9

939 123 33
                                    

Ronan s'étonnait lui-même d'à quel point il pouvait se montrer stupide. Il avait merdé en grand la veille. Doyle lui en voulait, il le lui avait bien fait comprendre. Et en lâche, il était parti travailler plus tôt, histoire d'éviter, ou plutôt retarder, la confrontation et peut-être donner du temps et de l'espace au blond afin qu'il revienne à de meilleurs sentiments. Il allait de son côté se creuser la tête pour trouver le meilleur moyen de se faire pardonner. Il semblait qu'il ne faisait que ça dernièrement. A cette allure, on allait lui décerner un prix.

Il n'y avait que peu de personnes dans les bureaux de Moore Industries si tôt le matin. Juste quelques agents d'entretien, une poignée de vigiles, des stagiaires qui, comme lui des années plus tôt, préparaient déjà le café de leurs supérieurs ainsi que trois quatre cinq chefs de projet.

Arrivé à son bureau il s'assit et tourna son fauteuil vers la fenêtre où il pouvait admirer le lever du soleil. Le ciel présentait ces couleurs chaudes, rouge, jaune, orange et le tout avait quelque chose d'apaisant. Ça lui rappella le visage de son mari quand il s'était levé aujourd'hui. La chose qui lui était venue à l'esprit c'était qu'il paraissait si apaisé contrairement à la veille. C'était comme ça qu'il voulait voir sa moitié tous les jours. Ça lui brisait vraiment le cœur d'être la cause du chagrin du blond. Alors, il avait pris sa décision. En rentrant il lui achèterait  ses chocolats préférés - les émotions de Doyle étaient toujours plus malléables quand il était drogué au sucre. Il s'excuserait, genoux à terre si nécessaire, de s'être comporter aussi mal. Blâmer l'alcool était une mauvaise idée. Il valait mieux prendre sur lui, assumer ses erreurs et au pire lancer l'air de rien que le stress du boulot commençait à avoir raison de lui. Mentionner à quel point il l'aimait et était amoureux de lui était décidément une chose à faire. C'était pour cette raison même qu'il s'était emporté contre Matt. Les familiarités que ce dernier s'étaient permises envers son mari lui avaient fait perdre son sang froid. Alors oui, son explosion de colère n'avait pas de place, mais l'autre l'avait poussé et voilà le résultat. Finalement, il avait un plan. Il ne manquait plus qu'à l'exécuter.

Sa tranquillité ne dura pas plus longtemps, interrompue par la sonnerie de son téléphone. En voyant le nom à l'écran, il roula des yeux. Franchement les caprices de Fran pouvaient attendre. Il verrouilla l'appareil sans répondre et se mit au boulot. S'il voulait faire à temps pour ce soir il ferait mieux de s'activer.



La journée de Doyle avait tourné autour du centre d'accueil. En arrivant là bas, il avait salué les jeunes qui se trouvaient dans le hall à l'entrée et discuté un peu avec eux avant de se diriger vers le bureau de Chelsea. Un jeune garçon passait la porte en furie, le visage fermé. Il bouscula Doyle sur son passage et sans même s'excuser, continua son chemin. Le blond le regarda s'éloigner un instant puis se tourna vers la porte qui avait été laissée grande ouverte et à travers laquelle il pouvait voir la directrice du centre debout derrière son bureau. Il entra, ferma la porte et s'installa devant elle.

"- Eddie nous fait une nouvelle crise? lui avait-il demandé.

- Tu sais comment il est, soupira l'autre en s'asseyant.

- Qu'est-ce qu'il a fait cette fois?

- La même chose que d'habitude. Bagarre.

- Je croyais qu'on avait dépassé ça.

- Moi aussi mais il faut croire que non."

La jeune femme venait d'avoir une discussion très animée avec l'autre garçon. Ce qui était censé être une séance dans le but d'aider Eddie à exprimer ses émotions sans utiliser les poings s'était transformée en bataille de "qui crie le plus fort?". Nulle besoin de dire qu'elle n'avait pas gagné. Edouard, que tout le monde appelait Eddie,  avait un comportement violent chronique. La psychologue l'aidait comme elle pouvait mais il y avait des jours comme celui-ci où c'était peine perdue. Elle devrait juste attendre qu'il se calme, en espérant que ce ne soit pas en passant sa colère sur quelqu'un d'autre. Elle finit par ôter ses lunettes pour frotter ses yeux fatigués. Puis s'adressa de nouveau à Doyle:

"- Alors ton dîner hier, raconte.

- Arggh, please ne m'en parle pas. Il avait répondu en soupirant.

- Pourquoi? Qu'est-ce qui s'est passé? insista Chelsea.

- Ronan a complètement pété les plombs et presque tabassé notre invité avant de carrément le mettre à la porte.

- Quoi?! Pourquoi?

- Comment ça pourquoi? It doesn't matter. Il n'avait pas à agir comme ça, point.

- Doyle, tu me décris là ce qui semble être une réaction, carrément opposée au comportement habituel de ton mari qui plus est. Et toute réaction est causée par une action première. Si vraiment Ronan s'est lâché de la sorte, il doit y avoir une raison.

- Je rêve ou tu es en train de faire ta psy? répondit le blond en rigolant.

- Je suis psy, c'est mon boulot je te rappelle, dit-elle, rejoignant le rire de l'autre.

- Okay mais je ne suis pas un de tes patients donc easy there."

Doyle disait ça mais peut-être qu'un avis professionnel était justement ce qu'il lui fallait. Il ne savait franchement pas comment réagir suite au comportement de Ronan. Lui pardonner serait  la chose la plus facile mais avec ses antécédents, les rentrées tardives, il craignait que ce ne soit justement trop facile de se contenter de passer l'éponge une nouvelle fois. Chelsea n'avait pas tort. L'explosion de colère de son époux était hors de son schéma habituel et il fallait peut-être creuser un peu plus pour comprendre ce qui se passait réellement dans sa tête.

Un autre problème c'était Matt. Doyle voulait aller voir le brun et correctement s'excuser même s'il lui avait dit que ce n'était pas la peine. En réalité ça le contrariait que le barbu ait vu un aussi mauvais aspect de son mari. Ronan était une de ses plus grandes fiertés, il ne voulait pas que l'autre ait une mauvaise image de lui. Mais apparemment Ronan était jaloux de Matt. Ses paroles hier lui avait permis de comprendre au moins ça. Donc aller le voir ne ferait sans doute que jeter de l'huile sur le feu. Doyle était décidément perdu sur la marche à suivre. Alors oui, une petite séance chez le psy ne lui ferait peut-être pas de mal. Il s'allongea sur le canapé qui se trouvait dans un coin de la pièce avant de lancer à Chelsea, qui s'était contentée de l'observer depuis tout ce temps:

"- Je crois que j'ai besoin de tes talents de psychologue."

Doyle, my husband  [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant