The 13th Street

1. If only she knew how.

A mon avis, l'amour, c'est surestimer. L'amour rend les personnes bêtes et irréfléchies. Il n'y a aucun avantage à être amoureuse. Alors pourquoi je ne peux pas sortir ses yeux verts de la tête. Elle est magnifique, il n'y a rien à dire à son sujet. Je pourrais louer sa beauté toute la journée. Son petit nez fin, elle doit l'avoir héritée de sa mère. Une magnifique femme, elle aussi. A peine une cinquantaine d'années et elle pouvait encore séduire la majorité des personnes de cette Terre. Mais pas moi. Mon cœur appartient à sa fille, sa merveilleuse fille, Lov. Elle ne pouvait pas s'appeler autrement. Elle est la représentation parfaite de l'amour, simple, drôle, belle, un style vestimentaire respectable mais sexy par moment.

"- Lenny, un coup de main ?"

En portant un carton, tout mon corps sursaute au contact. Je retire mon écouteur avec le son trop fort et je la regarde. La jeune femme que m'avait fait si peur. Elle hante mes pensées sans aucune pauses. J'avais envie de lui dire une de ces phrases bateau comme "ton père ne serait pas un voleur, car il a volé toutes les étoiles du ciel pour éclairer tes yeux". Enfin, si seulement je ne savais pas que son père est décédé l'été dernier d'une maladie. Elle était en peine, elle a portée du noir sur ses photos jusqu'à très récemment.

"- Non merci, il n'y a que des cartons lourds, tu risques de te faire mal.

- Je suis plus forte que tu le penses !"

La petite brune essaya de porter le carton en bas de l'escalier de l'immeuble, en vain. Effectivement, un carton plein de livre, c'était un peu trop lourd pour ses bras. Une véritable princesse, ses petites mains laiteuses ne peuvent pas soulever autant que moi. Désolée pour mes pauvres livres pour la chute, je vous placerais avec la plus grande délicatesse, plus tard dans ma bibliothèque, promis. Je la souris un peu bêtement avant qu'elle s'excuse. Elle tapote sa longue jupe comme si une quelconque poussière l'avait touchée.

"- Désolée j'aurais voulu t'aider...

- Ne t'en fais pas ! Ce n'est pas grave ! C'est l'intention qui compte, pas vrai ?

- Je peux t'inviter à prendre un verre ? Au moins pour m'excuser d'avoir abîmé tes affaires."

Elle me drague ? Impossible. Elle sourit gentiment en me donnant une heure aléatoire dans la semaine, chose que je confirme sans aucune hésitation. Elle s'enfuit presque toute suite après en souriant et me souhaitant bon courage pour mon emménagement dans la résidence. Cette année va être parfaite, sans aucun problème, après tout, j'ai un ange comme voisine. Je la vois passer le pas de sa porte. Elle a l'air si heureuse. Tout est parfait.

"- Vous êtes la nouvelle voisine ?"

Peut-être un seul problème en vue. Cet homme de 90 kg de muscles dégoulinant de sueur, rentrait à peine de sa course matinale. Blond et visiblement barbu légèrement, cet homme représente la seule barrière entre l'amour de ma vie et moi. Il répond au charmant nom de-

"- Chéri ! Chris ? Tu es enfin rentré- Oh ! Tu as fait la connaissance de la voisine ?

- Je viens à peine de rentrer. Vous avez besoin d'aide ?"

Oui, j'ai besoin d'aide. La source de mon savoir réside dans une centaine de kilo de livres. Les cartons sont loin d'être légers et la simple rencontre avec son petit-ami a réussi à me décourager pour le reste de la journée.

"- Non merci, je vais me débrouiller. Une amie va venir m'aider, pas de soucis."

Cet homme ne la mérite pas. Il passe le plus clair de son temps à s'admirer dans un miroir et à faire gonfler ses muscles à la salle de sport. C'est ridicule. Lov n'a pas besoin d'une force de la nature, elle a besoin de tendresse, d'une intelligence supérieure avec qui discuter. Leur amour n'est qu'un pansement. Chris ressemble à son défunt père, elle ne l'aime pas, elle aime garder la présence paternelle qu'elle a reconnu en lui.