*Chapitre 30*

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- Où est-ce que je suis ?
Tout était noir. Aucun son ne parvenait aux oreilles d'Aimée, qui n'osait pas bouger. Même sa voix ne portait pas, semblant être étouffée par le vide qui l'entourait. Rien le lui permettait de deviner où elle se trouvait, et sa mémoire lui faisait défaut. Les battements de son cœur s'accélérèrent, sa gorge se noua et les larmes lui montèrent aux yeux. Elle était seule, horriblement seule. Et elle avait peur. Quoi de plus de normal ? Ses pensées se dirigèrent automatiquement vers Tyki. Lui, où était-il ? Il y avait un instant à peine, il se disputait avec Natalia. Il était à ses côtés. Et maintenant, il avait disparu. Ça la paniquait encore plus : sans lui, elle était vulnérable. Elle était faible. Il fallait qu'elle le retrouve. Elle avait besoin de lui.
- Tyki ! Tyki !
Pas de réponse. Son corps se mit à trembler, et elle s'accroupit pour tenter de se calmer.
- Tyki... où est-ce que tu es passé... ?
- Alors, qu'est-ce que ça fait d'être seule au monde ?
L'adolescente releva la tête. Cette voix, elle la reconnaîtrait entre toutes : grave et séduisante, elle ne pouvait que lui appartenir. Ça ne pouvait être que lui. Face à elle se trouvait un homme grand habillé avec élégance, dont les longs cheveux noirs ramenés en que queue de cheval dévoilaient un visage mature, des yeux presque dorés et une peau légèrement basanée. Il avait un petit sourire en coin, la situation semblait beaucoup l'amuser.
- Tyki ?
- Tu pleures ? J'y crois pas, tu es vraiment entrain de pleurer ! Se moqua-t-il.
- Hein ?
Il se pencha et saisit ses joues avec force, les lui écrasant complètement.
- Tu es pathétique.
Aimée se figea. Pourquoi disait-il ça ? Pourquoi était-il soudainement si méchant avec elle ? Elle avait pourtant été si soulagée de le voir, elle n'était enfin plus seule. Mais désormais, elle avait simplement mal. Sa poitrine la faisait affreusement souffrir.
- Tyki, qu'est-ce qui te prends ?
Un sourire carnassier s'allongea sur son visage.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Tu étais pourtant si gentil...
- Ahah, tu es encore plus idiote que ce que je pensais. Tu ne t'es véritablement jamais demandé pourquoi un homme comme moi s'intéressait à une moins que rien comme toi ? Tu n'as quand même pas gobé ce truc d'âmes-sœurs ?!
- Mais...
Les mots restèrent coincés. Sa gorge bloquait tout, et ses larmes menaçaient de couler à nouveau.
- J'avais simplement besoin de ton pouvoir pour arriver à mes fins ! Tu n'étais qu'un pion, un misérable objet que j'ai fini d'utiliser ! Et maintenant que tu ne m'es plus d'aucune utilité, je n'ai plus qu'une chose à faire : te jeter comme le déchet que tu es !
Ah, c'était donc ça. Toute leur histoire, depuis le début, n'avait été qu'un énorme tissu de mensonges. Elle comprenait maintenant. Elle s'était faite avoir. Elle avait été bien naïve. Elle souffrait. Elle ne retint pas davantage ses sanglots, et s'effondra devant lui. Le plus insupportable à ses yeux était que malgré tout ça, malgré toutes les horreurs qu'il venait de lui dire, elle l'aimait encore. Elle en était follement amoureuse, et rien ne pouvait effacer ce sentiment.
- Tu pleures encore ? Ah, tu es vraiment énervante. J'en ai assez de toi, tu me fatigues...
- Pourquoi... ? Après toutes ces années... toutes ces nuits... on s'était enfin retrouvés... tu avais l'air si heureux...
« Si tu savais depuis combien de temps je rêve de ce moment. Je voulais tellement qu'on se retrouve comme ça dans la vraie vie. »
« Je t'aime, Aimée. »
Non. C'était impossible. Tous ces souvenirs ne pouvaient pas être faux. Au fond d'elle, elle le savait. Ces moments passés tous les deux ne pouvaient n'être que mensonges. Tyki n'était pas comme ça. Il était sûrement sadique, égoïste et ses principes quelque peu douteux, mais il n'était pas manipulateur. Il avait toujours été honnête avec Aimée, et n'avait toujours souhaité que son bonheur. Il l'aimait.
Elle releva la tête vers l'homme devant elle, s'essuya les yeux d'un bref revers de manche et se redressa pour lui faire face. Cette expression mauvaise qu'il arborait, ça ne pouvait décidément pas être la sienne. Ce sourire, elle ne l'avait vu que sur un seul visage, et jamais elle ne l'oublierait. L'adolescente plongea son regard dans celui de l'inconnu, et le défia silencieusement.
- Tu n'es pas Tyki.

- Fait chier !
Tyki, le corps tremblant de haine,fixait Irène sans oser bouger. Celle-ci ne cessait de rire.
- Ahahah, bah alors Tyki ? Tu ne m'attaques pas ?
L'homme ne savait pas quoi faire. Il savait pertinemment que s'il attaquait, ce serait Aimée qu'il blesserait.
- Tyki, je peux savoir ce qu'il se passe à la fin ?! S'écria Natalia derrière lui.
Mince, il l'avait oublié celle-là. Mais sincèrement, elle était le cadet de ses soucis. Tout ce qui lui importait à présent, c'était de ramener Aimée. Rien n'avait plus d'importance que ça. Par conséquent, il l'ignora complètement.
- Irène, arrêtes tes conneries maintenant ! S'énerva-t-il.
- Que tu es vulgaire, je ne te croyais pas si malpoli ! Plaisanta-t-elle.
C'en était trop, il ne pouvait en supporter davantage. Il en était arrivé à un tel point d'énervement que ses pensées commençaient à s'embrouiller. Il était entrain de perdre le contrôle. Il s'élança vers Irène en furie, et leva le poing en l'air, prêt à la frapper.
- Rends-la moi ! Rends-moi Aimée !
Le jeune femme ne semblait pas le moins du monde terrorisée. Au contraire, son sourire s'étira davantage.
- Qu'est-ce que tu crois faire ? Si tu m'attaques, c'est elle que tu blesseras, pas moi. D'où je suis, je ne crains rien.
Il se stoppa sur le champ, et l'attrapa finalement par le col.
- Sors de là, Irène. Je ne le dirais pas deux fois.
- Et que comptes-tu faire si je refuse ?
Il sourit à son tour.
- T'oublies un truc essentiel : ça fait un moment qu'on se connaît maintenant. Par conséquent, je connais le moindre de tes points faibles, et en l'occurrence, lorsque tu utilises ce pouvoir, ton véritable corps, lui, reste vulnérable. Alors je te traquerais sans relâche, et je te tuerais.
Irène le repoussa violemment, désormais elle aussi en colère.
- Tss, tu crois sérieusement que tu vas me faire peur, crétin ?! Dans tes rêves ! Je te tuerais la première, et avec le corps de cette idiote que tu affectionnes tant !
Alors qu'elle s'apprêtait à attaquer, elle se recroquevilla soudain sur elle-même, et plaça ses mains sur ses tempes en hurlant.
- Argh ! Qu'est-ce que... Fait chier ! Ah !
- Qu'est-ce qu'il se passe ? S'étonna Sakura. Elle perd la tête ou quoi ?
Ses yeux, jusqu'à présent rouge sang, reprirent leur couleur d'origine et se mirent à pleurer.
- Sors de là, rends-moi mon corps !
Se débattant de douleur, Aimée tentait désespérément de reprendre le contrôle. Elle finit par s'écrouler. Tyki se rua vers elle et la souleva légèrement.
- Aimée ?! Aimée ?!
L'adolescente rouvrit les yeux, dévoilant de petites pupilles noisette. Elle lui offrit son plus beau sourire.
- Je suis revenue !

- Merde !
De retour dans son véritable enveloppe charnelle, Irène reprenait peu à peu conscience. Elle se frotta le visage et se releva doucement. Elle grinça des dents et se dirigea furieusement vers l'aquarium qui contenait les cent âmes de compatibles.
- Ils vont voir de quel bois je me chauffe !

Last Stardust || Inspiration D.Gray ManOù les histoires vivent. Découvrez maintenant