Chapitre 20

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Elijah

Mon crâne va exploser et j'aurai limite préféré que ça vienne d'une bonne grosse biture. Mon ventre entier est noyé dans du napalm. Ça fait mal putain. Mon corps est un rythme cardiaque à lui tout seul. J'aime pas ça du tout.

- Je m'y prends mal, mais je te jure que c'est vrai.

Elle reste là, complètement stoïque. Je viens de lui balancer le pire truc du monde, tu m'étonnes qu'elle y croit pas. Si c'était pas moi qui l'avait pas sorti, j'y aurais pas cru non plus.

- Je peux pas gérer ça maintenant, Elijah. Je ne peux pas. Je vais pas y arriver.

Elle se laisse tomber sur les graviers, je viens de la sidérée sur place. Est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise chose. Assise sur ses genoux découverts, ses yeux sont comme une boussole ils tournent à toute vitesse, sans me regarder.

- C'est si moche que ça ?

Ça me fout les boules, l'impression d'avoir bouffer des briques est insupportable. Les montagnes russes. On monte toujours plus haut pour mieux se casser la gueule. Parce que je peux pas la laisser tranquille, non, j'ai pas envie de le faire. Si moi je l'abîme, elle, elle me fout en l'air. Et j'en redemande. Bordel de merde, je la hais tellement que j'en suis accro. Fais chier.

- Tu ne peux pas me dire ça, c'est pas possible. Dis moi que c'est pas vrai. Que tu le pense pas. Tout ce que tu veux mais pas ça.

Et moi qui pensait que je flipperai le plus, elle me bat haut la main. Je m'en fous qu'elle ressente pas la même chose, mais de là en crever de trouille, ça me perturbe.

- Je suis désolé pour toi, mais j'en pense chaque mot. Ça te fait peur ? Je m'en fous, putain. Je vais pas te le répéter, ça me fait trop flipper. J'avais pas prévu que ça arriverai.

Ses épaules sont secoués par des sanglots, ses mains recouvrent son visage. Ça me détruit. C'est insupportable. De toutes les réactions que j'avais imaginé dans mon putain de cerveau, aucune ne ressemble à ça. Soit on allait s'engueuler, soit elle serait partie. Je l'ai détruite. Et je ne peux pas supporter ça. C'est trop, putain de sa race ! Je vais crever d'un infarctus, d'une rupture d'anévrisme et d'un ulcère en même temps. Bordel, je peux pas.

- Arrête, par pitié, arrête !
- Je voulais que du cul avec toi, sans sentiment, sans attaches. Et toi, t'as pris mon cerveau, t'en as fait des confettis. C'était pas prévu, putain !

Autant de truc qui sorte de ma bouche, et c'est de sa faute. Tout est de sa faute. Ça me fout la rage. Je peux pas être amoureux d'elle. Non, je ne veux pas être amoureux d'elle. Je me suis jamais senti aussi mal de toute ma putain de vie. Et bordel, faut que ça se calme à l'intérieur. Une main invisible me tord le bide et le cœur.
Et son silence, son silence de merde qui pèse sur moi. J'entends même plus les voitures tellement il m'écrase.

- Je ne peux pas faire ça maintenant. Laisse moi du temps. Pour réfléchir. Parce que j'y arrive pas tout de suite.

Sa robe orange danse sur elle quand elle se relève, se remettant à sa place comme si le tissu se foutait de ma gueule. Tout lui va sur son corps de pécheresse. Je vais vraiment finir dans une cellule capitonnée. Je ferme les yeux parce que de la regarder, c'est le truc le plus douloureux sur cette putain de planète avec son regard comme aucun autre. Je peux pas.

- J'ai vraiment besoin de faire le point. Tu peux m'en vouloir, m'insulter, n'importe quoi. Mais, j'en ai besoin.

Ses lèvres contre ma joue, je résiste comme un damné pour pas la toucher. C'est tellement léger que je voudrais qu'on m'enfonce une aiguille dans le crâne. Elle veut du temps, je l'ai pas demandé en mariage non plus. C'est des conneries. J'ai besoin d'elle et ça me casse les couilles de l'admettre. Je passe une main sur mon visage et dépose bisou sur son front. Avant de monter dans ma caisse et de démarrer sans elle.

À la lisière de MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant