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- C'est une blague ?

Opale examine son morceau de pain de tous les côtés, en fronçant les sourcils et en faisant la moue. Elle essaye de l'aplatir un peu, mais étonnamment, l'aliment résiste très bien à la pression des doigts de l'adolescente. Le pain est solide comme un roc.

- Ils se payent vraiment notre tête, ma parole ! continue-t-elle de s'indigner. Mes parents donnent pas autant de fric à ce bahut pour qu'ils me donnent seulement un ridicule bout de pain en guise de déjeuner !

Elle repose le pain avec une telle brutalité, que quelques gouttes de son verre d'eau se renversent sur le plateau presque vide. Il n'y a rien d'autre pour accompagner le pain sec.

- Euh ... C'est vraiment bizarre, dis-je en croisant les bras sous ma poitrine. Tu sais pourquoi vous n'avez rien d'autre à manger ?

- Ouais, me répond mon amie en se prenant la tête avec ses mains. D'après les cuisiniers, il y a pénurie. Mon œil. Je suis sûre que ces crevards planquent la bouffe quelque part !

Je jette un regard circulaire à la cantine. Les autres lycéens sont tout aussi sidérés qu'Opale. La plupart grignotent lentement leurs morceaux de pains en silence, mais certains se disputent entre eux dans l'espoir de voler des rations. Je range discrètement ma gamelle dans mon sac.

- Viens, dis-je à Opale qui est en train de fulminer. Allons dehors.

- Pour quoi faire ?

Je me penche de sorte à ce que personne d'autre n'entende ce que je compte lui dire.

- Je te partagerai mon repas.

Incrédule, elle écarquille les yeux.

- Attends ... T'es sûre de toi là ?

- Mais oui, réponds-je en lui faisant signe de se lever. Je ne vais pas te laisser mourir de faim comme ça. Dépêches avant que quelqu'un nous remarque.

Opale fourre son pain dans son sac, et prend le verre d'eau avec elle tandis que nous nous dirigeons vers la sortie. Heureusement, personne ne fait attention à nous. Nous traversons des couloirs et une fois à l'extérieur, mon amie choisit un arbre contre lequel nous adosser à l'ombre. Nous dégustons un peu de pain, des pâtes sans saveur et des noisettes.

- Tu me sauves la vie, me lance Opale en jetant une noisette dans sa bouche. Je te rendrais la pareille un jour. Merci cocote.

- Tu ne me dois rien du tout, dis-je en secouant la tête.

Après la pause déjeuner, nous filons au champ de tir. Les élèves remplissent le lieu peu à peu, mais la professeure n'est pas encore là. Alors que je bavarde avec Opale sur un banc, j'entends quelqu'un se rapprocher de nous avec beaucoup de bruit.

- Attention ! m'avertit mon amie en écarquillant les yeux.

Neela [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant