Chapitre 9

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Yuna

Deux nuits sans cauchemars. Je ne crie pas victoire trop vite, ils vont m'entendre. Ils sont cachés, je le sais. Mais je ne leurs laissent pas prendre de la place. Ça suffit. Lors de ma séance avec Onyx, mon psy, oui c'est son prénom et ça lui va à la perfection. Bref, je disais, suite à ma séance avec mon psy, je me suis réveillée. Alors je ne dormais pas pour de vrai, hein, mais mon moi intérieur, oui.
On est mi-avril, il me reste quelques semaines et adios le lycée. J'ai perdu un temps précieux. Et j'en ai marre d'avoir peur. Parce que quand j'ai peur, je suis tétanisée. Elle prend le pas sur mes réflexes et court-circuite mon cerveau. Elle est bien gentille, mais j'aurai pu ne pas finir à l'hôpital si j'avais pu réagir. Maintenant qu'elle m'a démontrée que je suis une grosse chochotte, je vais lui prouver que je suis loin d'en être une.

J'ai rangé mes joggings extra large ainsi que mes sweats. Place aux jeans, jupes, shorts et j'en passe. Pourquoi ce revirement de situation ? C'est très simple. La colère. Elle ne me laisse pas tomber quand j'en ai besoin. Elle réagit, elle. Et elle me donne une patate incroyable. Je ne vais pas jouer les kamikazes non plus, mais je peux jurer que plus jamais je ne me laisserai choir dans un lit branché à des machines. Fé me regarde de la tête aux pieds en souriant. Je ne sais pas si ses problèmes avec son père ont été résolus, je n'ai pas vraiment eu le temps d'y penser.

- De retour pour vous jouer un mauvais tour. Yuna, Fé, la Team Rocket plus rapide que la lumière ! *

Je ris, un vrai rire pas les faux tous moches que j'ai distribué pendant trente jours. Mes cordes vocales se rebellent mais franchement, je m'en tape. Je suis vivante, en un seul morceau, et c'est ce qui compte.

- Rendez-vous ou ce sera la guerre ! *

Je me jette dans ses bras, son parfum me chatouille les narines, le Bleu de Chanel. Il sent trop bon, et il adore ça.
Rien de sexuel entre lui et moi, on aurait l'impression de coucher avec un membre de notre famille. Et je ne suis pas Cersei Lannister et il n'est pas Jamie**. Il est mon meilleur ami et j'en ai besoin. Et si les gens pensent le contraire, grand bien leur fasse. Je leur envoie même des bisous volés, tiens.

Tout le monde pense que j'ai eu un accident de voiture, ça m'évite mes regards plein de compassion et de pitié. Je ne suis pas une victime, je suis une survivante. La différence entre les deux est flagrante. Il est hors de question que je me laisse me morfondre sur ça. Je préfère combattre, la tête haute, avec des éclats de rire et l'esprit léger. Je ne fuis pas, si je l'avais fait, je n'aurais pas une genouillère qui soigne mon entorse, ni des restes d'hématomes sur le corps et encore une voix qui ne sera peut-être plus jamais là même. Alors, non je ne fuis pas. Je m'assume. Je décide dès maintenant d'arrêter de me forcer et de lutter contre moi-même.

Les beaux yeux bleus de Jeff  nous accueillent avec la pointe de malice qui les caractérisent. Évidemment qu'il me fait les yeux doux, je le sais. Mais je n'en joue pas. Pas avec lui en tout cas. Je crois que mon sourire est contagieux parce qu'il remonte sur son visage. Se libérer de ses peurs, c'est quelque chose de salvateur.

- Y a un truc de changé chez toi, princesse.

Ah, lui aussi il s'y met. Linus m'appelle comme ça depuis le début. Tout le monde a pris le pli apparemment. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m'a répondu avec son flegme bien à lui que je méritais au moins un prince. Sur le coup, j'ai trouvé ça d'une nullité absolue. Et je déteste les surnoms débiles. Mais celui-là, je l'aime bien et il ne m'offense pas.

- Elle est folle de moi. Elle vient de le comprendre. Lâche Félix d'un ton si blasé que sa crédibilité est mise à mal.

- C'est ça. Quelle vie !

À la lisière de MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant