À la lisière de Moi

Chapitre 22

Elijah

Cette sensation qui me brûle de l'intérieur, je m'arrêterai pas de tout péter tant qu'elle sera pas partie. Tout y passe, je pisse le sang, j'ai tapé dans un truc qui coupe. Je sens rien, alors j'en ai rien à foutre. Linus ne m'empêche pas de continuer mon bordel, il a sûrement compris que je vais le décalquer s'il l'a ramène. Fracasser une tronche ou deux, peut-être que ça me calmerait. Peut-être pas.

Tout ce que je veux, c'est que ça s'arrête de me faire mal. Je supporte pas cette souffrance, elle se prend pour qui pour me prendre mes tripes comme ça, cette connasse ? Je l'emmerde et elle va dégager vite fait.

- Tu devrais consulter pour ta gestion de la colère.
- Je me maîtrise complètement, je casse juste des trucs.

Je peux sentir son scepticisme d'ici, je gère très bien la situation. Le self-control, c'est moi. Et il se trompe, je suis pas en colère, je suis désespéré alors qu'il aille se faire foutre avec ses leçons de merde, lui aussi. Qu'ils aillent tous se faire foutre.

- Ouais, je reste dans le coin. Éclate toi bien.

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Yuna

Le meilleur moyen d'oublier qu'on a un cerveau, c'est de regarder de la télé réalité. Il fond littéralement devant The Real Housewives of Beverly Hills*. Rarement vu un truc aussi pourri de ma vie, et ça me va très bien. On critique et on se marre avec maman et Suki. On va pas se mentir, on adore ça.

Papa passe en trombe devant nous, les sourcils froncés. Je redescend dans la seconde, je lis trop bien en lui pour savoir que c'est grave.

- Qu'est ce qu'il se passe ?
- Il s'est passé un truc au garage d'Adèle. Faut que j'y aille.

Mon portable s'allume et un message me dit Rapplique et vite, princesse.
Linus est aussi direct que rassurant, je saute dans mes baskets, et dans la voiture de mon papa. Mon ventre se tord d'anxiété, c'est forcément lui. Mais pourquoi il me demande de venir ? Le silence du trajet est pesant, ni lui, ni moi, ne sait ce qu'il se passe.

Les jumeaux ne sont pas là, Reyes et Abe ont l'air grave, ça ne calme pas du tout mon angoisse qui gagne du terrain. Ils s'échangent des messes basses ou alors je suis tellement à cran que je n'entends pas. Linus apparaît à l'une des portes grandes ouvertes du garage, le visage tiré.

- Il s'est calmé. Putain, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il vrille pas aussi violemment d'habitude.

Ma gorge se serre, je le savais que c'était lui. Je l'ai senti. Je devrais leur dire que c'est de ma faute, mais j'en suis incapable. Niveau lâcheté, je frise le cinq étoiles. Alors là, bravo. Il s'approche de moi de son pas tranquille, qui l'est beaucoup moins, ce soir.

- J'ai misé sur toi, je te préviens, c'est moche.

Il l'a dit si doucement pour que je sois la seule à entendre, un frisson de peur me traverse l'échine, éclatant dans mon estomac. Je vais vomir si ça se calme pas.

- Il refuse le dialogue, il balance des trucs dès qu'on se pointe. Il a pété un câble.
- Et tu vas lui envoyer, Yuna ? Mais t'as cramé un fusible ou quoi !
- Il lui fera rien, je le bute s'il la touche.

Impossible de savoir qui a dit quoi parce que mes jambes me portent toutes seules jusqu'à lui, je les entends se crier dessus sans comprendre un traître mot de ce qu'ils se disent. À aucun moment elles m'ont demandé mon avis. Je suis tellement inquiète de son état que mon corps s'est mis en mode automatique. Avance et va le voir, McKinley. Il ne va pas te bouffer.