Chapitre 8

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Gaël fixait le plafond depuis plus de deux heures, et se réveillait normalement dans trois. Est-ce que ça servait vraiment à quelque chose de dormir maintenant ? Quelque part, une petite voix - d'ailleurs assez insupportable - lui disait que non. Poussant un dernier soupire il se redressa, faisant tomber les trois quarts de ce qui se trouvait sur son lit. Jeans, t-shirts et sweats, ainsi que partitions, carnets, stylos... se déversèrent sur le sol. Super. « Si tu rangeais aussi, imbécile... » Malpolie en plus. Il soupira. Encore, il ne savait faire que ça. Surtout quand il avait la tête dans le c.... coltard. Il était épuisé. Ça faisait plus de quatre nuits de suite qu'il dormait mal. Il contempla les affaires autour de lui. Puisqu'il en était là, autant ranger. Il prit les partitions qu'il posa sur son bureau, et fit un tas de ses vêtements pour les poser sur le fauteuil à côté de sa bibliothèque. « Rangés donc. » Oui, enfin à sa manière, et sûrement à la manière de n'importe qui prenant la décision étrange de ranger sa chambre à quatre heures du matin. Il ouvrit la fenêtre en grand. Une chambre sous les toits est agréable pour beaucoup de raisons mais pas vraiment pour ce qui est de l'air qui y entre. En bref, il étouffait. Il poussa un tabouret jusque sous la fenêtre et s'assit dessus, regardant au dehors. La résidence dormait, il n'y avait pas un chat. Même pas cet enfoiré du troisième étage de la montée d'à côté qui avait la manie de promener ses trois caniches à n'importe quelle heure du jour... ou de la nuit. Dans l'immeuble d'en face clignotaient d'immondes guirlandes lumineuses, assorties à la ribambelle de Pères Noël accrochés sur les murs ou les pots de fleurs. Effectivement, c'était le quatre novembre, décorer son appartement pour Noël était le plus urgent... Les gens l'énervaient décidément de plus en plus. « Gaël ? Tu dors ? » Ok. Surtout elle. Il prit mon téléphone, hésitant à lui répondre. Elle pouvait bien attendre le lendemain non ? Elle l'énervait de plus en plus en réalité. Il se disait qu'il finirait par la supporter et même l'apprécier - ce qui en soit aurait dû être la base avant de se lancer là-dedans... - mais vraiment il n'y arrivait pas. Elle et lui devraient avoir une petite discussion le lendemain... « J'imagine que oui... bon... je voulais juste te dire que je pensais fort à toi pour demain. J'ai hâte de te revoir ! » Mais qu'est-ce qu'elle l'emmerdait... Clémence pouvait vraiment parfois s'avérer insupportable. Enfin. Parfois... Il éteignit son téléphone et le posa loin, très loin de lui. Merde pour son réveil du lendemain. Il regarda l'heure. Quatre heures trente. Il lui restait deux heures. Il repensa à l'orchestre, et s'il avait vraiment bien fait de s'y inscrire. Il connaissait Noée depuis l'école primaire, nous étions à la fin du lycée, et elle lui parlait à peine ! Il aimait bien cette fille. Elle le faisait rire, surtout quand elle était en colère. La seule chose qu'il ne comprenait pas était son nouvel amour pour la danse classique. Ça ne lui ressemblait tellement pas... Cette manie de se conformer à des règles, c'était bon pour le lycée. Pour la musique, pour la danse, pour l'art en général, elle était tellement, tellement plus libre... Enfin ce n'était pas son problème. Il regarda autour de lui. Sur une étagère au-dessus de son bureau, il y avait une boite dans un équilibre... plutôt précaire. « Trois... Deux... Un... » La boite tomba et s'ouvrit. Sous le choc, son contenu se déversa sur le sol. Et toutes ses partitions et textes se retrouvèrent par terre... L'un d'entre eux se mit à voler à travers la pièce, à cause du vent qui venait de se lever. Une fois toutes les feuilles à leur place et la boite dans un équilibre un peu plus... acceptable, il se retourna vers la fenêtre. Il était cinq heures passées, à présent. Il récupéra son téléphone et lança Netflix. Quoi ? Quitte à ne pas dormir, autant rendre ça intéressant. Il laissa passer une demi-heure, puis se leva finalement tout à fait. Il jeta un œil vers la fenêtre ; le jour se levait, le soleil serait là dans une heure. Il ouvrit alors complètement le battant de la fenêtre, et regarda au dehors. Peu à peu, quelques fenêtres s'éclairaient de lueurs jaunâtres, signe que leurs habitants s'étaient réveillés. Surtout dans la résidence étudiante en face. Dans la mienne, pas un bruit... ou presque. Mon regard fût attiré sur la montée d'à côté, à cause du bruit qu'avait fait la porte en se fermant. Notre ami aux trois caniches avait finalement décidé de les sortir. Son regard s'attarda sur la montée, un peu plus longtemps peut-être sur le dernier étage. Là aussi, une lumière s'était allumée. Elle ne se levait pas déjà ?

Pulsions - en réécriture -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant