Sur le chemin du retour, tous s'étaient tus et avaient passé la totalité du trajet à fixer le prêtre avec incompréhension. Et il y avait de quoi : le fait que son pouvoir ne se manifeste pas en arme était déjà peu commun, mais celui-ci paraissait uniquement exister pour terrasser un type d'ennemi bien précis, ou dans ce cas là, séparer deux êtres à l'origine bien distincts. C'était d'autant plus douteux.
Une fois arrivés, ils se réunirent dans une salle de classe, pour faire un point sur le déroulement de la mission. Toutefois, aux yeux des élèves, la priorité était toute autre. Rin se hissa sur une table, croisa les jambes, et se tourna vers l'homme d'église.
- Vous vous êtes bien gardé de nous révéler en quoi votre pouvoir consistait.
- Vous ne me l'avez demandé à aucun moment. Précisa-t-il. C'est pourtant le b.a.ba quand on doit faire équipe avec des gens qu'on connaît mal. Pour ma part, je m'étais informé de chacune de vos capacités, alors ça ne m'a posé aucun problème.
Ah, il venait de marquer un point. Rin se mordit la lèvre et le lâcha du regard.
- Vous avez raison. Lui concéda Anna. Nous avons été négligents, et ça aurait pu nous coûter gros. Toutefois, nous vous le demandons maintenant : vous semblez en savoir bien plus que vous nous le dites, et cela représente un problème majeur si nous devons faire équipe.
Il sourit à l'entente des mots de la jeune femme. Elle l'avait mise dos au mur, elle avait bien joué son coup.
- Je ne suis pas particulièrement informé, je vous en aie déjà dit énormément. Cela fait plusieurs mois que je mène cette enquête, et elle n'a quasiment pas avancée. Je dois avouer que, malgré la longue expérience que je possède, aucune autre affaire ne m'a jamais donné autant de mal que celle-ci. Notre coupable efface bien ses traces. Pour ce qui est de mon pouvoir, en revanche, je peux bien évidemment vous apporter quelques précisions.
Ses yeux se posèrent sur la main qu'il avait utilisé pour séparer l'homme de la chimère un peu plus tôt.
- En fait, comme vous avez pu vous même le constater, il m'a permis de séparer ce compatible d'une chimère. Mais il ne s'arrête pas à ça. Je peux séparer toute chose qui serait le fruit d'une fusion. Par exemple, je pourrais disloquer un mur de briques, car il est constitué de briques et de ciment. C'est en activant ce pouvoir par mégarde sur l'une de ces créatures lors d'une de mes missions que j'ai découvert qu'elles résultaient en réalité de la fusion d'un compatible et d'une chimère. Ainsi, comme j'étais le seul à pouvoir diviser ces deux êtres, c'est à moi que l'on a confié la tâche de retrouver celui qui était derrière tout ça.
- Je vois, ça paraît plus logique maintenant... Souffla Aimée.
- Mais finalement, ça ne nous avance pas beaucoup. Lâcha Jules. On sait certes qu'on aurait pas nécessairement besoin de les tuer, mais le coupable, lui, court toujours, et on a pour l'instant absolument aucun moyen de l'arrêter.
- Je te trouve bien pessimiste ! Lui lança Morales en lui donnant une tape dans le dos. Pour notre part, on vient seulement d'entamer cette enquête, c'est normal qu'on ai pas encore beaucoup progressé. Mais ça va venir, il faut seulement s'accrocher.
- Oui, vous devez très certainement avoir raison... Soupira Jules en se massant l'omoplate : cet homme avait bien plus de force qu'il n'y paraissait.
- Bon, ce sera tout pour aujourd'hui. Annonça finalement leur professeur. Allez vous reposer, vous l'avez bien mérité.
- Ah c'est pas trop tôt ! S'écria Dio. J'ai vraiment la dalle en plus.
- Moi aussi. Avoua Sakura. Allons manger avant que la cantine ne ferme !
Les adolescents saluèrent leur professeur ainsi que Freud, et s'éclipsèrent en direction de la cantine.- Ah ! C'est enfin fini ! Soupira Sakura en s'étirant sur sa chaise.
- Les cours de maths sont vraiment les pires... se plaignit Aimée en rangeant ses affaires dans son sac.
Dio et Jules les rejoignirent rapidement : l'épuisement se lisait aussi sur leurs visages.
- Vous voulez qu'on fasse quoi ? Questionna Jules.
- Allons manger une glace en ville ! S'écria Sakura.
- Ça me va. Répondit Aimée. Il faut juste que je passe au CDI pour rendre un bouquin.
- Je vais t'accompagner. L'informa Dio. La prof de français m'a demandé de lui faire un petit exposé sur Louise Michel : je voudrais voir s'ils ont pas des choses sur elle.
- On vous retrouve un peu plus tard, partez devant. Leur lança Aimée.
- Ça marche.
Après s'être mis d'accords, ils se séparèrent. Le CDI se trouvait dans le bâtiment opposé au leur, ils avaient donc pas mal de marche à faire. Dio sortit son portable et fit défiler son fil d'actualité.
- Oh ! Ils ont des films pas mal au cinéma cette semaine !
- C'est vrai ? Ce serait bien qu'on y aille, vu qu'on va pas avoir de vacances avec la mission...
- Grave ! Un bon thriller, y a rien de mieux ! S'exclama l'adolescent.
- Je suis plus branchée action perso... Genre super héros et tout !
- Moi aussi j'aime bien, mais j'avoue que j'aime bien avoir peur !
- C'est marrant ça, je t'imaginais pas du tout comme ça ! Rigola Aimée.
- Hé vous deux !
Les deux amis se stoppèrent et firent volte-face. Ils tombèrent nez à nez avec leur professeur.
- Monsieur Morales ? Vous avez besoin de quelque chose ? L'interrogea Dio, surpris.
- Vous êtes libres ? Je ne trouve pas les autres, et on vient de recevoir une mission. Leur expliqua-t-il. C'est plutôt urgent, j'ai pas le temps de leur courir après.
Les deux adolescents soupirèrent discrètement : ils pouvaient dire adieu à leur glace.
- On vous suit.Dans la voiture, seuls étaient présents Dio, Rin, Freud et Aimée. Morales, quant à lui, les supervisait à distance. Cette mission n'avait en soi rien de bien compliquée, car d'autres hunters avaient déjà fait le travail pour eux : ils avaient attrapé un compatible enregistré dans la base de données, qui s'était montré particulièrement violent. Il s'en était notamment pris à des passants, mais avait rapidement été appréhendé. Le directeur avait soupçonné qu'il s'agisse d'une chimère parlante, alors il avait immédiatement prévenu le professeur et son équipe. Aimée et Dio avaient bien évidemment averti leurs amis, et ils avaient fini par manger sans eux.
En arrivant sur place, ils firent la rencontre de Marc Blake et Marie Sanchez, les deux hunters s'étant occupés de la capture de leur présumée chimère.
- Vous pouvez disposer. Les informa Freud. Nous nous occupons de la suite.
Ils obtempérèrent sur le champ, bien contents d'avoir enfin fini leur journée. Dio s'agenouilla devant l'homme qui ne cessait de se débattre, malgré les lourdes chaînes qui le retenaient attaché à une chaise. Ses yeux étaient rouges comme le sang, et une répugnante mousse blanche s'échappait de sa bouche, coulant le long de sa mâchoire.
- Il est sacrément remonté... Souffla-t-il.
- Ça m'a tout l'air d'être une chimère parlante. Lâcha Rin. En tout cas, il en a toutes les caractéristiques.
- Vous pensez qu'elle pourrait nous donner des informations sur celui qui l'a créée ? Demanda Aimée à l'intention de Freud.
- Ça m'étonnerait. Une chimère reste une chimère, même si elle a fusionné avec un humain. Lui répondit-il. On a bien essayé d'interroger les compatibles que j'avais réussi à sauver, mais ils ne se rappelaient d'absolument rien. Il fait toujours en sorte qu'on ne puisse rien contre lui.
Le prêtre s'avança et tendit la main vers le visage de la chimère. Il lui toucha le front, et une vive lumière les aveugla. Lorsqu'elle disparu, la chimère avait été séparée de l'homme, à présent inconscient. Le monstre se jeta sur Freud, mais Aimée s'interposa et et le trancha net avec sa faux.
- Encore une fois, ça n'aura servi à rien... Murmura Rin.
- Hé, appelez une ambulance ! S'écria Dio. Il saigne, il est blessé !
Tous se ruèrent sur l'homme et le retournèrent pour examiner sa plaie. Elle se trouvait sous sa chemise ensanglantée, alors ils la lui ôtèrent. Ils se figèrent en l'apercevant : sur son dos était gravé à même la chair : « Attrapez-moi si vous le pouvez ».
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Last Stardust || Inspiration D.Gray Man
Romance"J'ai chaud. J'ouvre les yeux. Je me trouve dans une grande salle de bain épurée, dont la buée provoquée par la chaleur du bain dans lequel je suis allongée brouille ma vue. Je sens un corps derrière le mien, et bientôt deux bras viennent m'enlacer...