AYLIN / N.O.S (PNL)

CHAPITRE QUARANTE-NEUF

16 JUILLET 2022, 9H — AYLIN

J'ouvre les yeux et je sens un poids sur mon corps. Nabil est à moitié couché sur moi, son bras entourant mon corps. Je me sens en sécurité. Je me sens bien. Pendant quelques secondes, j'oublie mon malheur.

L'hystérie m'est passée. Actuellement, je me sens juste vide. Je suis extrêmement fatiguée mentalement. On a dormi environ 12 heures mais je n'ai toujours pas d'énergie. J'ai eu une nuit assez agitée. Encore les cauchemars.

Je bouge un peu, ce qui réveille Nabil. Je grimace et je me redresse complètement. Il rit légèrement et il s'étire en baillant. Il pose son regard doux sur mon visage et il me fait un sourire triste. Il ne dit rien mais je comprends qu'il s'inquiète pour moi alors je lui souris pour le rassurer.

On entend toquer à la porte et une infirmière entre dans la chambre. Elle nous sourit et tire son chariot avec soi.

- Bonjour! Madame, on a quelques contrôles à faire et si tout se passe bien, vous pourrez sortir à midi. Vous n'avez pas eu de petit-déjeuner ce matin parce qu'il faut faire ces contrôles à jeun.

Je l'observe, elle est jeune. Elle a un visage enfantin. Son visage est lumineux et elle a un beau sourire, ce qui lui donne un air d'ange.

- Bonjour. Super.

Nabil se lève du lit et se racle la gorge.

- Je vais y aller. Je passerai vers midi pour venir te chercher.

Je hoche la tête et il salue l'infirmière avant de partir. Celle-ci se tourne vers moi et me sourit avant de s'approcher avec son chariot.

- On peut commencer?

12H

Nabil prend le sac et je le suis en dehors de la chambre d'hôpital. On marche dans ces couloirs en silence et ça me brise le cœur de nous imaginer rentrer à la maison après mon accouchement. Il porterait le sac dans une main et le bébé dans l'autre. On aurait un sourire scotché sur le visage et malgré la fatigue, je serais la femme la plus heureuse sur Terre.

Mais à la place, on est tous les deux silencieux. Je suis à deux doigts de devenir folle à cause du choc émotionnel et je ne me suis jamais sentie aussi vide de toute ma vie.

On monte dans la voiture et je soupire bruyamment, attirant le regard de Nabil sur moi.

- Tu peux le faire? Si tu veux, on peut marcher.
- Oui, je crois.
- Si jamais, tu me dis et je m'arrête.
- Merci.

J'apprécie vraiment qu'il soit autant compréhensif et qu'il m'apporte du soutien dans cette épreuve. Mais je n'oublie pas que lui aussi traverse cette épreuve avec moi, lui aussi a perdu son enfant.

- Tu veux toujours manger mexicain?
- On peut commander? Je me sens pas vraiment d'aller manger au resto maintenant.
- Ouais, on peut.

Il démarre et on rentre tranquillement à la maison. Le trajet se passe étonnamment bien. Je suis quand même soulagée quand on arrive à la maison.

On s'assoit dans le salon et Nabil appelle directement pour commander à manger. J'ai très faim, mon ventre gargouille et ça le fait rire. Il commande rapidement ce qu'on avait déjà planifié dans la voiture et il raccroche.