Il sort un énième soupir et, sans crier gare, il pose ses bras autour de mes cuisses pour me jeter sur son épaule sans ménagement. Là, il commence à courir sans prêter attention à mes coups de pieds et mes ruades sur son dos.
- Lâche-moi je t'ai dit ! crié-je d'une voix désespéré.
Il est un peu essoufflé par sa course, mais il prend tout de même la peine de me répondre.
- ... Plus tôt tu te calmeras, mieux ce sera. Déstresse, j'ai dit que j'allais rien te faire. Si j'avais voulu te tuer, je l'aurais déjà fait.
Je vois le couloir défiler devant moi à toute allure. Sur le sol, il y a des cadavres, des cadavres, et encore des cadavres. Couverts de sangs. Certains sont en charpie, d'autres sont démembrés. Ma vue se brouille de larmes. Je dois cligner des yeux plusieurs fois pour les empêcher de couler.
- Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? dis-je d'une petite voix.
- Faire quoi ?
- Pourquoi est-ce que tu m'as sauvé la vie ... Ça n'a aucun sens !
Il lâche un petit rire, que je trouve vraiment déplacé vu la situation.
- Je me le demande moi aussi, hein.
Cette réponse ne me convient pas. Il doit le deviner, parce qu'il sort aussitôt :
- OK, attends ... dit-il en soufflant comme un bœuf. T'aurais pût me tuer, la première fois qu'on s'est vus, mais tu l'as pas fait. Et t'aurais pût me dénoncer aussi, quand je t'ai parlé de l'attentat. Mais t'as gardé le secret, comme je te l'avais demandé. Alors ... Alors je vais t'aider pour cette fois.
Je passe mes mains sur mon visage. L'attentat. Lorsqu'il me l'avait annoncé, je n'ai rien dis aux Informateurs parce que je pensais que ça n'aurait rien changé. J'aurais dû le faire, finalement.
- T-Tu ... Tu aurais dû me dire que vous alliez attaquer mon lycée. C'est injuste !
- Neela, j'en savais rien du tout. Et d'ailleurs, je suis désolé pour ce qui vous arrive.
Il pourrait mentir, mais pourtant, je sais qu'il dit la vérité. Il y a de la douleur dans sa voix. Et du regret. Comment un bleu pourrait-il ressentir de la culpabilité ? Keo ne cessera jamais de m'étonner.
- ... D'accord, dis-je faiblement. Lâches moi maintenant.
- Tu peux toujours rêver. Je sais que tu vas détaler à la seconde où tes rangeots toucheront le sol.
- Je resterai, promis. Dépose-moi.
Il s'arrête alors, mais ne desserre pas sa prise avant de m'avoir dit :
- OK. Mais si jamais t'essaye quoi que ce soit, je te le ferai regretter. Compris ?
- Oui.
Là, il me pose enfin à terre. Keo est ruisselant de sueur, mais pourtant, sa respiration est plutôt régulière. Il essuie son visage à l'aide d'une manche de son haut, et me dit :
- Est-ce qu'il y a des escaliers de secours dans ton lycée ?
- Oui, dis-je. Mais ce n'est pas la peine de les emprunter. Ils sont trop bien gardés par tes coéquipiers.
Il sourit à ma dernière phrase.
- Justement, ce sont mes coéquipiers. Je pense qu'ils seront sympa avec moi. Vas y, je te suis.
Il a une idée, je le vois dans ses yeux. Ils brillent d'une lueur malicieuse. Keo m'attrape le bras à brûle-pourpoint et me fait signe d'avancer. Cinq minutes de marche plus tard, je m'arrête près d'un mur, à l'instar du bleu.
- Après ce croisement, murmuré-je, tu trouveras une porte métallique. Derrière, il y a un petit escalier en colimaçon. Il mène au rez-de-chaussée.
Le jeune garçon hoche la tête pour signifier qu'il a compris et me chuchote de rester ici. Il me fourre son pistolet dans la main, et s'éloigne de moi en sortant son fusil. J'entends d'abord le grincement d'une porte qu'on ouvre et qu'on ferme.
Quelques secondes passent. Je commence à croire qu'ils ont tués Keo, lorsque la porte grince à nouveau et que j'entends des gens en sortir. Au début, je pense que le bleu m'a dénoncé, et qu'ils arrivent pour me tuer. Je fais mine de reculer, jusqu'à ce que je me rende compte qu'ils courent dans la direction opposé. Les bruits de leurs pas se dissipent petit à petit. Soulagée, mes épaules s'affaissent.
Moins d'une minute plus tard, la porte s'ouvre et des pas se rapprochent de moi. Je me mets en position, mais ce n'est que Keo qui est de retour.
- Viens, la voie est libre.
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Neela [Terminée]
Science FictionUn monde dévoré par la violence et la famine. Deux ennemis. Une union improbable. Elle s'appelle Neela. Elle fait partie des rouges. Elle n'a que seize ans, mais elle a déjà du sang dans les mains. Dans la région Rouge où elle vit, la région Bleue e...