ÉPISODE 3

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MERCREDI, 9 : 00, fac, début des cours

Comme ma sœur a piqué la voiture ce matin, j'étais obligé de prendre le bus. Du coup, voilà, je me retrouve grave en retard pour le cours de neuf heures. Heureusement que le prof s'en fout ; il m'a laissé entré sans commentaire. Je sais même pas s'il m'a vu d'ailleurs, c'est un vieux ouais.

Merde. Y a aucune place derrière. Vraiment aucune. L'amphi est toujours bourré à craquer pour ce cours en particulier et en toute honnêteté, je ne comprends même pas pourquoi. Tout ce qui sort du bec de ce prof, ce sont des foutaises. Enfin, bref.

J'suis obligé d'avancer vers le devant et m'assoir à la seule place vide, près d'un mec que je connais un peu. Son blase, c'est Oscar. Il fait semblant de prendre des notes, mais en vrai, il regarde une série sur Netflix. Au calme. Je pose mon sac par terre et ouvre mon ordinateur.

— Je vous demanderais de prendre en note la définition de l'accident de travail. C'est très important. Alors, « l'accident est caractérisé par une action violente et soudaine, provenant d'une cause extérieure ». Quelqu'un pourrait me donner un exemple ? Oui ? 

Y a les gens de devant qui prennent la parole. C'est quel cours déjà ? Ah oui, droit du travail. D'la merde. Je regarde l'écran de mon voisin pour voir où on en est, mais il est encore cloué sur Netflix. Je sais plus si le prof a donné un plan pour se repérer, mais vu sa tête de gol, c'est sûr qu'il a rien donné du tout. En mode, démerdez-vous. Ah, putain. 

— T'aurais un cours mec ? me demande le garçon à mes côtés, près de mon oreille. 

— Non. J'ai rien.

Je soupire. J'ai aucun cours, mais du coup comment je vais faire mes TD ? Y a pas moyen. Et le cours de Sam est bourré de trous, on comprend que dalle. Vie de merde, tu connais. 

— Tu connais quelqu'un qui a un cours ? je lui demande, sans faire un effort pour baisser ma voix.

— Si seulement gros... personne file son cours en 3e année. Les gens deviennent d'plus en plus cons...

Je ricane un peu, parce que c'est vrai ce qu'il dit. En 2ème année encore, j'pouvais demander un bon cours aux têtes assises devant. Mais là, c'est archi mort. Bilal a tenté sa chance l'autre jour, on lui a foutu un sacré vent. J'ai pas envie de m'en prendre un aussi. Puis, je hais parler avec ces geeks qui campent à la BU H24. En mode « salut j'veux un cours! ». Ouais ça marche pas comme ça ici. Ici, c'est chacun pour soi.

J'essaye alors de prendre des notes, parce qu'il le faut si je tiens à valider mon semestre. C'est ma dernière année de droit, je l'attendais depuis le début, donc faut vraiment que je gère. Sauf que le prof est trop rapide et je sais pas ce qui essentiel et ce qui l'est pas. Bah quoi ? Je sais pas comment je suis arrivé en 3e année. Comme quoi les miracles existent.

11 : 00, fac, réfectoire avec Sami

— Mais mec y a un truc que j'comprends pas. Comment il a fait son père, à Bilal... pour trouver la beuh ?

Je suis assis avec Sami, autour d'une table au fond du réfectoire du campus. J'essaye de pas m'endormir devant lui, mais ah je suis K-O alors qu'il n'est que 11 : 00. 

— Gros j'en sais rien. C'est chelou, je réponds avant de bailler longuement. 

— Il fouille dans ses affaires t'crois ?

Je hausse une épaule. J'en sais rien. Pourquoi il pose toutes ces questions, genre à moi ? Je ne sais pas ce qui se passe chez Bilal. Tout ce que je sais, c'est qu'on a perdu la beuh. J'ai le seum.

LUCAS, l'insomniaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant