Moi, c'est Lucas. J'ai rien à dire sur ma vie, parce que y a rien qui m'intéresse. À part me défoncer et boire comme un trou lors des soirées, bah faut dire que j'fous pas grand-chose en fait.
Puis un jour, y a ce mec. Au début j'aimais pas son pré...
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APRÈS LE TRAJET, 10 : 00, chez Lucas
C'est encore sur les nerfs que je franchis la porte de chez moi. La fatigue prenant trop le dessus, j'arrive à peine à marcher sur mes deux jambes, c'est vraiment pénible.
Jetant les clés de la maison sur la table là, je remarque la présence de Zoé sur le canap' du salon, mais elle est pas seule. Y a une fille avec elle. Ensemble, elles rigolent à voix haute, sur un truc qui passe à la télé il me semble. C'est qui ? Je sais pas, probablement sa copine du lycée ou quelque chose. Généralement, ma petite sœur invite pas ses amis ici, donc je trouve ça chelou voilà.
— Yo, elle est où maman ? je demande, avec une voix grave bizarre, genre comme si je revenais tout droit de la mort. Un zombie quoi.
Les deux filles arrêtent de rire, se concentrant désormais sur moi.
— Euh... bah elle est pas là... elle est partie faire les courses... répond ma sœur.
— Oh ok...
Sa pote, qui au passage a un style un peu gothique, du genre cheveux aux nuances violettes et piercing au nez ; ouais donc elle, elle lui chuchote un truc à l'oreille et ça les fait exploser de rire d'une manière... je peux pas m'empêcher de penser qu'elles sont trop connes. Avec leurs manières là, genre. J'espère qu'elles feront pas de bruit, parce que ce que je planifie de faire maintenant : c'est dormir. Dormir putain, j'en rêve depuis si longtemps. Alors leur gueule, elles vont devoir les fermer. Merci.
Une douche me fera le plus grand bien. Du coup, c'est ce que je fais en premier, prenant trop mon temps et tout. J'ai l'impression ça fait 100 ans j'ai pas pris une douche.
Quand je termine, je me glisse enfin sous les draps, vêtu d'un pyjama large. Ma tête chute avec lourdeur sur le coussin et automatiquement, mes yeux se ferment tellement ça m'apaise. Bordel. Voilà un lit. Un vrai lit. Un vrai vrai lit sur lequel dormir est possible. Putain hier, c'était horrible dans la salle de bain de cette maison. Quand j'vous dis horrible... horrible quoi. Qu'est-ce qui nous a pris, je sais pas. Ah et après, on a fini par nous déplacer jusqu'au salon pour s'allonger sur un foutu canapé. À deux.
On a parfois des idées bizarres. Surtout Jolly. Il a toujours des idées bizarres. Ensemble, on a des idées archi bizarres.
Je laisse couler un soupir de soulagement, en serrant mon deuxième coussin entre mes bras. Putain c'est parfait maintenant. Ouais, parfait... puis non, je me dis que c'est pas tout à fait parfait. Il manque un truc, un grand truc.
Tout simplement parce que j'aurais voulu que Jolly soit là, avec moi, genre. Sur ce lit. Le serrer contre à la place de ce vulgaire coussin. Jolly. Ce con. Il a pas voulu venir avec moi, il a dit ouais j'suis fatigué, ouais j'veux prendre une douche, ouais blablabla. Excuses de merde frère. Comme si on avait pas une salle de bain pour qu'il prenne sa douche chez moi wesh. Il veut juste pas m'avouer qu'il est encore vénère contre moi et qu'il a pas envie de passer du temps en ma compagnie. T'sais bats les couilles frère. Flemme de le supplier pour deux milles cinq cent heures, il est juste trop têtu le gars. Au final il en fait qu'à sa tête.
