AYLIN / N.O.S (PNL)

CHAPITRE QUATRE

TW: accident, mort, drogues

19 SEPTEMBRE 2021, 10H — AYLIN

J'ouvre les yeux et grimace. La lumière du jour me fait mal aux yeux et la gueule de bois n'aide pas. Je m'étire et je sors doucement du lit en essayant de ne pas réveiller Hakan. Je file ensuite sous la douche et je me lave. Je fais le plus vite possible. Je me rhabille et je rassemble mes affaires de la veille. Je sors de sa chambre sur la pointe des pieds quand je l'entends se racler la gorge. Je m'arrête et fais demi-tour. Je me retrouve face à un Hakan à moitié nu, les mains sur les hanches.

- Tu voulais partir en douce là?
- Je suis pressée, dis-je en riant.
- T'aurais pu me prévenir.
- Je voulais pas te réveiller.

Il ne rigole pas. Il hausse les sourcils et me fait signe d'approcher. Je m'avance doucement vers lui et il m'embrasse. Je réponds à son baiser mais j'y mets rapidement fin.

- Je dois y aller.
- OK, mais appelle-moi un de ces jours, dit-il en soupirant.
- Ouais, t'inquiète.

Je lui fais un signe de la main et quitte son appartement. Je monte dans ma voiture et je souffle avant de poser ma tête sur le volant. Je regrette déjà. Hakan est mon ex et on s'est croisé en boîte hier puis on a terminé la soirée chez lui. C'était bien, comme d'habitude, mais je n'aurais pas dû. Le problème c'est qu'il pense que si on couche ensemble, ça veut dire qu'on va se remettre ensemble. Et je n'ai pas envie. C'est un mec toxique et ça fait 3 ans qu'on n'est plus ensemble mais grâce à ses mots doux, il arrive à m'avoir dans son lit plus souvent qu'il le faudrait.

Je décide de démarrer après 5 bonnes minutes et je crispe quand des souvenirs de ce jour me reviennent. Ces souvenirs m'ont longtemps empêchée de passer mon permis parce que j'avais peur de conduire et de faire un accident. Maintenant j'arrive à conduire parce que j'en ai besoin mais ça me pourrit la vie. Ces images ne quittent pas ma tête, j'en fais même des cauchemars à peu près toutes les nuits. Je revois le regard effrayé de mon père, sa voix tremblante qui me répète de fermer les yeux, ma main qui tente d'attraper la sienne, le BOOM. J'ai perdu conscience et je me suis réveillée à l'hôpital où on m'a annoncé la mort de mon père.

18H

Je roule tranquillement mon joint pendant que ma mère me fait la morale. Elle n'a jamais apprécié Hakan, même s'il est riche, et ne voulait pas que je le fréquente.

Il a été mon seul et unique copain, même si je n'ai jamais été amoureuse de lui. Je crois que lui l'a été, il m'avait même demandé de l'épouser mais on était trop jeunes. Suite à ça, je me suis rendue compte que notre relation était malsaine et je l'ai quitté mais il ne l'a jamais accepté.

- Je ne comprends pas pourquoi tu perds ton temps avec ce con. T'aurais dû aller vers Nabil.
- Maman, tu comprends pas, justement. Il faut que ça soit fait subtilement si je veux le rendre accro. Lui faire croire que je ne le veux pas, pour qu'il me veuille.
- Peut-être, mais il faut bien qu'il te voit.

Je lève les yeux au ciel et allume mon joint. Ma mère déteste que je fume à la maison mais j'ai la flemme d'aller à la fenêtre.

Elle continue de me faire sa théorie sur Nabil alors que je ne l'écoute plus depuis un bon moment. La beuh commence déjà à faire effet. Je me sens détendue.

- Tu peux pas sortir pour fumer? me dit-elle, agacée.
- Non.
- Arrête de fumer cette merde d'ailleurs.
- Tu sais que ça m'aide à ne pas faire de cauchemar.

Elle prend soudainement un air triste. Je n'ai plus vu ma mère sourire depuis la mort de mon père. Avant, c'était la femme la plus heureuse de la planète Terre. Mon père et elle s'aimaient d'un amour vrai et sincère. Ils se sont mariés malgré leurs 2 familles qui s'y opposaient. Mais depuis 10 ans, c'est comme si elle avait perdu une partie d'elle-même.