Yuna
Je ne sais même pas pourquoi je suis venue chez lui. Rien ne nous lie, à part l'envie de le voir nu beaucoup trop forte à mon goût. Juste du sexe. Juste ça. Il reste silencieux, je vois sa mâchoire se contracter par intermittence. Je dois être sacrément chiante à lui raconter ma vie. Il le fallait. Soit il me laissera tranquille, soit il va m'emmerder puissance mille. C'est quitte ou double avec lui de toute façon.
- Je suis quelqu'un de fière, ça aussi tu le sais. Avec lui, j'ai dû la rabaisser à un tel niveau que j'en étais pitoyable. Tu sais ce que ça fait de se détester au point de ne plus avoir la force de se relever ? Je vais te le dire. C'est douloureux. Plus que tout ce que tu peux imaginer. Je suis polie aussi. Alors je cachais tout avec un sourire. Les gens ne te posent pas de questions quand tu souris. Et une fois seule, je m'égratignais un peu plus. Au point de ne plus savoir qui j'étais. Je suis championne en titre pour me cacher, ou fuir. Appelles ça comme tu veux.
C'est là qu'on en vient à toi.Nouveau spasme nerveux de la mâchoire, il finit son verre d'une traite et fait rouler le liquide sous sa langue. Ça serait plus facile s'il ne me fixait pas comme ça, j'ai l'impression de passer sous rayon X. J'ai commencé, autant terminer.
- Tu ne me fais pas peur. Pas du tout. Tu as le don de me sortir de ma zone de confort sans te soucier des conséquences. Tout ce qui t'intéresse, c'est ta petite personne. Tu me fais douter, je me pose des tonnes de questions.
Le regard froid qu'il me lance à lui seul devrait me faire taire. Ça me donne envie d'aller plus loin. De le pousser à bout, il aime le faire avec moi. Pas de raisons qu'il n' y goûte pas lui-même. C'est quoi déjà l'expression ? Un prêté pour un rendu. C'est exactement ça.
- Je nierai en bloc tout ce que je vais de te dire, si ça sort d'ici. Finit il par dire.
C'était si soudain que j'ai sursauté. Je suis courageuse mais pas téméraire. Il l'a vu, mais il ne me le fait pas remarquer. Ce jeu de mâchoire est bien trop prononcé pour que ça soit de la frustration. De la colère. Il va m'allumer. Je suis tentée de prendre mes jambes à mon cou. Il se redresse avec une lenteur exacerbée, quand je dis qu'il sait me foutre en rogne juste en étant là, j'exagère pas. Il m'énerve tellement. J'aimerai avoir ne serait-ce que le quart de sa flegme et de sa maîtrise. Pour la beauté, je ne peux rien faire, le magnétisme qu'il dégage ferait trembler un aveugle. C'est pas malin de ma part de vouloir tenir tête à cette boule de testostérone, vraiment pas. Bien joué, McKinley. Encore une belle preuve d'inconscience.
- Tu me pètes les couilles les trois quarts du temps.
Je le savais déjà. Mais je le garde pour moi. On ne se supporte pas plus de cinq secondes sans se balancer des sympathies.
- T'es chiante a vouloir le dernier mot. Je te dois rien, et tu arrives à me foutre les nerfs comme ça.
Il claque des doigts, le son résonne en moi, fort.
- Mais je vais te dire un truc. Tu n'as rien de cassée, tu fonctionnes bien. Très bien, même. Ça t'emmerdes que ça soit moi et pas ton tas de merde d'ex qui te fait vibrer. Devine quoi. Je m'en fous.
Il se lève du canapé, les yeux meurtriers. Ça sent pas bon pour moi. Pas du tout. Mais je ne vais pas reculer. Pas cette fois. Je crève de trouille mais je suis prête à riposter.
- Je sais à quoi tu penses. Si tu m'avais dit pour ta vertu, est-ce que je t'aurais sauté ? Non. Pas parce que j'en avais pas envie, putain que non.
Un pas vers moi toujours avec une lenteur calculée, il veut m'intimider. Ce n'est pas nécessaire, je le suis déjà mais je ne vais pas lui dire. J'en ai assez fait, faut pas pousser non plus.
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À la lisière de Moi
RomanceSuite du 1er tome À l'orée de toi - Il faut que tu arrêtes ce petit jeu, arrête ça. J'en peux plus d'être ta girouette qui supporte le chaud et le froid. Je ne peux plus. Je n'ai pas les épaules. Tu te rends compte dans l'état que tu me mets juste p...