11. You, kings, you don't care, that's not what you like.

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Je pense être tombée amoureuse de ses yeux. Aux premiers abords, cette rencontre me paraissait bien trop irréelle. Elle était adorable, c'était ça le problème. Comment imaginer que tout le rêve de notre relation réside dans une seule et unique personne ? Elle n'a absolument aucun défaut, sensible, protectrice, mignonne, drôle,... Même dans la dernière comédie romantique que j'ai regardée, l'actrice principale n'était pas aussi parfaite.

Elle me fait peur.

Elle m'effraie pour de nombreuses raisons, je pense, que ce n'est pas vraiment sa personne qui me terrifie, mais plutôt ce qu'elle pourrait faire de moi si je baisse les armes devant elle. Si un jour je m'abandonne une énième fois, que je lui confie les morceaux de mon cœur brisé, que je lui dise un jour "je t'aime" à vive voix, que fera-t-elle de moi ?

"- Et les hommes ne t'intéressent vraiment pas ?"

May me regarde comme si j'avais pleuré, un mélange d'inquiétude et de peur. Je lui souris en disant que ça va. Je venais de lui dire le fond de ma pensée à propos de cette femme. C'est peut-être normal qu'elle s'inquiète finalement. Sa tête à présent posée sur mon épaule, le contact chaud m'apaise presque d'un coup, il commençait vraiment à faire froid ces derniers temps. L'automne est une de mes saisons préférées. J'aime l'odeur de la pluie et des feuilles en ville, c'était plus agréable que l'odeur de l'essence et autres produits chimiques.

"- Tu penses que je devrais lui laisser une chance ?

- C'est à toi qu'il faut donner une chance. Respire un grand coup et sois toi-même ! Si ça marche, tu m'invites à ton mariage, si ça ne marche pas, tu m'appelles pour son enterrement !"

On éclate de rire, toujours les extrêmes avec elle. C'était drôle mais très réconfortant. Elle n'a peut-être pas tort. Au pire, j'irais pleurer dans ses bras avec du pop-corn devant un film de superhéros pour baver sur cette actrice rousse.

On était dans un bar. Je ne suis vraiment pas fan de cet endroit. Il y avait beaucoup trop de monde, ce n'était pas le bar auquel j'étais habitué, pas celui où May travaillait. Je ne connaissais personne et honnêtement c'est flippant.

A quelques pas d'ici, se trouvait le bar à cocktail où Jie travaille, un bar vraiment sympa, avec un homme responsable de la sécurité. Un grand costaud. Bizarrement, il ne m'a jamais fait peur. Les hommes me font peur d'une certaine façon, leurs mains, leurs tailles, leurs musculatures, leurs regards, leurs façons de parler et d'agir. Il n'y avait rien de délicat là dedans, rien de doux, rien d'attirant pour moi.

"- Donc, c'est fini avec Aina ?

- Non ! Simplement... Jie ne me laisse pas indifférente...

- Vous avez surtout couché ensemble plus d'une fois, ce n'est pas un pansement, rassure moi ?"

Jie arrive enfin. On lui avait donné rendez-vous ici pour une soirée "entre filles". C'était surtout un moyen pour May de la juger en toute impunité.

"- Tout va bien ?"

Elle revient des toilettes après nous avoir payé un premier verre. Je n'aime pas boire dans les endroits publics, je préférais mille fois les soirées entre amis avec un peu d'alcool et des jeux à la con.

"- Oui, tout va bien ! Et toi ?

- Il y avait du monde aux toilettes, j'espère pas avoir pris trop de temps ?

- Non, non, ne t'inquiète pas."

Elle est vraiment belle ce soir. Elle l'est toujours, j'ai l'impression. Ces cheveux courts me faisaient penser à la coupe de cheveux que j'avais au lycée. Très court sur les côtés et un peu plus long sur le dessus. Je dois avouer que ce n'est pas ses cheveux que j'ai regardé en premier chez elle.

Mais la couleur de ses yeux.

Elle m'avait dit admirer la couleur marron de mes yeux. Je ne lui ai pas répondu que j'étais amoureuse de la couleur océan des siens. J'ai beaucoup de mal à soutenir un regard dans le mien, pas le sien. Je pourrais le regarder toute la journée.

Merde...

Je crois avoir perdu à mon propre jeu...

The 13th StreetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant