ÉPISODE 21

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MINUIT PASSÉ APRÈS LA TEUF, chez Jolly

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MINUIT PASSÉ APRÈS LA TEUF, chez Jolly

Nous arrivons chez lui bien après minuit passée. Y a qu'un grand silence qui nous englobe, juste nos pas qui frottent le parquet de la maison. En vrai, je compte plus le nombre de fois où j'ai atterri ici après une teuf ou alors, complètement bourré/défoncé. A croire qu'on fait que ça tous les deux. Je le suis jusqu'à sa chambre, à l'étage, en essayant de faire le moins de bruit possible. Jolly a allumé la lampe de son téléphone et je vois nos ombres défiler sur les murs de la demeure. Je crois apercevoir une marche deux fois, risquant de me casser la gueule à plusieurs reprises.

Si j'étais en mesure de penser correctement, j'me serais bien demandé ce que je fous chez lui. Mais quand il m'a proposé de venir, j'ai pas réfléchi. Bordel de merde, j'suis frustré. La fatigue me brouille trop l'esprit pour capter quoi que ce soit.

Arrivés devant sa chambre, il me laisse entrer en premier et referme la porte derrière nous. Des partitions étalées sur le lit, son ordinateur ouvert, sa guitare électrique au sol. Voilà on est chez lui, mais genre quoi ? Mes pensées sont dirigées vers une seule chose. Le silence nous surplombe lui et moi, et j'sens que lui n'ose rien dire. À la place, il semble mettre un peu d'ordre dans ses partitions. Je m'assois sur le lit, doucement. Seule la lumière bleue néon est allumée.

J'vois Jolly ouvrir l'armoire, à la recherche de vêtements. Je me retrouve à le fixer. Son col roulé Adidas lui collant à la peau fait ressortir les os de son dos. Ses mouvements paresseux font des ombres sur les murs. Je soupire et mes yeux se baissent vers ses mains, qui viennent choper un t-shirt noir et un jogging. C'est alors qu'il se tourne rapidement vers moi, ce qui me fait directement baisser les yeux vers mes chaussettes.

— Mm j'te passe des vêtements ? il me demande d'une voix faible et j'ose toujours pas le regarder.

— Mm non j'vais rentrer dans pas longtemps.

— Ah d'accord, mais t'sais mec, tu peux rester si tu veux. Genre... y a aucun souci.

— Non j'peux pas, vraiment...

Il ne dit plus rien et sort de la chambre, sûrement pour s'habiller autre part. Coup de barre. Je soupire bruyamment et m'allonge sur le lit, la tête sur le coussin froid, fixant le plafond. J'vais pas dormir ici, j'ai besoin de quelques longues minutes pour m'en remettre et après, je me casse direct. Mes yeux se ferment lentement, et sans le vouloir, je repense à tout à l'heure. C'est flou, les souvenirs encore frais tournent dans ma tête. Genre comment ses lèvres frôlaient ma peau. Tout ce que j'sais, c'est que c'était bizarrement agréable. C'est pas normal d'être dans cet état, c'est la coke. Ou c'est lui. C'est à ce moment-là que la porte s'ouvre. Jolly a deux verres d'eau entre ses mains et un léger sourire aux lèvres.

— Tiens bois un peu, il me dit ça en tendant le verre d'eau.

Je le prends et le bois d'une seule traite, sans même respirer.

LUCAS, l'insomniaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant