ÉPISODE 47

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La nuit est noire, je cours, mes chaussures tapant contre le bitume des ruelles d'une façon monotone

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La nuit est noire, je cours, mes chaussures tapant contre le bitume des ruelles d'une façon monotone. Je manque de glisser à plusieurs reprises. 

Dans ma tête, bah évidemment j'insulte Jolly de tous les noms. Parce que c'était quoi, cette idée d'merde là, à vouloir bouffer une pizza à minuit, chez une pizzéria introuvable ? J'suis trempé jusqu'aux os moi, bordel. Y a que lui qui puisse avoir des plans aussi foireux.

J'le déteste. Parfois vraiment, j'ai envie d'lui mettre une droite, juste pour me venger de ses idées de génie.

Bon, maintenant, elle est où sa bagnole ? Il fait tellement noir que je suis un peu paumé là, je reconnais plus les immeubles. Sans faire attention, je marche dans une énorme flaque d'eau et voilà génial, j'peux pas être plus mouillé que ça merde. Des jurons s'échappent de ma bouche, tout en ayant les dents serrés et l'attention de Jolly est attirée vers moi.

A ce moment même, des grands bruits se font entendre, provenant du ciel. Ce sont des feux d'artifice, qui éclatent, de toutes les couleurs. Bon bah j'en conclus que c'est minuit et que ça y est, on est le 1er janvier de la nouvelle année. Cool, mais là j'réalise pas trop pour le coup, la seule chose me préoccupant est d'me mettre à l'abri.

On marche en vitesse encore un peu et finalement, la voiture que l'on essayait de trouver est à présent sous nos yeux, garée à la va-vite. Je me précipite d'en ouvrir la portière et de me glisser dedans, m'en foutant carrément si je viens de tremper l'intérieur. Ouais vas-y, j'm'en bats les couilles frère.

Ma tête plaquée contre le siège, je reprends ma respiration, – respiration saccadée – parce que j'ai pas mal couru là. Un mal de tête me monte au cerveau et j'ai les oreilles bouchées. Non mais à la base, c'était pour passer une soirée tranquille que j'suis venu avec lui. J'ai pas signé pour une course sous la pluie.

Mais bref, c'est bon, Jolly a allumé le chauffage. Par contre, si je chope un rhume, il va payer.

— On fout quoi maintenant ? demande-t-il, en se raclant la gorge.

Lui aussi est mouillé. Je me fous de sa gueule intérieurement, parce qu'il a une drôle de tête. Cheh.

— J'sais pas, je réponds, en observant la pare-brise, où de lourdes gouttes d'eau se cognent dessus.

Le silence est long, c'est juste qu'on a froid quoi. Il doit être tout aussi trempé que moi au niveau de ses fringues et faut dire que c'est chiant comme sensation.

— On va chez moi ? me demande-t-il, en se tournant pour m'faire face. Mais moi je garde la même position, yeux scotchés sur la vitre.

— Mm... dis-je.

— Eh, tu fais la gueule ou quoi ?

— N'importe quoi.

Au fond, peut-être que ouais, j'suis un peu vénère. Déjà que je me retrouve trempé comme un chien à attendre que mes fringues sèchent... c'est pas la situation de rêve non plus, au nouvel an. Alors ouais, je fronce les sourcils et j'me dis qu'il a intérêt à s'faire pardonner.

LUCAS, l'insomniaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant