Une semaine passa. Malgré sa mystérieuse disparition, Aimée suivait avec assiduité les paroles de Tyki, et se donnait à fond tout aussi bien à l'école que dans ses missions d'apprentie hunter. L'affaire de la chimère parlante n'avait pas avancé, bien qu'elle restait fortement ancrée dans les mémoires.
Dans les douches communes, Aimée profitait avec délice de l'eau chaude coulant sur son corps. Elle s'était levée une heure plus tôt exprès, car elle savait qu'elle y serait alors seule. Elle appréciait de plus en plus sa vie à Saint Gabriel, mais il était vrai que ses nombreux moments de solitude lui manquaient terriblement. Elle éteignit l'eau et s'essuya rapidement. Lorsqu'elle commença à s'habiller, un groupe de trois filles débarqua dans la salle d'eau. Elle termina de se préparer puis sortit.
Dans les longs couloirs du lycée, encore peu remplis si tôt dans la journée, Morales pressait le pas. Quelques minutes plus tôt, il avait été convoqué dans le bureau du directeur. A première vue, rien d'alarmant. Toutefois, un facteur assez particulier entrait en compte : Morales était l'un des trois professeurs des classes spéciales, ainsi qu'un hunter accompli. Ce que peu savaient était que cette école n'était que l'une des couvertures qu'utilisait l'Église pour diriger les hunters, et l'homme qui en était à la tête supervisait bien évidemment toutes les activités de la zone. Morales lui avait donc transmit son rapport sur la chimère parlante environ une semaine plus tôt, et à ce moment il avait pu déceler dans le regard de son supérieur une lueur d'inquiétude, qui s'ensuivit d'une longue réflexion. Le directeur savait quelque chose. Et à présent, il se trouvait convoqué. Ça ne pouvait être un hasard.
Lorsqu'il arriva devant une grande porte de bois épais, il se stoppa. Après une faible hésitation, il donna trois coups secs.
- Morales?
- C'est moi monsieur.
- Entrez.
Il s'exécuta et pénétra dans le bureau. Celui-ci était très peu éclairé, pourtant orné de grandes baies vitrées, celles-ci étaient partiellement cachées par de sombres rideaux. Le mobilier semblait plutôt ancien, et les décorations ne paraissaient guère plus modernes : entre les tableaux paraissant dater du seizième siècle, et les babioles en tout genre provenant d'une autre époque, entrer dans cet endroit représentait un véritables voyage dans le temps. Morales était souvent venu ici par le passé, mais cette pièce lui faisait pourtant toujours le même effet : il s'y sentait quelque peu mal à l'aise. Un homme au longs cheveux gris était installé au bureau et le fixait avec un léger sourire aux lèvres. Mais ce qui le perturba davantage fut que sur l'un des sièges à sa gauche se trouvait une autre personne : il portait un habit d'église, et était plongé dans la lecture d'une bible extrêmement usée. Il décida de faire comme s'il ne l'avait pas remarqué, puisque l'inconnu en faisait déjà tout autant.
- Vous m'avez demandé monsieur ?
- En effet. C'est au sujet de cette affaire de... « chimère parlante ».
Le professeur frissonna à l'entente de ce terme.
- Je vous écoute.
Le directeur se racla la gorge, et l'étranger posa immédiatement son ouvrage sur la petite table basse face à lui. Il se releva et s'avança vers Morales.
- Je me présente : je suis Freud Heinrich. Enchanté de faire votre connaissance.
Il possédait un fort accent, et vu son nom, il était très certainement allemand.
- Victor Morales. Moi de même.
Ils se serrèrent la main puis attendirent que le directeur poursuive. Il ne se fit pas prier.
- Monsieur Heinrich est un prêtre renommé, mais aussi un grand hunter. Lui apprit-il.
Cela étonna le professeur, qui dévisagea le nouveau venu avec davantage de précaution : c'était un homme plutôt âgé, qui toutefois paraissait être en plutôt bonne forme. Qu'il fut un hunter ne l'étonnait pas, mais qu'il le soit encore était le plus intriguant. Être hunter demandait une bonne santé physique, alors beaucoup s'arrêtaient arrivés à un certain âge.
-Et quel lien a-t-il avec notre affaire ? Questionna Morales.
- Eh bien, répondit directement le principal concerné, il se trouve qu'en vérité, le cas que vous avez rapporté n'est en fait pas le premier répertorié.
Le hunter se figea. Que venait-il de dire ? Ce cas n'était pas le premier ? Il y en avait eu d'autres ?
- Pourquoi ne sont-ils pas dans la base de donnée ?! Demanda sèchement le professeur.
- Imaginez qu'elle soit rendue publique, cela causerait une panique générale. Lui expliqua le directeur.
- L'Église m'a donc chargé de mener l'enquête, continua le prêtre, tout en veillant à garder tout ceci le plus confidentiel possible. Malheureusement, vous avez été sans le vouloir mêlés à cette affaire, votre équipe et vous. Je suis donc venu pour vous proposer ceci : je me suis rapidement rendu compte que résoudre cette histoire seul serait particulièrement compliqué, alors je voudrais que votre équipe et vous fassiez équipe avec moi, pour attraper celui qui se cache derrière ces sordides chimères.
Morales était sous le choc. Il y avait donc bien quelqu'un qui tirait les ficelles dans l'ombre. Il était encore bien loin de connaître tous les détails, mais il sentait déjà qu'ils avaient mis les pieds dans un beau bourbier. Son équipe n'était constituée que de mineurs, et ça lui semblait extrêmement dangereux.
- Alors ? Lui demanda le prêtre.
Il fallait qu'il lui donne une réponse, et vite. Mais il était en pleine opposition : d'un côté, il était convaincu qu'il fallait résoudre cette affaire le plus rapidement possible, car elle mettait en péril aussi bien la sécurité de l'humanité que celle des compatibles, mais d'un autre côté, ça lui semblait beaucoup risqué pour un groupe aussi inexpérimenté que le sien. Il finit toutefois par prendre une décision.
- J'accepte à une condition : mon équipe n'est composée que d'apprentis hunters, et je suis par conséquent responsable de leur sécurité. Si j'estime que ça devient trop dangereux pour eux, je veux être dans la possibilité de me retirer de l'enquête.
Freud sourit, satisfait.
- Ça me va. J'ai hâte de travailler avec vous.
- Moi également.
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Last Stardust || Inspiration D.Gray Man
Romance"J'ai chaud. J'ouvre les yeux. Je me trouve dans une grande salle de bain épurée, dont la buée provoquée par la chaleur du bain dans lequel je suis allongée brouille ma vue. Je sens un corps derrière le mien, et bientôt deux bras viennent m'enlacer...