Chapitre 19

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Yuna

Mon casque toujours en place, j'écoute le calme des guitares électriques, la caresse de la batterie, et les battements rythmées des basses. Le métal est excellent pour retrouver son apaisement personnel. Et cerise sur le gâteau, la nicotine opère. Il manque plus qu'un café et je serai totalement sereine. Tu parles, tu vas exploser, ma vieille ! Salutations, honorable conscience. Merci de me rappeler comme je suis en colère, c'est sympa.

Je repasse l'entretien chez mon avocate, et tout le reste. Drew est vraiment charmant et adorable avec tout le monde. Pas de bol, je sais que ce n'est qu'une façade. Et il suffit de savoir où appuyer pour qu'il montre son vrai visage. J'ai ma petite idée, maintenant, il faut que j'arrive à la mettre en pratique.

Adossée contre le mur du bâtiment de la salle, je planifie ce qui va être ma vengeance personnelle. Quand on est trop gentille, trop calme, les gens vous sous estime Une erreur qui va m'être bien utile. Hâte de voir la tête de ses parents quand ils vont se rendre compte que leur cher fils est un gros malade. Je devrais me sentir désolée pour eux, je ne le suis pas. À force de le couvrir, ils en ont fait un psychopathe. Leur fils unique est une saloperie de la pire espèce, et j'ai limite envie de leur baiser les mains pour l'opportunité qu'ils m'offre sans le savoir.

McKinley, t'es vraiment un tank sur pattes. Rentre lui dans le lard à cette raclure de fond de bidet. Il est pas prêt pour ce qui lui arrive. Et pour ce que ça vaut, je suis avec toi pour toujours. ❤️

May, mon âme, la seule, l'unique, mon soutien de toujours, fidèle au poste.

Ça vaut tout l'or du monde, ma Peste dévouée ❤️

Je lui ai fait un bref résumé de ce qui s'est passé et de mon plan en travaux. Parce qu'avant de le mettre à exécution, il faut convaincre papa. Si je suis bornée, lui, c'est la ténacité incarnée. Un plaisir. Si moi je ne peux pas y arriver, maman pourrait mais il est tellement en colère que ça marcherait sans doute pas. Est-ce que je suis en train de planifier l'arrêt de mort de mon ex sans ciller ? Oui. Est-ce que ça me fait quelque chose ? Non. La vache, à penser comme ça, on va me prendre pour Ted Bundy* version féminine.

Je soupire de frustration, ras le bol. C'est trop. McKinley, tu sais pertinemment qui pourrait le faire. Une vraie chochotte. Toi, tu la ferme, conscience de malheur. Je ne peux pas lui demander ça, ce n'est pas envisageable. Vu ce qu'il a géré, pas vraiment envie de lui demander de l'aide. C'est déjà assez bizarre entre nous, je vais quand même pas en rajouter. Il n'est pas mon copain, ni même un ami, je ne sais même pas ce qu'il est. Mon colocataire de lit ? Si ça existait, certainement. Ou mon compagnon d'oreillers ? Un pote de chambre ? Un plan cul ? Je suis vraiment en train de me battre avec mon cerveau sur ce sujet. Formidable. De toute façon, ma clope est finie et j'ai encore envie de taper sur quelque chose.

La salle est beaucoup plus respirable depuis que le stage est terminé, c'est pas qu'ils étaient envahissants, mais un peu quand même. C'est plus calme et plus accessible. J'attrape ma bouteille pour étancher ma soif, et surtout pour hydrater ma gorge. Elle se remettra pas totalement de ce qu'elle a enduré. Ma voix est plus grave qu'avant, je préfère ça à ne plus pouvoir prononcer un mot du tout. Je remets ma genouillère à sa place, et mes gants.

Le sac de frappe encaisse sans broncher, il est fait pour ça, moi il me fait penser à Boo* dans Dragon Ball**. Sauf qu'en une pichenette, il m'aurait fait faire le tour du monde sans que mes pieds touchent le sol. Mon casque glisse sur ma nuque, j'aurai dû prendre mes écouteurs.

- Toi, tu viens avec moi.
- Euh, non merci.

J'aurai dû me douter qu'il serait là, mais je ne suis pas d'humeur à supporter une autre crise de nerfs.

À la lisière de MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant