CHAPITRE QUATORZE

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TW: vulgarité

2 NOVEMBRE 2021, 8H — NABIL

La réunion vient à peine de commencer que je suis déjà en train de regarder ma montre. Ce client est particulièrement ennuyeux. Tarik me regarde avec un air sévère alors je repose mon bras sous la table et écoute attentivement notre cher client. Ce contrat est très important pour notre entreprise, il pourrait nous rapporter gros. Ça serait mentir que de dire que le mariage ne me coûte pas une fortune. Melek est une femme simple mais son père est compliqué et exige le meilleur pour sa fille. C'est compréhensible mais c'est coûteux pour moi.

La réunion dure une petite heure puis on raccompagne le client qui nous a déjà fait son offre mais le contrat sera envoyé dans le courant de la semaine prochaine. Mon frère et moi sommes très satisfaits de cette réunion, un tel contrat est prometteur pour nous.

On va boire un café les deux histoire de discuter. Notre journée de travail est déjà terminée. Ce n'est pas toujours comme ça mais après avoir bouclé un gros projet, il nous reste très peu de choses à faire.

On prend l'ascenseur pour aller à la cafétéria de l'entreprise, qui se trouve au dernier étage du bâtiment. Il y a peu de monde, tous nos employés travaillent. Tarik va commander les cafés pendant que je vais déjà m'assoir. Je choisis une table qui nous offre une belle vue et qui est proche de la terrasse, au cas où on aimerait fumer.  Mon frère me rejoint et soupire avant de s'assoir.

- Putain, c'était chaud. Je suis content que ça soit fini, dit-il en regardant dehors.
- J'te jure. Mais maintenant qu'on a bouclé ça, les affaires seront bonnes.
- J'espère. On a tous les deux un mariage à financer.
- Tu vas lui faire quand ta demande?
- Dans un mois on fête nos 8 ans de couple. Je pense que c'est le jour idéal.
- Putain, 8 ans. Déjà.
- Ouais, bon ça faisait au moins 2 ans qu'on se tournait autour.
- Elle te kiffait depuis la seconde et je m'en étais même pas rendu compte.

On se met à rire. Je suis vraiment nostalgique de cette époque.

- Tu te sens comment toi? me demande-t-il plus sérieusement.
- Sous pression. Le mariage est dans un mois et je sais pas, c'est trop bizarre comme sensation.
- T'as tout réglé avec l'autre? dit-il en faisant référence à Aylin.
- Ouais, je t'ai dit que j'étais allé la voir y a un mois et que c'était bon.
- Tu m'as fait peur Nabil. T'sais, si tu te sens pas prêt vaut mieux le dire avant que ça soit trop tard. T'aimes trop les meufs pour te contenter d'une seule.
- Non, je suis prêt. Je regrette ce que j'ai fait. J'ai beaucoup réfléchi et plus je passe de temps avec Melek, plus je me rends compte que c'est la bonne.

Il me sourit. J'ai menti, en partie. Je vois tellement peu Melek que c'est difficile de la connaître. On ne prépare que le mariage sans avoir le temps ni le droit d'avoir un minimum d'intimité. Je ne parle pas de sexe mais d'une conversation où on pourrait se parler seul à seul. Je n'arrive pas à être naturel quand il y a 5 autres personnes dans la même pièce que nous. J'ai plus parlé en 15 minutes avec Aylin l'autre soir au quartier qu'avec Melek depuis qu'on se connaît. Je n'ai jamais parlé d'un sujet aussi intime que mon enfance avec elle.

La serveuse nous apporte nos cafés et je cherche à capter son regard mais elle le garde baissé sur les cafés.

- Voilà vos cafés messieurs.

Elle repart aussitôt et je souris en coin. Je l'ai séduite il y a quelques mois et elle est toujours autant gênée de me croiser. Elle n'ose plus me regarder dans les yeux, pourtant ça ne l'a pas gênée de le faire pendant qu'elle me suçait.

Tarik me regarde avec insistance alors j'arrête de sourire et je prends ma tasse de café avant de l'amener à mes lèvres.

- Quoi? Elle aussi? Putain Nabil t'es pas sérieux?
- C'était y a longtemps, quand elle avait à peine commencé à travailler ici.
- Est-ce qu'y a une seule femme dans cette entreprise que t'as pas baisée? dit-il désespérée.
- Ouais, Mathilde.

Il explose de rire et je le suis. Mathilde est la femme de la réception et elle a environ 60 ans.

- Je sais vraiment pas comment Mustafa a fait pour accepter de te donner la main de Melek.
- On ne me dit pas non à moi, dis-je avec un clin d'œil.
- T'étais pas autant confiant quand t'es allé la khtob. T'aurais dû voir ta tête.

Il rit et je grimace en lui faisant un doigt. Je finis rapidement mon café et je me lève.

- Bon, je dois y aller. J'ai des trucs à faire.
- OK, oublie pas de venir manger à la maison ce soir. Rachida fait du couscous juste pour toi.
- Quelle heure déjà?
- Viens pour 19h.
- Ça marche.

Il me fait un signe de tête et je pars. Je vois la serveuse me regarder du coin de l'œil et je ris doucement.

19H

Je me gare devant la maison familiale et je sors de la voiture. Je sonne mais n'attends pas qu'on vienne m'ouvrir pour entrer. C'est juste pour les prévenir que je suis là.

Pendant que j'enlève mes chaussures, je sens quelqu'un me sauter sur le dos. Je ris et j'attrape mon neveu. Je le lève en l'air et il se met à hurler. Jasmine arrive en courant et soupire quand elle nous voit.

- Nabil, repose-le. Vous m'avez fait peur.
- Tranquille wesh.

Elle secoue la tête et repart dans le salon. Je repose Yassine par terre et je vais dans le salon, le petit dans mes pattes. Je salue tout le monde et mon beau-frère Issam me donne un coup dans l'épaule, mais il fait exprès de ne pas le faire trop fort.

- Arrête de faire chier ma femme Andrieu sinon toi et moi on aura des problèmes.

Je me mets à rire et il fait de même en regardant sa femme. Jasmine lève les yeux au ciel et prend son fils dans les bras. Il a 5 ans mais elle le traite comme un bébé de 1 an.

Rachida nous rejoint dans le salon et me fait un bisou sur la joue. Je souris et dépose un baiser sur son front, avant de mettre mon bras autour de ses épaules. Je l'aime comme si c'était ma propre mère.

AYLIN / N.O.S (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant