Chapitre 7

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Trouver le mot juste...

Elle n'arrivait encore pas à dormir. Il faisait encore tellement chaud... Elle se retournait dans son lit, encore et encore. Ça faisait plus de cinq heures maintenant qu'elle attendait le sommeil. Elle fixait la fenêtre, écrivait, fixait la fenêtre, pensait, fixait la fenêtre... Cette putain de fenêtre. Elle ne fermait pas complètement, et pour un velux c'était quand même embêtant. Nous étions en novembre, donc les premières pluies commençaient à arriver. Mais ce soir, la nuit était terriblement claire, et il faisait tellement chaud... Son chat, Iseult, lui tournait autour. Elle ne dormait pas non plus, elle ne dormait que la journée. Elle la regarda. Cette boule de poils lui était tout simplement indispensable. Elle lui permettait de ne pas trop se perdre dans ses pensées, quand ça fonctionnait. Mais ce soir, elle tournait autant en rond qu'elle...

Trois heures trente. Et elle était censée se lever deux heures plus tard. À ce rythme-là, elle ne comprenait pas le but de dormir en lui-même. Autant faire autre chose. Oui, mais quoi ? Son téléphone dans la main, elle chercha une occupation, mais rien. Alors peut-être... non, pas à cette heure-ci. Son violoncelle resterait à sa place. Son regard se posa alors sur la boite au-dessus de son bureau. Pourquoi pas après tout...

Depuis plusieurs semaines, depuis qu'elle savait que Gaël avait intégré l'orchestre, et qu'elle le trouvait à sa place tous les mardis soir, elle lui écrivait. Elle gardait toutes les lettres, et les prenait tout le temps avec elle, dans une enveloppe qu'elle cachait dans une poche de sa veste ou au fond de son sac. Et le soir, elle les mettait dans cette boite, posée en évidence. C'était stupide mais ça la rassurait un peu aussi...

Elle se redressa alors. Elle ouvrit le battant de la fenêtre complètement... et il lui vint une idée stupide. Moins de quinze secondes plus tard, cahier et stylo étaient posés sur le toit de la résidence endormie, à des kilomètres d'imaginer la bêtise qui venait de lui traverser l'esprit. Elle hésita, une minute, puis deux. Puis, voyant que de toute façon tout le monde dormait et que le toit était plat, elle m'appuya sur ses paumes, poussa et se retrouva assise sur le toit. Tout à fait installée à présent, elle me leva. Ses yeux étaient à présent à presque un mètre soixante-cinq des onze mètres que comptait déjà son immeuble. « Dément... » « Et complètement stupide. »ajouta une petite voix dans sa tête. Elle leva les yeux au ciel, oubliant presque ses affaires, posées à quelques centimètres d'elle. On voyait étonnement bien les étoiles pour une nuit au milieu de la ville, éclairée de plus d'une dizaine de lampadaires, sans compter les lumières de la résidence étudiante juste en face. Elle s'allongea alors sur le dos, prenant tout de même le soin de s'éloigner d'un ou deux mètres du bord du toit. « Il fait quand même moins chaud posée ici... » se chuchota-t-elle à elle-même. « Oui et puis tu n'as pas l'air stupide et inconsciente du tout ! » ajouta la petite voix qui avait décidé de rester avec elle. Elle se releva, et ouvrit le cahier sur une page vierge.

« Gaël. Là, il fait nuit. J'ai voulu essayer de te parler au début mais je me sentais un peu conne de parler toute seule à voix haute. » Elle s'arrêta une seconde. Elle avait vraiment écrit ça ? Bon. Après tout, c'est pas comme s'il ne lirait jamais ça, elle s'en fichait. « Pour te donner une idée de ce que je fais, je suis assise perchée sur le toit avec la fenêtre ouverte comme seul lien avec l'appartement. Pour peu que le voisin d'en face se réveille, il appellerait les flics et les pompiers par peur que je saute. » Ah oui merde d'ailleurs... elle reporta son regard sur l'immeuble d'en face, mais non. Tout le monde dormait sauf elle. « Enfin pas de risque qu'il me voit... il est trois heures quarante-cinq. Je m'ennuyais alors je t'écris. Enfin comme d'habitude en fait. Tu vas bien ? C'est vrai que je ne t'ai jamais posé la question. T'as l'air heureux, c'est cool... Tu as une copine maintenant. Tant mieux, c'est cool... Cette petite voix faisait parfois preuve d'une perspicacité étonnante. « J'aimerais que tu sois avec moi en ce moment. Pour que tu vois les étoiles avec moi. » Elle commençait à devenir romantique. Il valait mieux qu'elle s'arrête. Le vent commença à souffler. Elle récupéra ses affaires, et les jeta sur son lit. Zut. Mal visé. Ses affaires s'écrasèrent lamentablement sur mon parquet, avec un bruit aussi discret que délicat. « C'est à dire pas du tout. » Merci petite voix. Au moment où elle passait ses jambes dans l'encadrement de la fenêtre pour regagner sa chambre, son regard s'arrêta sur sa gauche. Sur une fenêtre qui venait de s'éclairer. De toute évidence, il ne dormait pas non plus...

Pulsions - en réécriture -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant