Chapitre 28

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Yuna

Ma tête me joue des tours, mon cerveau me tend des guet-apens. Ça serait tellement facile de retourner vers lui, et de refuser sa décision. Comme il l'a fait avec moi. Tellement simple de repartir dans ce cercle de luxure. Tourner en rond, et se faire mal, encore. Tout se courbe dans la douleur, comme un corps recouvert de sueur. La sienne, sa sueur, son odeur mais pas mon corps. Ça me fait rien du tout, c'est ce que j'aurais dit si j'étais une hypocrite.

Mon imagination est beaucoup trop fertile, ça m'obsède à un point, que ça devrait être illégal. Est-ce qu'elles sont meilleures que moi quand elles se penchent ? Ou c'est peut-être leurs langues qui doivent être fabuleuses ? J'ai beau me dire que c'est terminé et que j'ai pas besoin d'un remplaçant, le fait d'y penser non-stop au point que mes nuits en sont impactées, je vais peut-être revoir ma copie en fait.

Je me sens heurtée à l'intérieur, une part de moi implose. Ce n'est pas douloureux en soit, c'est infime. Une souffrance en douceur qui se fait plus impitoyable quand je le croise. Je vais devenir l'amie de la peine. Je crois qu'on accroche bien, et elle a une copine tout aussi sympathique, la mélancolie. Ce n'est pas vraiment brutal, mais l'impression qu'on retire un pansement lentement, très lentement, pour que ma peau le sente passé. Un volontaire pour tirer d'un coup dessus pour abréger mes souffrance ? Non ? Formidable.

S'imaginer ce qu'il peut faire et avec qui, c'est le pire. Parce que ça ne s'arrête jamais. Même ranger et étiqueter les livres ne calme pas ma crise aiguë d'affabulation. Je n'arrive pas à penser à autre chose.

Trouve toi un mec, McKinley ! Quand on tombe d'un cheval, faut remonter en selle.

May ne m'aide absolument pas, même si l'envie me prenait, je ne sais même pas si j'arriverai à sauter l'obstacle. Dee ne décolère pas, si bien qu'elle passe son temps à pourrir celui de son cher cousin. Grand bien lui fasse, ça m'évite de me cogner contre mon cœur affûté. C'est que ça pique un peu de voir les Taylor, alors je m'octroye le droit de les éviter. Je ne veux pas qu'on me parle de lui, je ne veux pas savoir ce qu'il fait, et encore moins avec qui. Ça, c'est mon côté raisonnable. Ma curiosité mal placée veut le savoir, quitte à me mettre KO.

- Il y a encore cette pile à ranger, et toi tu reste bloqué sur celle-ci. T'es sûre que ça va ?

La voix insupportable de Candace me sort de ma transe. Ce n'est pas possible qu'elle bosse avec moi, je vais la subir un mois entier. Je suis pas sûre de tenir.

- Je m'en occupe.
- Tu te sens bien ?
- Très.
- Si t'as besoin de parler, je suis là, tu sais.

Je ne réponds pas. Sur toute cette foutue planète, elle est la dernière personne à qui j'irai me confier. Surtout quand le sujet en question fait cent quatre vingt cinq centimètres, et qu'il respire la testostérone à plein nez. Non, pas une super idée. Je ne suis pas assez noyée pour lui faire confiance, c'est une menteuse sacrément perfide. Alors, non merci.

Est-ce qu'elle sait qu'il m'a jeté ? Tant mieux pour elle, elle pourra tenter sa chance. Mon estomac n'est pas super enthousiaste à cette idée, mais je suis convaincue qu'elle pourra tout tenter, il ne bougera pas. Pas avec elle. Mais avec les autres... Et c'est reparti pour une vague de torture mentale. Quand est-ce que ça s'arrête au juste ?

Tout est partie en vrille quand il a imposé sa volonté. Tant que rien n'était régit, tout allait bien. Mais il a fallu qu'il veuille contrôler ça. Ego à la con. Il ne pouvait pas juste profiter de l'instant, cet abruti congénitale ? Bien sûr que non. Pourquoi faire simple quand on peut compliquer les choses ? C'était si simple, si facile, si bien. Pas parfait, mais juste ce qu'il fallait. Je lâche un soupir lasse en posant l'étiqueteuse.

À la lisière de MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant