. J'ai moi-même été témoin de quelques attentats au cours de ma vie, même si j'ai toujours réussie à m'en sortir grâce à ma mère. Elle était toujours là pour me protéger.

- Ce n'est pas ça qui me choque, dis-je en passant mes mains sur mes bras, comme s'il y avait eu un courant d'air. Je ne comprends pas pourquoi tu m'en parles. Après tout ... Je ne suis pas une bleue.

Il secoue la tête avec lassitude. J'ai réussi à lui saper l'étrange énergie qui l'animait depuis le début.

- Je t'ai pas donné beaucoup de détails, et on se reverra sûrement jamais de toute manière. Si tu fais comme si tu m'avais jamais vu, alors ça m'est complètement égal. Tant que tu parles à personne de l'attaque.

Je fronce les sourcils.

- Ton raisonnement n'est pas très logique, tu sais. Comment peux-tu me faire confiance à moi, une rouge, ton ennemie ? Je pourrais très bien aller au Centre de Communication et les prévenir qu'un bleu prénommé Keo m'a annoncé que Wen et ses camarades de classe ont l'intention d'attaquer Orléans.

Il sourit, et jette un coup d'œil à son bracelet. Lorsqu'il relève ses yeux vers moi, il me dit :

- Je sais que tu le feras pas.

Je crispe instinctivement un de mes poings. Je le lui balancerai bien à la figure, pour que ses yeux bleus arrêtent de me fixer l'espace d'un instant. Keo continue de parler sans se laisser intimider par mon regard furibond.