Moi, c'est Lucas. J'ai rien à dire sur ma vie, parce que y a rien qui m'intéresse. À part me défoncer et boire comme un trou lors des soirées, bah faut dire que j'fous pas grand-chose en fait.
Puis un jour, y a ce mec. Au début j'aimais pas son pré...
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VENDREDI, 11 : 00, chez Lucas
Le café fumant coule lentement dans mon mug noir.
Et ça sent bon. Cette forte odeur m'apaise toujours le matin. Il m'a fallu des heures d'affilée pour me remettre d'la cuite d'hier, mais alors vraiment, c'est terrible dans quel état j'me suis encore mis.
Je soupire, en y songeant, sans réellement avoir des idées très claires. Bon, après, j'ai fini bourré quoi. Espérons que rien de très gênant ne s'est déroulé. Parce que c'est le black total dans mon esprit et ces choses-là font toujours flipper.
— Buuuut ! gueule Daniel derrière moi, les bruits de ses pas se cognant brutalement sur le parquet de la maison.
D'une main paresseuse, je chope ma tasse de café et souffle dedans pour refroidir le liquide. Une fois de plus, je soupire et m'installe autour de la table. Sur cette dernière, des bols contiennent encore du lait couleur chocolat, mes sœurs et mon frère ayant sûrement graille des céréales. Même pas ils font l'effort de ranger un peu. Des traces de lait salissent le bois de la table, quelques balles de Chocapic éparpillées.
Sourcils froncés, mon attention se porte sur Daniel, qui n'arrête pas de hurler depuis dix putain de minutes. Non mais, il va pas s'calmer merde ? Je l'observe shooter violemment dans le ballon. Celui-ci vole dans les airs avant de se cogner contre le mur et revenir vers lui, rebondissant dans sur le sol.
— Daniel tu arrêtes là ! je lui ordonne d'un ton tranchant, mais ma voix étant fatiguée et à peine audible, ça sonne pas crédible.
— Non !
— J'ai dit tu arrêtes !
Depuis quand on joue au ballon dans la maison, on est où. Je rêve. Ma main frappe contre le bois de la table, mais ce démon ne semble pas se préoccuper. Il m'écoute pas, nan, préférant continuer à shooter contre les murs.
— Ça suffit Daniel !!
— J'fais c'que j'veux !!! crie-t-il, plus fort que moi, tapant son pied contre le sol.
— Range ce ballon ou va jouer dehors, tu nous casses les oreilles putain !
— Noooon !
— Roh mais fermez vos gueules !! J'en peux plus là ! se plaint Zoé, qui est installée sur le sofa du salon, ses yeux collés à son portable.
Qu'elle fasse pas comme si elle était pas soulée par ce que fout ce mioche, là. J'ai pas besoin d'un facteur supplémentaire qui aggravera ma migraine. Alors vas-y j'ai envie d'le tej dehors à ce p'tit con.
— Qu'est-ce qu'il y a encore ? intervient la voix douce de ma mère, et j'la vois avancer vers la cuisine, encore en pyjama et ses cheveux blonds ébouriffés.
— Lucas me frappe !! ment Daniel.
Ah il me casse grave les couilles à inventer des mythos, contre moi en plus. S'il était pas un mioche, je lui aurais donné la baffe qu'il méritait. Ça lui apprendra à se tenir. Je prends ma tasse chaude, me lève et vais m'installer dans le salon.
