Chapitre 19

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Il y a ce bip incessant qui me torture l'esprit. Ou je suis ? Et pourtant je ne vois qu'un voile noir devant mes yeux. Est-ce que je dors ou est-ce que j'ai les yeux ouverts ? Je suis peut-être aveugle. Je repense à tous ces bouts de verre projeter contre mon visage. Je ne suis pas sure d'avoir réussi à me protéger.

J'aimerais pouvoir bouger mais je n'ai plus de force. Je suis vidée de toute énergie. Il y a cette douleur...Très intense au niveau de mon ventre. Je ne sais pas ce que c'est. Je ne sais plus ce qui s'est passé. Je ne me souviens plus.

J'aimerais pouvoir parler. Exprimer ce que je ressens. Pouvoir leur dire que j'ai mal. Que je souffre en silence.

Que je souffre aussi du silence. Il me fait peur comme la noirceur autour de moi. Je l'ai déjà vécu mais différemment. Dans mes précédents comas, je rêvais. De tout et de rien. J'avais rêvé de mon ami Jeremy. 

Vais-je mourir ? Est-ce normal de ressentir ce mal-être ? 

Je ne sens rien. Je pourrais sentir la présence de maman, mais aucune chaleur ne traverse ma peau. Aucune voix ne perce l'air. Je suis seule.

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Monter la montagne est facile. Semée d'embuches mais je les brave avec courage. Rien ne peut arrêter ma détermination. Je voulais faire cette montagne et je la fais enfin. C'est l'année de mes rêves. Je peux tout affronter. Je vois le paysage se révéler devant mes yeux ébahis. C'est impressionnant. 

Mais alors que je continue de grimper, l'image se brouille et je me retrouve dans un autre endroit. Un cimetière. Pas n'importe lequel. Le cimetière ou repose Jeremy. 

Je m'approche de sa tombe. Elle n'a pas changé, remplie de fleurs de toutes les couleurs. Elles ne semblent pas mourir sous le froid. D'ailleurs, je suis en t-shirt. J'ai toujours bon. L'air frais ne m'atteint pas.

- Hey Jeremy.

Je n'espère pourtant pas de réponse mais voilà que sa voix retentit derrière moi.

- Ma Eden.

Je me retourne et je peine à tenir sur mes jambes tant la surprise me fait vaciller. Je cours me réfugier dans ses bras. Il me réceptionne en riant. Je retrouve son odeur qui m'avait tant manquée. Je le serre contre moi, ne voulant pas le lâcher un seul instant. Je ne veux plus me séparer de lui, ne serait-ce que d'un centimètre.

- Eden, calme toi.

Je m'en rends compte que je pleure. Je ne sais pas m'arrêter tant je suis heureuse de le voir. Je ne peux plus arrêter l'eau de couler. Je suis bien trop heureuse pour me soucier du fait que je trempe sa chemise.

- Jeremy ! 

Il me serre toujours contre lui. Je sais qu'il souhaite que je m'écarte mais je ne le fais pas. Il va disparaitre d'un instant à l'autre. Je ne veux pas.

- Eden, je sais que je suis mort mais tu m'étrangles.

Il ricane devant ma prise qui faiblit. Je relâche sa nuque en reculant, un peu penaude. Il voit ma mine gênée et en rit.

- Je t'ai manqué ?

- Plus que tu ne l'imagines, avoué-je. Ou sommes-nous ?

- Dans un cimetière parallèle. 

Je fronce des sourcils, intriguée par le mot "parallèle".

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Il semble chercher ses mots. Je l'intime du regard de m'expliquer.

- Tu es entre la vie et la mort, Eden. Ce que tu vois ici, n'est absolument pas réel. En attendant de savoir si tu vas vivre ou mourir, tu es dans cet endroit. Tu te souviens de ce qui est arrivé ?

Je secoue la tête. Jeremy prend mon bras et m'emmène vers un banc à l'écart des tombes.

- Ok, tu as eu un accident. Ce n'était pas de ta faute. Tu n'as pas vu la voiture à ta gauche. Elle est arrivée tout d'un coup, bien au dessus de la limite autorisée de 70km/heure. Elle n'a pas pu freiner à temps et elle t'est rentrée dedans. Ta vouture a fait de nombreux tonneaux. Des gens sont venus t'aider. 

- C'est grave comment ? je lui demande pour en avoir le cœur net.

Cette année, je ne suis pas épargnée.

- Vraiment très grave, Eden.

Mon meilleur ami me regarde avec gravité. Je prends conscience que je vais peut-être mourir dans les minutes qui suivent.

- Je dois faire quoi ?

- Juste te battre.

Soudain, il se lève et commence à s'éloigner, me laissant seule sur le banc.

- Et comment ?

Il ne me répond pas et lentement, son corps se dissipe jusqu'à ce que je ne le vois plus. Je baisse les yeux sur mon corps. Il n'a rien en apparence. Je me demande quelles sont les gravités. Est-ce que la personne qui m'a foncée dessus est encore en vie ?

Je dois me battre pour ouvrir les yeux.

Ton âme dans la mienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant