"Il se tenait droit devant la rivière qui suivait son cours, tranquille. Il regardait au loin, et je m'apprêtais à lui poser une main sur l'épaule ; mais il se tourna vers moi, et je me ravisai. Il avait l'air terriblement malheureux, et je ne savais pas quoi faire pour l'aider. Il avait un regard désolé, un regard presque coupable. Il avança un peu, prenant la direction de la grande passerelle qui surplombait l'Isère, et elle le suivit. Arrivé au milieu, il s'arrêta à nouveau, et regarda l'eau qui coulait sous lui, créant des remous qui tout à coup semblaient furieux, ce qui dénotaient grandement avec la tranquillité apparente quelques mètres plus loin. Les passants et les voitures passaient en nombre autour d'eux, sans écouter ce qu'il se passait, sans prendre conscience de la bulle qui semblait devoir bientôt éclater. L'air du mois de décembre, glacial, contribuait peut-être au fait que décidément, je ne me sentais absolument pas à l'aise. Le bruit de la rue semblait comme étouffé, comme s'il y avait entre nous ce silence qui ne pouvait être dérangé par rien ni personne. Je reportai mon regard sur Gaël. Je m'avançai vers lui, et posai une main sur son épaule. Mais il se dégagea brusquement, et s'approcha un peu plus du rebord du pont. Je me mis soudainement à paniquer. Ce n'était vraiment pas normal. J'essayai de parler mais aucun son ne voulut sortir de ma bouche. Je regardais, impuissante, terrorisée, Gaël enjamber la rambarde de la passerelle, de manière à se retrouver assis dessus. Je lui saisissais le poignet dans un élan de... d'un je ne sais quoi désespéré mais il se dégagea. Je regardais autour de moi. Les passants semblaient ignorer ce qui se passait, ils ne nous regardaient pas. Personne ne faisait rien. Alors Gaël se pencha encore un peu plus vers l'avant, regardant sous lui l'Isère qui faisait à présent un vacarme assourdissant à mes oreilles. Il se pencha encore, je voulus crier, mais n'y parvins pas. Et comme prit d'une folie soudaine, Gaël se tourna vers moi, et descendis de la rambarde. Il s'approcha de moi, pris mon visage dans ses mains, me regarda dans les yeux. Il m'embrassa, brusquement, sans amour, sans tendresse. Puis il approcha ses lèvres de mon oreille et me chuchota "c'est de ta faute. Tu aurais dû faire quelque chose avant. Maintenant tu vas me perdre." Puis il se dirigea à nouveau d'un pas décidé vers la passerelle, enjamba le rebord, et sans une trace d'hésitation, le corps du jeune homme bascula dans la rivière.
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Pulsions - en réécriture -
RomanceNoée a 18 ans au début de cette histoire. Gaël a 18 ans au début de cette histoire. Gaël est mort, à la fin de cette histoire. Pourquoi ? Pourquoi, ça on ne le sait pas vraiment.