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La tension est palpable. Alignés dans le couloir, nous attendons notre tour en silence devant la salle de simulation. Mon ventre est noué, et mes mains sont moites. Je jette un coup d'œil aux autres élèves : ils n'ont pas l'air en meilleur état que moi. Certains baillent à s'en décrocher la mâchoire, d'autre s'agitent avec frénésie. A deux mètres de moi sur ma droite, Laslo fixe un point dans le vide en fronçant les sourcils. Brillant élève qu'il est, il doit surement être en train de réviser dans sa tête. Je l'aurais bien imité, mais je n'y arrive pas. Impossible de me concentrer sur autre chose que mon cœur battant la chamade.

La porte s'ouvre et la tête de notre professeure de simulation surgit.

- Opale Vinet.

Mon amie pousse un long soupir et me lance un coup d'œil. Je lui souhaite bonne chance à voix basse, et elle s'éloigne pour entrer dans la salle. Malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à me calmer. Si je suis incapable de me contrôler maintenant, comment vais-je faire lorsque ce sera mon tour d'entrer dans la salle de simulation ? J'imagine ma mère en train de froncer les sourcils, de me dire que je suis immature, et que je ne réussirais jamais à être une soldate rouge. Peut-être qu'elle a raison. Après tout, ce n'est pas pour rien qu'elle se fait un sang d'encre depuis lundi dernier.

Pour occuper mes mains pris de tremblements, je les passe sur mes cheveux noirs. Je suis en train de tortiller une mèche lorsqu'un cri retentit au loin. Suivi d'un deuxième, puis d'un troisième. Des cris juvéniles, à vous glacer le sang. Je me fige aussitôt.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? dit Adriel en regardant le bout du couloir.

Nous suivons tous son regard. Je reste planté là, à bouger mes yeux dans tous les sens. Même en tendant l'oreille, impossible de comprendre quoi que ce soit aux cris des adolescents.

- Ils veulent peut-être nous tester, dit une fille de ma classe en croisant les bras. Ça doit sûrement faire partie de l'examen.

Personne ne lui répond, car personne n'en sait rien. Ce qu'elle dit est à la fois plausible et inimaginable. Les autres commencent à discuter entre eux avec fièvre, mais je ne les écoute pas. Quelques secondes à peine s'écoulent avant que des coups de feu retentissent d'une manière synchronisée, comme en réponse à un signal. Cette fois, la plupart des lycéens perdent de leurs sang-froid. Et ils ont bien raison, car une adolescente rouge apparaît dans le couloir en titubant. Un hoquet s'échappe de ma bouche lorsque je remarque que sa jambe est couverte de sang.

- ... Des bleus ! nous crie-t-elle en essayant de courir, sans résultat. Des bleus nous attaquent ! Ils sont ...

Elle n'a pas le temps de parler davantage, car aussitôt, une silhouette apparaît au fond du couloir. En un clin d'œil, je vois le canon de son fusil pointer sur la jeune fille, et la tête de cette dernière explose dans un jet de sang.

Neela [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant