Chapitre 27

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Elijah

J'aurais pu le tuer, j'aurais pu l'enterrer sans que personne ne le sache. J'aurais pu lui faire tellement de truc, qu'il en reste rien. Même pas une dent ni, ni un ongle. Fé conduit, parce que je serai capable de faire demi-tour et de le terminer, putain.

Il a détaillé tout ce qui lui a fait et ce qu'il comptait lui faire. Bordel. Il est dehors parce qu'il a lâché un billet pour rester qu'il puisse sortir. Fils de pute. Il voulait lui faire des trucs sales. Sans lui demander son avis. Le mec est obsédé par la seule chose qui est à moi. Il voulait la prendre de force, dans tous les termes. Séquestration, tortures, viols. Et putain, je l'ai laissé vivre. Cette merde, il respire encore parce que si je l'avais crever comme le gros porc qu'il est, elle aurait rien eu. Pouf, envolé son accord de merde.

- On aurait dû le finir, ce sac à merde.

Fé, concentré sur la route, ne desserre pas sa mâchoire. Il en a trop entendu, et son imagination doit faire passer les images. Un film d'horreur dégueulasse.

- Putain, il est vraiment cinglé ! Merde !

Il tape rageusement sur le volant, les mains aussi abîmées que les miennes. Il a pris la branlée de sa vie, chacun notre tour, on l'a démonté dans un local un poubelle, la symbolique est belle. Et comme je suis quelqu'un de très conciliant, on lui a fait bouffer assez de benzodiazépines pour qu'il ne se rappelle pas de nos gueules, ni de comment il s'est fait littéralement détruire. Et cerise sur le gâteau, il vivra avec la peur que ça recommence, un effet secondaire plutôt sympa. Il boitera à vie, et il a peut être même perdu un œil. C'est un beau cadeau.

Il va comprendre ce qu'il a fait à Yuna, sans se rappeler de quoi que ce soit. Ni des aveux qu'on a enregistrés et envoyés de façon anonyme et intraçable aux flics et aux avocats. Ça non plus, il va pas s'en rappeler. Tellement dommage, parce qu'il sortira plus jamais d'un hôpital psychiatrique de peur que ça recommence.

- Tu vas lui dire ?
- Quoi ?
- Yuna, tu vas lui dire ?
- Non.

Un coup de volant et il se gare comme une merde sur un trottoir. C'est pas ma caisse, m'en fous, il serait mort si c'était la mienne. Contact coupé, la portière qui claque, un soupir las et je sors aussi. Je m'allume une clope et j'attends qu'il m'en foute plein la gueule. Parce qu'il va le faire.

- Mais qu'est-ce que tu fous, putain !

Et voilà, qu'est-ce que je disais. Comme si la nuit n'était pas assez à chier. Quand il s'énerve, et c'est rare, il parle beaucoup plus vite, sa respiration se transforme en ventilateur surpuissant, et ses yeux deviennent marron au lieu du noisette habituel.

- Rien, je fais rien. Je la laisse tranquille, c'est ce qu'elle voulait.
- T'es vraiment une tête de gland, c'est pas possible ! C'était avant tout ça qu'il fallait lui foutre la paix, connard !
- Je sais.

Son pied va caresser le cul d'une boîte aux lettres, j'ai mal pour elle, la pauvre. Elle l'a senti passer et sans préliminaires. Tragique. Mais, ça le calme pas pour autant parce que je réagis pas comme il veut. Je peux pas éclater le monde entier non plus, je ne suis qu'un homme.

- Évidemment que tu le sais, putain ! T'as tout fait pour l'avoir, et une fois que c'est fait, tu flippe comme un gamin. Même Caleb a plus de couilles que toi, bordel de merde !

Ses mains tirent sur ses boucles en bordel, ça va pas l'arranger s'il devient chauve.

- Je flippe pas, et je t'emmerde ! T'as fais mieux, peut-être ? J'étais pas tout seul à lui raconter de la merde, t'étais là aussi.
- Je suis pas amoureux d'elle, moi ! Toi, si ! Et t'as rarement était aussi à chier que maintenant !

À la lisière de MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant