CHAPITRE TROIS

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18 SEPTEMBRE 2021, 18H — AYLIN

Après avoir travaillé toute la journée dans ce foutu Carrefour, je peux enfin rentrer chez moi.  Je déteste ce boulot mais je suis obligée de le faire sinon ma mère et moi on n'aurait rien à manger. J'aurais voulu faire des études et j'avais les capacités pour mais après la mort de mon père, mes oncles ont repris tout son argent dont mon héritage alors ma mère et moi nous sommes retrouvées dans la misère. On n'avait même pas de quoi nous habiller durant les premiers mois alors c'était difficile de penser aux études. C'était devenu un luxe qu'on ne pouvait pas se permettre. Ça a été un changement brusque parce que du jour au lendemain, j'ai perdu mon père, le reste de ma famille et tout mon argent. J'ai grandi dans une famille riche et je ne m'étais jamais soucié de l'argent. Je ne m'étais jamais imaginé qu'il était possible d'en manquer, je ne connaissais pas ça. Mais du jour au lendemain, c'était devenu mon quotidien d'en manquer. Et 10 ans plus tard, on n'est toujours pas dans une situation stable.

Je monte dans ma vieille voiture qui est fracassée et qui commence à faire des bruits bizarres mais tant qu'elle roule, je ne m'en soucie pas encore. Je ne peux pas me permettre de me soucier de ça maintenant.

Je vais directement chez Dilan, ma copine. Je la connais depuis que je suis au collège. Elle est turque et nos mères se connaissent, ce qui fait qu'on se voit pratiquement tous les jours.

Arrivée devant chez elle, je monte jusqu'à son appart et je toque à la porte. Elle prend du temps à ouvrir... Après 5 bonnes minutes, un mec baraqué sort de son appartement et me bouscule au passage. Je l'insulte et il me fait un doigt d'honneur sans même me regarder. Je rentre dans l'appartement en riant.

- T'aurais dû me dire que t'étais occupée, je serais venue plus tard.
- Qu'est-ce que tu racontes? Tu m'as sauvée. Il était trop nul, je m'ennuyais grave.

Je ris. Cette fille est obligée d'avoir sa dose sinon elle est pas bien. On va s'assoir dans son canapé et je m'allume une clope.

- C'est toujours bon pour ce soir?
- Pour aller en boîte? Ouais. Il faut juste que je redemande à Bahar si elle vient.
- OK ouais.
- Bon bah envoie-moi un message, je vais rentrer me doucher.
- OK.

Je lui fais un bisou et j'y vais.

Je check mes notifications avant de démarrer ma voiture et je vois que ma très chère cousine Melek m'a envoyé un message pour me proposer de l'accompagner trouver sa robe de mariage. Je ris et ne réponds pas.

Melek et moi étions comme des siamoises quand on était petites. Je l'aimais comme si c'était ma sœur. Seulement, après la mort de mon père, toute la famille nous a tourné le dos. J'étais jalouse d'elle, pourquoi elle avait toujours son père et de l'argent elle? Pourquoi c'est à moi que c'est arrivé? Pourquoi pas à elle? J'ai donc développé une haine contre elle à travers les années. Elle reste pourtant persuadée que notre relation n'a pas changé et qu'on est toujours aussi proches.

Pendant que je conduis jusqu'à chez moi, des souvenirs de ce jour me reviennent en tête. J'étais avec mon père quand ça s'est passé, j'étais aussi dans la voiture quand il a eu cet accident. Mais je ne sais par quel "miracle", j'ai survécu. Parfois, j'aurais préféré mourir. C'est le ressenti que j'ai, d'être morte ce jour-là. Depuis, je ne me suis plus jamais senti vivante. Il manque quelque chose à ma vie.

J'entends des voitures klaxonner et je me rends compte que ça fait 5 minutes que je suis arrêtée à un feu vert. Me souvenir de ce jour m'a complètement chamboulée. Ça me fait toujours autant mal.

23H

Je passe ma main sur ma robe et me pince les lèvres en entrant dans la boîte. Je sens déjà des regards sur nous. C'est vrai qu'on ne passe pas totalement inaperçues les 3. On est trop bonnes, le golden trio. Ma robe est trop belle ce soir, elle va en faire tomber plus d'un. C'est vrai qu'elle met mes hanches volumineuses et mon cul rond en valeur.

 C'est vrai qu'elle met mes hanches volumineuses et mon cul rond en valeur

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On pose nos affaires à une table et les filles vont directement danser. Moi je décide d'aller vite aux toilettes. Celles-ci se trouvent dans un petit chemin dans le fond de la boîte, c'est assez creepy.

Je remets un peu de maquillage et de parfum puis je retourne à notre table. Je rejoins mes copines sur la piste de danse et on se déhanche. On se fait souvent remarquer les 3, les gens ont tendance à dire qu'on est des "putes". Ça m'est égal ce qu'ils pensent de nous.

J'ai remarqué qu'il y avait les frères Andrieu et toute leur bande dans le fond de la boîte. Ça m'étonne un peu que Nabil soit là. Je sais que Melek n'apprécie pas ce genre d'endroit et mon oncle est très strict donc je doute fort qu'il accepte qu'il soit là. Il a dû lui dire très clairement qu'il devait se comportement impeccablement s'il voulait garder le droit d'épouser sa princesse.

Savoir que Nabil a demandé la main de ma cousine sonnait très bizarre pour moi, je ne la voyais pas avec un mec pareil. Je ne sais pas ce qu'ils pourraient bien faire ensemble. Je ne connais pas vraiment Nabil mais je connais sa réputation. Il s'est tapé la moitié de la ville. Qu'est-ce qu'il cherche chez une femme comme Melek? Et puis Melek, est-elle au courant de ce qui se raconte sur lui?

Ces fiançailles m'ont également étonnée puisqu'il n'est pas turc. La famille de mon père ont longtemps harcelé ma mère au début de son mariage parce qu'elle était marocaine et qu'ils voulaient que seul le sang turc coule dans cette famille. C'est sûrement pour ça qu'on a été chassées de la famille. On n'était pas assez pures pour eux. Étant enfant, je ne m'étais jamais rendue compte de ces histoires dans la famille. Je pensais que tout allait bien entre nos parents. Ce n'est qu'après que ma mère me l'a raconté.

Ils ont sûrement accepté que Melek épouse Nabil parce qu'il est riche et qu'il est puissant dans le monde des affaires. Même s'il n'est pas turc, son argent est très intéressant pour mes oncles.

C'est pour ça aussi que Nabil m'intéressait. C'était un peu ma proie. Il est riche et coureur de jupons alors je n'avais qu'à user de mes charmes pour le rendre accro et faire en sorte qu'il fasse de moi et de ma mère des femmes riches, en m'épousant. On dirait bien que ma cousine m'a devancée. Mais elle n'a pas besoin de tout cet argent, moi oui. Alors comme ma mère me l'a dit, tant qu'il n'a pas la bague au doigt, le jeu n'est pas fini.

AYLIN / N.O.S (PNL)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant