Mon Seigneur

22. La bonté

- Dites nous maintenant où vous détenez Assia !

Il se mit à rire avant de répondre :

- Elle est chez moi et après ce que je lui ai fait , elle n'osera plus me manquer de respect !

- Que lui avez-vous fait hein ?

Il continua à rire que cela m'énervait beaucoup. Le père d'Assia le prit par le bras avant de lui ordonner de nous conduire jusqu'à chez lui pour récupérer sa fille. Quant à la mère , elle devait rester à la maison avec le petit Souheb et la petite Géna . Nous devions régler cela entre hommes comme le dit Ilyès.

Une fois arrivé devant chez lui , il ouvrit sa porte à clé avant que nous ne rentrions à l'intérieur. Je fermai derrière nous puis le père fit pression pour qu'il nous dise enfin où se trouvait sa fille.

- Vous êtes certains de vouloir la voir ?

- Montre nous tout de suite où est ma fille avant que je ne te frappe !

- Du calme voyons

Il nous conduisit jusqu'à une porte , l'ouvrit avec sa clé avant qu'on ne puisse rentrer.

- Où est-elle ? Demanda Ilyes , très furieux

Il se mit à rire avant de se pencher sous le lit et de la faire sortir.
Elle était recouverte de sang de la tête au pied ainsi que des bleus. Je compris tout de suite qu'il l'avait battu.

- Qu'as-tu fait à ma fille vaurien ?

- Elle n'a eu que ce qu'elle méritait. Si elle ne m'avait pas insulté la dernière fois où j'étais venu chez vous , cela ne serait pas arrivé

- Je vais t'apprendre les bonnes manières !

Ilyes commença à donner des coups à Youssef que celui-ci finit par tomber par terre.

Moi aussi , j'étais très furieux de voir à quel point il avait été violent envers Assia mais j'essayais quand même de me contrôler.

Je me dirigeai vers Assia pour tenter de savoir si elle était encore en vie ou non.

- Elle respire toujours Ilyes ! Nous devons l'emmener à l'hôpital de toute urgence

- Ce Salaud mérite la mort pour ce qu'il a fait à ma fille !

Quelques heures plus tard

Youssef avait déjà été arrêté par la police mais je ne savais pas exactement de quelle façon il serait puni. De toute manière , ce qui me préoccupait le plus était l'état de cette jeune fille , Assia.

Après plusieurs heures d'attente , le docteur vint nous annoncer qu'elle allait bien et qu'elle allait vite s'en remettre. 

On l'autorisa également à rentrer à la maison en suivant bien sûr des traitements pendant plusieurs jours.

On la ramena à la maison puis j'annonçai à Ilyes que je devais partir mais encore une fois il refusa.

- Depuis le temps que tu es ici Yeo-Woon...!

- Je ne veux vraiment pas vous déranger toi et ta femme. Je ferais mieux de prendre mes affaires et de retourner à mon hôtel

- Arrête d'utiliser ton argent pour rien ! Reste ici plutôt et vis avec nous jusqu'à ce que tu retournes en Corée du Sud.

- Tu es vraiment gentil Ilyes mais je ne veux vraiment pas te déranger.

- Tu ne nous déranges pas Yeo-Woon ! Maintenant va te reposer dans ta chambre !

- Très bien ! Passez la salam à votre fille de ma part !

- D'accord !

Je rentrai dans la chambre puis me mis à lire le coran jusqu'à 22h30. Je m'allongeai ensuite et tentais en vain de retrouver le sommeil mais je n'y arrivais pas.
Tout à coup , je commençai à entendre des pleurs provenant de l'extérieur de ma chambre alors je décidai de me lever et d'aller voir.

J'ouvris la porte , traversai le couloir avant d'arriver au salon. J'aperçus Assia , assise sur le canapé entrain de pleurer. Je ne savais pas trop si c'était une bonne idée de l'approcher. Étant donné qu'en Arabie Saoudite , les lois ne sont pas pareilles que dans les autres pays , j'avais peur d'avoir des problèmes juste pour avoir approcher une fille.

Malgré mes nombreuses hésitations , je décidai quand même d'aller vers elle et de tenter de lui parler.

- Pourquoi pleurez-vous ?

Elle releva sa tête puis répondit :

- Je n'ai pas le droit de vous parler. Vous êtes un étranger pour moi

- Je sais qu'ici les femmes n'ont pas le droit de parler aux hommes étrangers mais ne vous inquiétez pas , je n'ai aucune mauvaise intention.

- Et comment en être certaine ? Après ce que Youssef m'a fait , je n'ai plus confiance en personne.

- Je comprends. Pouvez-vous juste me raconter ce qui s'est passé exactement ?

- Je n'ai pas envie d'en parler et vous feriez mieux de retourner vous coucher avant que ma mère ou mon père ne vous surprenne ici.

- J'irai me coucher à la seule condition que vous me promettiez de cesser de pleurer et de faire confiance en Allah.

- Très bien. Je vais essayer

- Vous savez qu'il ne se passe rien sans qu'Allah n'en soit témoin ?

- Je le sais , pas la peine de me le rappeler.

- Moi aussi , ma sœur avait été victime d'agression alors j'ai dû faire semblant de renier ma foi afin de la sauver.

- Cela a dû être difficile pour vous !

- Oui. Très difficile. Le moment le plus difficile pour moi a été lors de ma conversion. Ma famille s'était retournée contre moi et voulait absolument que je quitte cette religion mais je me suis accroché et ma mère par la grâce de Dieu s'est elle aussi convertie mais..ma sœur et mon père avaient quitté la maison

- Ne regrettez-vous pas de vous être converti ?

- Non. Absolument pas. Au contraire , je me sens plus libre et plus heureux qu'avant car je sais que partout où je vais , on veille sur moi jour et nuit. Je sais maintenant à qui parler de mes soucis sans avoir honte d'être critiqué et je sais surtout à quoi sert la vie. Cette vie qui me semblait si banale, sans importance. J'avais même commencé à vouloir en finir avec cette vie mais c'est comme s'il m'avait retenu de le faire jusqu'à arriver là. Je ne peux que le remercier chaque jour pour ce qu'il m'a offert. Je n'ai pas à me plaindre

- Je suis vraiment désolée pour la façon dont je me comportais avec vous avant. Je ne savais pas comment vous étiez réellement. Vous avez l'air d'avoir si bon cœur ! Qu'Allah vous récompense !

- Ne désespérez pas de la miséricorde d'Allah mademoiselle Assia ! Cet homme , Youssef sera puni pour ce qu'il a fait. Je vous souhaite une très bonne nuit

Je lui tournai le dos avant de vouloir partir mais elle m'interpella. Je me retournai ensuite puis elle me dit :

- Qu'Allah vous récompense pour ce que vous faites et qu'il vous accorde une très bonne épouse !

Je souris avant de répondre :

- De même pour vous. Je vous souhaite une très bonne nuit

- À vous aussi Yeo-Woon !

J'allai ensuite dormir dans ma chambre et profitai d'une bonne nuit de sommeil.