Chapitre 17

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« Tu fumes ?

- Non, merci.

- Comme tu veux..."


Gaël alluma une clope qu'il coinça entre ses lèvres en regardant devant lui. Il était vraiment beau, de ce point de vue. Noée ne voyait que son profil, ses yeux perdus dans la contemplation de la lune, assis en tailleur sur le vieux canapé, un sourire dans un coin et sa cigarette dans l'autre. Noée frissonna. Alors qu'elle allait se lever pour rentrer se mettre au chaud Gaël retira sa veste et la lui tendit, sans un mot. Elle la prit, surprise, la mit et se rassit à côté de lui. Il ne disait toujours rien, elle n'osa pas briser le silence. Après encore quelques minutes de flottement, il la regarda, et se mit à rire. Tout d'abord indécise, Noée se mit à rire aussi. Ils riaient sans rien dire, presque tout aussi silencieusement. Mais ils s'arrêtèrent bien vite.

Gaël tira une dernière taffe, et se tourna vers elle. Il ne disait rien. Toujours pas. Toujours sans un mot. Ils se regardèrent dans les yeux une seconde, une minute, dix minutes, une heure, ils ne savaient plus. Sans qu'aucun des deux ne dévie ses yeux d'un centimètre. Lui paraissait imperturbable. Parfaitement calme, il avait l'air de quelqu'un se sentant exactement là où il devait être. Elle tremblait tant la situation semblait soudainement lui échapper. Que se passait-il ? Elle voulut se lever mais n'y parvint pas, ne pouvant éloigner ses yeux de ce regard si... magnétique. Elle entendait les voix de ses amis dans les salon, mais c'était comme s'ils se trouvaient à des dizaines de mètres tant cette atmosphère la plaçait dans une bulle à part. L'odeur de la cigarette froide qui se dégageait de lui ne la dérangeait plus, au contraire. Elle voulait aller cueillir ce qui restait des cendres sur ses lèvres... Et lui semblait le comprendre parfaitement, puisqu'il se rapprochait encore et encore, jusqu'à arriver à quelques centimètres, un ou deux peut-être. Elle frissonna, Gaël s'avança encore, s'arrêtant encore quelques millimètres d'elle. Puis, soudainement... il recula, se leva du canapé et alla s'accouder à la rambarde du balcon, sans lui accorder un regard.

Noée interloquée, resta quelques minutes silencieuse, sans bouger, incroyablement frustrée. Elle attendait... elle ne savait pas. Qu'il revienne peut-être, ou qu'il s'excuse, qu'il rentre, qu'il rit, qu'il dise quelque chose. Mais rien. Pas un geste, pas un mot, rien. Alors, encore tremblante sous le coup de l'émotion, elle se tourna vers lui. Il avait rallumé une cigarette, et regardait à l'extérieur. De là où il était, on pouvait voir leur lycée, quelques dizaines de mètres à l'Est.

« Gaël ?

- Quoi ?

- Ben... je sais pas... tout va bien ?

- Oui. Tu as toujours froid ?

- Oui, là je crois que je peux dire que je suis gelée.

Elle se tourna amèrement vers la lumière qu'émettait le salon, où se trouvaient les autres qui semblaient les avoir oublié.

- Alors pourquoi est-ce que tu ne rentres pas ? »

Stupéfaite, elle se tue quelques secondes. Puis, se disant qu'elle avait peut-être tout interprété trop vite, elle suggéra :

« Oui on peut rentrer si tu veux...

- Non mais je voulais dire... toi rentres. Moi j'ai pas envie que quelqu'un me dérange pendant que je fume ma clope.

- Oh je comprends euh... bon. Et bien... Elle se leva.

- Noée ?

Enfin ? Elle se tourna vers Gaël. "Dernière chance", se disait-elle.

- Je peux récupérer ma veste s'il te plaît ? »

Elle retira sa veste, qu'elle déposa sur le vieux canapé, avant de se lever et de rejoindre les autres. Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Un peu tremblante, elle mit sa veste, reprit ses chaussures, et se tourna vers Marion.

« Excuses-moi, mais je crois que je vais rentrer chez moi. Il te reste des clopes ?

- Je croyais que tu ne fumais pas ?

- Oui mais là je crois que j'en ai besoin. Il t'en reste ?

- Oui il m'en reste... Tu es sûre que tu ne veux pas rester ? Tout va bien Noée ?

- Tout va très bien, je suis juste fatiguée, je veux rentrer chez moi. Et si tu as d'autres questions poses-les à Gaël. Merci pour la soirée, et merci pour la clope...

- Attends Noée il est 1h du matin. Tu ne vas pas rentrer toute seule !

- J'appellerai ma mère, elle ne dort pas à cette heure-ci. Je vais l'attendre en bas. Je suis désolée de casser l'ambiance..."

Marine s'approcha de Noée avec un regard chargé de compréhension, et la prit dans ses bras. Appuyé contre le mur derrière elles, Elian regardait Noée l'air inquiet. Il se tourna vers Gaël, toujours seul sur le balcon, et sortit le voir. Mais un regard de ce dernier sembla le dissuader de plus essayer et il retourna s'asseoir sur le canapé, le visage fermé. Il sourit à Noée quand elle partit, et ce fût tout.

Pulsions - en réécriture -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant