Chapitre 13

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Ma maison est telle que je l'ai laissé. Avec deux trois petits changements qui ne me perturbent pas. La peinture fait ressortir le mobilier. Ca donne plus de peps. Notre maison ressemble un peu aux autres de la rue. Elles ont toutes été construites en même temps. Nous avons un garage, petit certes mais il sert à ranger des outils et toutes nos valises de voyage. Dieu sait que nous en avons beaucoup. Ma mère préfère avoir trop de vêtements que trop peu. Dès que nous partons, elle vide son dressing pour le mettre dans ses valises. Elle est comme ça.

Je suis l'inverse d'elle. J'ai besoin de peu de choses, quitte à en manquer. 

Nous avons un énorme jardin qui donne vue sur la forêt. L'idéal pour mon toutou qui adore promener. Nous n'avons pas de piscine mais on pense en installer une un jour. Je ne sais pas si ma mère a vécu dans cette maison avec mon père. Elle ne parle jamais de lui. Il est parti et c'est comme s'il n'avait jamais existé. Il m'a juste donné une partie de son ADN.

 Dès que je passe le salon, mon chien, un golden retriever me saute dessus en aboyant. Je m'abaisse pour le caresser en lui chuchotant des "je t'aime mon gros". Il me lèche le visage et sa queue s'agite dans tous les sens.

- Atos, calme toi.

Il ne se calme pas pour autant. Il me suit partout ou je vais, jusque dans ma chambre ou ma mère dépose mon sac sur mon lit. Elle m'aide à enlever tous les vêtements pour les mettre à laver. Je m'assois sur mon lit et repose mes béquilles sur le sol. Atos s'empresse de sauter sur mon matelas et s'installe confortablement à coté de moi, en regardant ma mère s'affairer.

- Repose toi un peu Eden. Tu es épuisée, me dit-elle en emportant la manne de linges.

Elle se penche pour embrasser mon front et mes cheveux. Puis elle descend pour surement faire tourner des machines de lessive. Je me couche dans mon lit et remonte la couverture sur moi. Je me retourne et mets mon nez dans mon coussin. Mon odeur. J'ai l'impression de ne plus l'avoir senti depuis longtemps. Elle m'a manqué.

Mon chien se déplace pour se coller à ma poitrine, la truffe contre mon cou. Je ris doucement contre sa tête et ne tarde pas à m'endormir.

Lorsque je me réveille, il fait déjà noir. Je tourne la tête vers mon téléphone. Il n'est que dix huit heures une. J'entends une petite musique en provenance dans la cuisine. Je me lève et regarde par la fenêtre de ma chambre. Je remarque tout de suite la voiture de Dylan. Je descends les rejoindre sans prendre mes béquilles. La descente est difficile. Je les trouve en train de cuisiner.

Je m'adosse au frigo et les regarde rigoler ensemble, alors qu'ils semblent faire des poivrons farcis.

- Coucou.

Ma voix les fait sursauter et maman met une main sur son cœur en se tournant vers moi.

- Oh chérie, tu es réveillée. 

J'acquiesce. Dylan se lave rapidement les mains et me rejoint pour m'enlacer. Il s'écarte après de longues secondes. J'observe ma mère qui le regarde avec tendresse. Elle l'aime vraiment. C'est tout ce qui compte.

- Alors, comment va notre survivante ? Bien reposée ?

- Bien évidemment que oui Dylan. En plus, je meurs de faim, je l'informe en me dévissant le cou pour regarder toute leur préparation.

Il éclate de rire et m'amène jusqu'au plat.

- Avec ta mère, on s'est dit qu'on allait se faire plaisir. On a même fait un gratin dauphinois et une gigantesque mousse au chocolat.

Mon ventre grogne. J'ai vraiment faim. J'ai l'impression de ne plus avoir mangé depuis une éternité.

- Je le mets au four. Tout est prêt dans une petite demi-heure. En attendant, des chips.

Il prépare un apéro tandis que je vais m'asseoir dans le fauteuil, essoufflée. Maman m'aide à surélever mes jambes. Les chips arrivent et je me rue dessus comme une hyène affamée. Dylan et ma mère pouffent de rire devant ma réaction. Ils allument la télé pour écouter les informations. On passe une soirée tranquille, on rigole, on mange.

Je remonte dans ma chambre en boitant. Je m'accroche à la rampe d'escalier et m'échoue dans mon lit. Je relève les yeux sur les photos que j'ai affichées. Beaucoup avec Jeremy. Je soupire.

Je ne t'oublierai jamais Jeremy. J'espère que tu es bien là haut.

Je les enlève de mes murs pour les mettre dans un petit carton. J'enlève tout ce qui me fait penser à mon meilleur ami. Je consulte mes messages sur mon ordinateur. J'en ai plus d'une centaine. Mon facebook est inondé. J'essaie d'y répondre mais au bout d'un moment, je suis fatiguée. Je publie un rapide message général pour remercier tout le monde d'avoir pris des nouvelles, je leur dis que je vais bien et que je me repose pour l'instant.

J'ai plusieurs demandes en amis. Beaucoup de gens qui étaient dans mon école. Je les accepte avant de me déconnecter. Ma boite mail n'est pas mieux. Je leur répondrai demain. Ils peuvent encore attendre un jour de plus, même si certains mails datent d'il y a plus de deux mois.

J'enfile mon pyjama et me couche dans mon lit. Atos me rejoint encore une fois. Il me lèche la joue avant de fermer les yeux.

Ton âme dans la mienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant