Chapitre 3

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Yuna

- Hey oh ! Tout va bien sur ta planète ?

Je sursaute, complètement déconnectée du monde. Alfred est d'une patience remarquable. je ne suis absolument pas réceptive. Et je ne peux pas évoquer Elijah devant lui, il ne le porte pas dans son cœur. Et pour une fois, il n'a rien fait.

- Je suis désolée, le sommeil n'est pas mon meilleur copain en ce moment.

Et encore moins qu'il a dormi dans mon lit. Ah ça non. Je vais le garder pour moi. Pactiser avec le Diable n'est pas forcément quelque chose à dire à quelqu'un. Surtout quand ce quelqu'un est vraiment adorable et qu'il ne cherche pas à me brusquer.

- Tu veux en parler ?

- Rien d'intéressant. Un ex qui ne comprend pas pourquoi c'est un ex et j'ai une mauvaise note.

Il hoche la tête pour me dire qu'il comprend sans pour autant juger quoique ce soit. Ce gentil garçon est beaucoup trop bien. Tout l'inverse de ce que je côtoie en ce moment. Il est temps de reprendre le contrôle de mon existence.

- C'était quoi ta note ? C'est pas si terrible, si ?

Je réfléchis à sa question pour ne pas être désagréable.

- Je vais à l'école de médecine l'année prochaine. J'ai travaillé beaucoup trop dur pour me faire recaler pour une note. Une note que je n'ai jamais eu par le passé. Alors oui, pour moi, c'est terrible.

Ah bah voilà, mon dérapage vient de là. Drew et ma note. J'aurai pu le lui dire au squatteur de lit mais lui, il aurait bien rigolé. Comme à chaque fois. Parce que c'est un con fini. Et qu'il va falloir que je prenne mes distances avant de courir à la catastrophe et avoir une sale note de nouveau. Ce n'est absolument pas envisageable.

- Tu sais, je comprends. L'excellence est un prix a payer quand on sait ce qu'on veut.

Il me sourit tranquillement et sirote son thé. Oui, il boit du thé. Personne n'est parfait.

- Exactement.

- J'ai cru pendant un instant que la famille Taylor t'avais fait quelque chose. Je ne suis pas sûr que je l'aurai toléré. Tu mérites mieux que ce raté.

- Je suis une grande fille, je sais me défendre. T'en fais pas.

Il ne m'a jamais dit ce qu'il s'est passé entre eux, peut-être que je lui demanderai un jour. Juste pour satisfaire ma curiosité maladive. Il jette un coup d'œil à sa montre et me sourit.

- Je dois y aller. C'était un plaisir, comme toujours.

Il se lève de son siège et pose sa main sur mon épaule, il ne m'inspire aucun désir, ni peur, ni rien. Quand je dis que mon radar est cassé !

- Et si tu as besoin de quoique ce soit tu peux m'appeler. N'importe quand. N'hésites pas.

- C'est noté.

Je ne pourrais jamais avoué à voix haute que j'ai eu un B. Je n'ai jamais eu cette note de ma vie. Jamais. J'ai toujours eu que des A, je ne connais que cette lettre.

"Mon sweat ressemble à un mouchoir dégueu. Je te le laisse, j'en veux plus."

Quand on parle du loup, ou qu'on y pense en tout cas, il débarque avec ses gros sabots.

"Ta délicatesse te perdras. La machine à laver , tu sais ce que c'est ? "

"C'est chiant, trop de boutons. Tu préfères pas quand je suis dur ?"

Je me sens rougir avec une telle violence que je suis soulagée qu'Alfred soit parti. Qu'est ce que j'aurai pu lui dire pour expliquer mon état ? D'ailleurs, il faut vraiment que je me reprenne à son sujet. Il a été sympa hier, mais il va me le faire payer. J'en mettrai ma main à couper.

À la lisière de MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant